Mystique

Ouroboros. La Tradition Secrète – 13 Les Néoplatoniciens

Dans les enseignements secrets des écoles du Mystère, la vie et la mort du dieu Soleil marquent le milieu de l’histoire de l’humanité, le moment précis où l’image de l’homme commença à refléter son inverse, dans le grand « miroir » de la Création.

De la Première Émanation Divine jusqu’à la venue du Christ, l’humanité était passée progressivement du monde des esprits à celui de la matière, mais à partir de la mort du Christ, la matière entama son très lent retour vers le monde des esprits.

Après une longue période d’aridité spirituelle, le dieu Soleil pouvait à nouveau sur manifester sur la Terre, l’homme recommençait à faire l’expérience directe du monde des esprits en découvrant qu’il avait une « vie intérieure » et qu’il appartenait à quelque chose bien plus grand que lui.


Comme jadis, dans les écoles du Mystères, le Christianisme originel avait aussi ses propres rituels.

L’Évangile de saint Philippe en mentionne cinq, le dernier et le plus important des cinq étant le rituel de la chambre nuptiale…

Le texte quelque peu fragmentaire des Actes de Jean nous offre, à ce titre, un bon aperçu des pratiques de groupe qu’organisait Jésus-Christ.

L’auteur y décrit une danse circulaire : les disciples commençaient par se tenir la main et former un cercle, puis ils tourbillonnaient autour de Jésus-Christ.


Dans la liturgie qui accompagnait cette danse, Jésus-Christ était l’initiateur, et son interlocuteur, le candidat à l’initiation.

Candidat : « Je n’ai pas de maison » ; Christ : « et j’ai des maisons. »

Candidat : « Je n’ai pas de temple » ; Christ : « et j’ai des temples. »

Candidat : « Je veux être sauvé » ; Christ : « et je veux sauver. »

Candidat : « Je veux être délivré » ; Christ : « et je veux délivrer. »

Candidat : « Je veux manger » ; Christ : « et je veux être mangé. »

Candidat : « Je veux blesser » ; Christ : « et je veux être blessé. »

Christ : « Tel qu’on me voit maintenant, je ne suis pas. »

« Ce que je suis, tu le verras quand tu viendras. »

« Si tu connaissais la souffrance, tu posséderais l’absence de souffrance. »

« Connais la souffrance et tu posséderas l’absence de souffrance. »

Un des premiers Pères de l’Église, Clément d’Alexandrie (150 à 200 après J.-C.) et son élève Origène croyaient à la réincarnation.

Ils enseignaient aux élèves les plus avancés, la « Disciplina Arcani », ou la discipline de l’arcane, des pratiques religieuses qu’on considérerait aujourd’hui comme de la magie.

Au IIe siècle après J.-C, le néoplatonisme (les idées de Platon) fut développé pour devenir une philosophie de vie et une religion avec ses propres pratiques spirituelles.

Cinq siècles plus tôt Platon avait déjà totalement converti en concepts la vision du monde selon laquelle l’esprit précédait la matière.

Les néoplatoniciens ne prétendaient pas inventer de nouvelles idées mais pensaient plutôt formuler des commentaires afin d’éclaircir le sens des originaux de Platon. Ils s’employaient à décrire l’expérience spirituelle authentique…

Ainsi, Plutarque (46 à 125 après J.-C.) qui était très influencé par le néoplatonisme, décrivit très précisément ce à quoi ressemblaient les différents esprits qui entreprenaient leur voyage après la mort :

Les âmes des morts sont enveloppées d’une sorte de flamme, mais certaines jettent un éclat pur et uni, comme la pleine lune dans sa plus grande clarté ; alors que les autres sont parsemées d’écailles ou de légères cicatrices. Ces dernières sont marquées de taches noires, comme des serpents, ce qui leur donne une figure extraordinaire ; d’autres enfin ont des incisions assez profondes.

Plotin (205 à 270 après J.-C.), le plus grand néoplatonicien de l’école d’Alexandrie et que l’on considère aujourd’hui comme le fondateur de la pensée néoplatonicienne, était un mystique pratiquant.

Son élève, Porphyre, rapporta à plusieurs reprises, avoir vu son maître dans des états d’extase, fusionnant avec « l’Un », la théorie de l’émanation de toutes choses, le principe suprême et transcendant enseigné par le néoplatonisme.

Plotin élabora une « métaphysique des émanations »extrêmement complexe et les néoplatoniciens des générations suivantes, comme Jamblique (242 à 325), mirent l’accent sur l’importance des pratiques théurgiques, ou magiques et pieuses.

Par son approche systématique, le néoplatonisme influença alors d’autres traditions, comme la Kabbale et l’hermétisme…

Dans l’histoire secrète, les écrits hermétiques et kabbalistiques qui commencèrent à apparaître à cette époque étaient les premières formes écrites et systématisées d’anciennes traditions largement orales.

Mais en fait, ces travaux avaient déjà commencé avec l’érudit juif Philon d’Alexandrie (12 av J.-C. à 54 après J.-C.) qui établit une structure partagée par toutes les religions.

« Hermetica », l’œuvre de l’Ancien Sage égyptien Hermès Trismégiste, était à l’origine un texte écrit en grec qui comportait quarante-deux volumes.

Les enseignements d’Hermetica étaient tolérants envers les autres traditions, car toutes s’adressaient aux mêmes dieux planétaires et ouvraient le chemin vers le même monde des esprits.

A cette époque il devenait ainsi possible de faire un parallèle entre les émanations comptées par Plotin, les dieux d’Hermetica et les sphères célestes décrites dans la Pistis Sophia.

Dans la Kabbale, ces mêmes émanations de l’Esprit cosmique (les sefirot) forment une sorte d’arbre (l’arbre séfirotique) à mesure qu’elles descendent jusqu’à nous…

Saint Paul faisait allusion à différents ordres d’anges, non seulement anges et archanges, mais aussi séraphins, chérubins, trônes, dominations, vertus, puissances et principautés.

Il parlait d’un système que ses disciples devaient facilement comprendre et qui fut exposé de manière explicite par son élève, Denys l’Aréopagite.

Les neuf ordres qu’il décrivit peuvent être assimilés aux neuf branches de l’arbre séfirotique, ainsi qu’aux différents ordres de dieux et d’esprits des anciennes religions polythéistes d’inspiration astronomique.

Les neuf hiérarchies d’anges étaient parfois partagées en trois parties et, quand saint Paul disait qu’il avait été au « Troisième Ciel », il signifiait en réalité qu’il avait été initié à un niveau tel qu’il avait côtoyé personnellement les esprits les plus élevés, tels que les séraphins, les chérubins et les trônes.

On peut ainsi établir un parallèle entre les Puissances de saint Paul et les dieux du système solaire des Grecs et des Romains, les Puissances de lumière étant les esprits du Soleil, et les Puissances de l’ombre, les dieux de la Lune et les planètes.

De son coté, le système philosophique idéaliste a toujours conçu la création comme une série d’émanations descendant de l’Esprit cosmique.

Par l’ésotérisme, il permet d’identifier ces émanations avec les esprits des étoiles et des planètes d’un côté, et avec la physiologie occulte, de l’autre.

C’est ce qui oblige dans l’ésotérisme à passer par l’étude de l’astrologie, de l’alchimie, de la magie et des techniques pratiques afin de comprendre et d’atteindre des états alternatifs.

Cependant, il faut bien comprendre que le Christianisme originel se construisait aussi sur des expériences initiatiques de ce type.

Ainsi, le plus grand Père de l’Église, saint Augustin (354 à 430 après J.-C.), était un adepte d’une école du Mystère persane, qui fonda le Manichéisme.

Le grand accomplissement intellectuel de saint Augustin fut de faire un compte rendu complet de la doctrine de l’Église en termes platoniciens.

Ce qui est souvent passé sous silence dans l’Église conventionnelle, c’est que « ses Confessions » sont basées sur l’expérience directe et personnelle de l’initié.

Saint Augustin a lui-même vu, avec « l’œil mystérieux de l’âme », une lumière plus brillante que celle de l’intellect.

A cette époque, le grand évangélisateur de l’Irlande, Saint Patrick (385 à 461) répandait l’idée de la sacralité de la vie humaine, idée que Jésus-Christ avait introduite dans le courant de l’histoire du monde.

En réalité, il était un magicien dans la tradition de Zarathoustra et de Merlin, un personnage terrifiant qui chassait les serpents d’Irlande grâce à sa baguette magique, délogeait les démons et réveillait les morts.

C’est grâce à son charisme que le christianisme fut rapidement accepté par les Celtes.

Saint Patrick superposa à la prophétie cosmique celte du retour du dieu Soleil l’histoire de la vie et de l’0euvre de Jésus-Christ.

Le christianisme celtique mêla alors joyeusement des éléments chrétiens et païens…

Dans l’art celtique, les motifs entrelacés représentaient également les vagues de lumière entremêlées qui, dans toutes les traditions, caractérisent le premier stade de l’expérience mystique.

Mais les Celtes, farouchement indépendants, continuèrent à mettre l’accent sur la nécessité personnelle de faire l’expérience directe du monde des esprits et se mirent à développer des traditions ésotériques, indépendamment de Rome.

Certaines de leurs croyances et pratiques de furent alors vite considérées comme hérétiques par l’Église romaine et engendrèrent une haine meurtrière.

Le Christianisme ne voulait pas interdire ces croyances parce qu’elles étaient fausses, mais au contraire parce qu’elles étaient vraies et allaient à l’encontre des intérêts et de l’influence de l’Église de Rome.

Le christianisme apprit alors à ses dépends que le pire ennemi n’est parfois plus l’envahisseur étranger, celui qui vient de loin, les joues creusées de larmes de sang, mais un frère ou une sœur que l’on côtoie chaque jour dans la même congrégation.

L’histoire de la fondation de l’Église romaine et de la diffusion de sa doctrine, grâce à l’Empire romain agonisant, a été racontée aussi bien par l’Église que par ses ennemis.

L’empereur Constantin (272 à 337) affirma qu’une nuit, avant qu’il ne parte mener bataille contre des rebelles, il fit un rêve dans lequel Jésus-Christ lui apparut et lui dit de mettre la croix sur sa bannière, avec l’inscription « Par ce signe, tu vaincras ».

Constantin obéit et les rebelles furent dûment défaits. Il déclara alors le christianisme religion officielle de l’Empire et offrit le palais du Latran aux évêques de Rome.

Les bénéfices politiques d’une telle décision furent indéniables et, comme la nouvelle forme de conscience, née à Jérusalem, se répandait rapidement à travers l’Empire, Constantin en tira parti et offrit la liberté aux esclaves qui se convertissaient et vingt pièces d’or aux hommes ou femmes libres qui faisaient de même.

A l’époque de Constantin, les romains vouaient un culte croissant à la cruauté et le pouvoir d’un être humain sur un autre était exalté et porté à l’extrême.

Aussi il est facile d’imaginer que sa conversion au christianisme, prônant l’exhortation à l’humilité et à la soumission, bousculait sérieusement les habitudes…

Les chrétiens représentaient une toute nouvelle forme de conscience : ils étaient capables de vivre dans leur esprit, illuminés par l’enthousiasme et la certitude intime de leur expérience spirituelle.

De toute évidence, les chrétiens connaissaient de nouvelles joies, une nouvelle manière d’être au monde.

Constantin avait espéré que la rigueur de la nouvelle religion aiderait à ralentir la chute de l’Empire romain, mais une prophétie des Oracles sibyllins l’inquiétait, car elle disait que Rome serait à nouveau le repaire des loups et des renards.

Il s’employa à contrecarrer cette prophétie en transférant l’esprit de Rome dans un autre lieu, où il fonda une capitale alternative.

Pour cela, il excava alors le Palladium, la statue divine qui avait été apportée de Troie lors de la fondation de Rome, et l’enterra sur un nouveau site, qui deviendra Constantinople.

Le Palladium fut alors enfoui sous une colonne en porphyre, surmontée d’une statue du dieu Soleil, couronnée des clous de la vraie croix, formant une sorte de nimbe.

Ce qui est paradoxal, c’est que sous le règne de Constantin, l’Église commença à supprimer tous les enseignements initiatiques et à réduire ses enseignements ésotériques en dogme.

En 325, le concile de Nicée décida quels Évangiles, parmi les nombreux en circulation, étaient les vrais.

Des édits impériaux interdirent les pratiques païennes et, sur ordre des fils de Constantin, femmes et enfants furent nourris de force, leur bouche tenue ouverte grâce à un outil en bois, gavés du pain béni qu’on leur enfournait dans le gosier.

Quand l’empereur romain Julien (Flavius Claudius Julianus né en 331), le neveu de Constantin, prit le pouvoir en 361, il renversa ce courant d’intolérance religieuse.

Il avait été l’élève du philosophe néoplatonicien Jamblique et comprenait bien la mission de celui qu’il appelait le « Dieu aux sept rayons ».

Il déclara tous ses sujets égaux en droits, sans distinction de croyance religieuse, et permit aux temples païens de rouvrir.

Julien écrivit une polémique célèbre contre le christianisme borné et dogmatique qui avait vu le jour sous le règne de Constantin, ce qui explique pourquoi par la suite, les chrétiens l’appelèrent « l’Apostat », ce qui signifie qu’il avait abandonné la foi.

Il affirmait que le christianisme avait essayé de nier l’existence des dieux qu’il avait rencontrés lors de son initiation au Mystères de Mithra et d’Eleusis.

Julien mena une campagne militaire en Perse. Tout comme les Grecs avaient assiégé Troie pour en contrôler la connaissance initiatique, Julien voulait comprendre la connaissance secrète des écoles du Mystère manichéennes, basées en Perse.

Il en savait assez pour estimer que la mission du dieu Soleil était menacée et que les mystères manichéens concernaient la bataille entre le dieu Soleil et Ahrima (ou Satan), l’esprit du matérialisme.

A son décès, en 363 lors de la bataille de Ctésiphon, une ère saturnienne commença : la vraie spiritualité initiatique allait être ensevelie…

Après lui, L’empereur Théodose (347 à 395) mena une politique impitoyable qui réprima tout désaccord avec la position impériale concernant la doctrine chrétienne. Il confisqua la propriété des hérétiques et s’appropria leurs temples.

Les statues d’Isis furent consacrées à Marie et le Panthéon de Rome, temple dédié à tous les dieux, d’une beauté cosmique sans pareille, fut transformé en temple monothéiste.

Théodose fit fermer les écoles du Mystère et, en 391, il assiégea le Sérapéum d’Alexandrie (la grande Bibliothèque) qui, abritant un grand temple surmonté d’un plafond aux motifs de nuages dédié au dieu Sérapis, était une des grandes merveilles de l’Antiquité.

À l’intérieur, une statue du dieu était suspendue au plafond par un aimant. Le temple abritait également des bibliothèques qui contenaient les plus grandes collections de livres au monde.

Heureusement, de nombreux ouvrages furent subtilisés avant que le temple ne fût brûlé et ses statues sacrées traînées dans les rues. Rome voulait supprimer les différences doctrinales…

La conviction chrétienne et la morale étaient utiles à Constantin et à Théodose : elles unifiaient l’Empire, le renforçant de l’intérieur, à un moment où l’Orient et ses hordes barbares se faisaient menaçants.

Parmi les grands dépositaires de l’héritage intellectuel des écoles du Mystère, se trouvait au Sérapéum la philosophe Hypatie (370 à 415), une grande figure du néoplatonisme (voir à ce sujet l’excellent film « Agora »).

Elle était instruite en philosophie, en mathématiques, en géométrie, en astronomie et célèbre pour ses inventions d’instruments scientifiques, dont un qui permettait de mesurer précisément la gravité des liquides.

Elle attirait une foule nombreuse lors de ses conférences où, versée dans la sagesse de Plotin et de Jamblique, elle expliquait que le christianisme s’était développé à partir des enseignements des écoles du Mystère.

Comme son père, elle soutenait qu’aucune tradition ou doctrine ne pouvait revendiquer l’exclusivité de la vérité.

Une après-midi de 414, au moment où Hypatie quittait la salle de conférences, un groupe de moines chrétiens vêtus de noir la firent descendre de son char, déchirèrent ses vêtements et la traînèrent nue dans les rues jusqu’à une église proche.

Ils la tirèrent jusqu’à l’autel et, dans la pénombre froide d’une atmosphère lourde d’encens, ils se ruèrent sur son corps nu, recouvert d’un drap noir.

Ils la mirent en pièces, arrachant ses membres et raclant la chair de ses os à l’aide de coquilles d’huîtres, avant de brûler ses restes…

Cette ignominie sans nom, commise par l’Église chrétienne, voulait effacer Hypatie de l’histoire, comme les prêtres d’Amon avaient essayé d’effacer Akhenaton…

Bien qu’il soit tentant de voir l’Église comme le méchant répresseur de la pensée libre et d’idéaliser les groupes néoplatoniciens ou gnostiques, il ne faut cependant pas oublier que depuis l’époque de saint Paul et de saint Augustin, certains chefs initiés de l’Église ont néanmoins cherché à guider l’humanité d’après le projet divin enseigné dans les écoles du Mystère.

Ils savaient qu’inéluctablement, l’idée de la réincarnation allait disparaître en Occident…

D’après le plan cosmique, cette partie du monde devait être le berceau du développement du sentiment de valeur de la vie humaine.

De l’autre côté, les néoplatoniciens, bien qu’ils aient continué le travail de Pythagore et de Platon, convertissant en concepts les expériences directes du monde des esprits, semblaient ne pas se rendre compte de la grande révolution qui avait eu lieu.

Il n’y avait dans leurs écrits aucune trace des évangiles ou de l’amour universel que Jésus-Christ avait introduit. Nombre d’entre eux nourrissaient même une haine farouche envers la nouvelle religion…

Non seulement certains d’entre eux ne croyaient pas que Jésus-Christ ait pu tomber si bas et habiter un corps physique, mais ils pensaient également qu’il avait vécu sur terre seulement sous la forme d’une sorte de fantôme.

Ce fut une des périodes les plus sombres du néoplatonisme, et nous ne vous cacherons rien de cette « noirceur ».

D’aussi loin que remontent nos souvenirs sur cette période, certains initiés pratiquaient d’étranges formes de mortification et de débauche extrêmes, comme moyens d’affliger leurs propres sens tant haïs, et de trouver un accès au monde des esprits.

Certains encourageaient des serpents à glisser sur leurs corps nus, d’autres buvaient du sang des menstrues en disant :

« Voici le sang du Christ »

et d’autres encore croyaient que leurs pratiques sexuelles magiques donneraient naissance à des créatures divines.

Certains allèrent même jusqu’à se castrer en s’écriant :

« Je suis plus mort que toi ! »

A cette époque l’effet domino engendré par le christianisme de l’Asie centrale jusqu’à Europe, se répercuta aussi en Chine, un Empire en pleine expansion.

Sous la pression des Goths, les Wisigoths et les Vandales envahirent des parties de l’Europe, allant même jusqu’à Rome avant de se retirer.

Puis, durant le second quart du Ve siècle, les tribus mongoles nomades s’unirent sous le commandement d’un grand chef, Attila le Hun.

Attila (395 à 453), le « fléau de Dieu » balaya les territoires précédemment envahis par les Goths et les Vandales pour former un empire qui s’étendait des plaines d’Asie centrale au nord de la Gaule.

Il pénétra au nord de l’Italie et pilla Constantinople.

Priscus, un historien grec, le dépeint comme vivant dans une simple maison de bois, construite en planches polies et entourée d’une clôture.

Des nattes en laine servaient de tapis et Attila, littéralement « petit père », recevait ses visiteurs, vêtu de simples vêtements en lin, dépourvu de bijoux en or ou de pierres précieuses.

Il buvait et mangeait modérément dans un bol et des plats en bois…

Contrairement à ce que laisse penser l’imagination populaire, Attila n’était pas un monstre féroce. Lorsqu’il conquit la ville chrétienne de Corinthe, il fut effaré d’y voir des prostituées à chaque coin de rue et leur laissa le choix entre épouser un de ses hommes ou l’exil.

Cependant, il est néanmoins juste de dire que s’il avait réussi à contrôler l’Empire romain, cela aurait été un désastre pour l’évolution de la conscience humaine…

Les Romains craignaient Attila plus que tous leurs ennemis, car il ne permettait pas à ses hommes de vivre sur le territoire romain, ni d’acheter des denrées romaines.

Quand il envahissait une contrée, il renversait la romanisation en détruisant les édifices et en dérobant des milliers de livres d’or en tribut.

Cependant, en 452, il négocia un accord avec le pape Léon 1er de Rome, par lequel Honoria, la fille de l’empereur, deviendrait sa femme, accompagnée d’une dot de plusieurs milliers de livres d’or.

Attila pensait alors avoir atteint son ambition de renverser l’Empire romain et de dominer le monde…

Attila et son peuple pratiquaient le chamanisme. Dans chaque bataille, Attila était guidé, très sagement par ses prêtres chamans.

Le tumulte de l’armée de Huns, qui semait la terreur sur son passage, était provoqué par l’aboiement de chiens, le bruit de ferraille des armes qui s’entrechoquaient et le son de cornes et de cloches.

En réalité, ce tapage était destiné à convoquer les bataillons de morts, les fantômes de leurs ancêtres, pour qu’ils se battent aux côtés des soldats.

Ils appelaient également, à la manière des chamans, les groupes d’âmes carnivores, les loups et les ours, afin qu’ils entrent en eux et leur donnent des pouvoirs surnaturels.

Le mot « chaman » provient en fait du mot mongol « tungus » qui signifie « celui qui sait ».

Depuis le temps des barbares, jusqu’à aujourd’hui, les chamans ont toujours usé d’un certain nombre de techniques « archaïques » pour provoquer d’extase mystique.

Afin d’atteindre cet état de transe, ils utilisent le son des percussions et la danse rythmique, l’hyperventilation, les automutilations « délirantes », les privations sensorielles, la déshydratation, la privation de sommeil ainsi que des drogues hallucinogènes à base de plantes psychotropes, telles que l’ayahuasca, le peyotl et les champignons hallucinogènes.

Ces états de transe étaient aussi provoqués par des drogues similaires dans les écoles du Mystère, comme le « kykéôn » à Éleusis ou encore le lotus égyptien qui était consommé avec de l’opium et des racines de mandragore dans l’Égypte antique.

Les scientifiques ont isolé récemment une enzyme du cerveau qui induit ces mêmes états de transe.

Leurs recherches semblent prouver que 2% d’entre nous ont un niveau de diméthyltryptamine naturelle suffisamment élevé pour nous mettre spontanément et involontairement dans ces états.

D’après de récentes études, Il semblerait que nous en soyons plus abondamment pourvus jusqu’à l’adolescence, où le processus de cristallisation se met en place, bouche la glande pinéale et limite ses fonctions.

Pour ceux d’entre nous qui ne sont pas pourvus de cette enzyme, ces anciennes techniques chamaniques, ou d’autres similaires comme celles des écoles du Mystère, sont nécessaires pour atteindre la transe…

Dans toutes les cultures, les expériences chamaniques montrent une progression passant par les mêmes étapes :

En premier, la fermeture du monde sensoriel et un sentiment de voyage dans les ténèbres ; mais également, parfois, une grande douleur, comme si le corps était démembré.

Ensuite, une mer de lumière, souvent accompagnée d’une sorte de kaléidoscope de lumières géométriques changeantes (la matrice).

Puis ces motifs géométriques se transforment, le plus souvent, en serpents ou en créatures mi-animales, mi-humaines, souvent pourvues de corps malléables et quasi transparents.

Enfin, quand la transe s’achève, le chaman a l’impression qu’il possède des pouvoirs surnaturels, la capacité de soigner, des informations sur ses ennemis, une influence télépathique sur les animaux et le don de prophétie.

Nous tenons cependant à préciser que les « êtres » rencontrés par les chamans lors des transes appartiennent majoritairement aux esprits inférieurs et non pas aux dieux planétaires les plus élevés avec lesquels les prêtres des écoles du Mystère communient.

Certaines visions obtenues lors de ces états de transe chamaniques sont encore visibles aujourd’hui sur certains monuments, comme par exemple sur les plafonds des temples d’Edfou ou de Philae en Egypte.

Du point de vue ésotérique, le chamanisme, que ce soit celui pratiqué par les hordes de Huns ou de Mongols, des indiens d’Amérique ou bien encore aujourd’hui par les « Sangomas » d’Afrique du Sud, ne représente qu’une dégénérescence d’une vision primordiale, autrefois « magnifique »…

Dans l’histoire conventionnelle, les premières étapes de la création des religions primitives furent marquées par l’Animisme et le Totémisme, qui se sont développés pour former les cosmologies complexes des grandes civilisations antiques.

Dans l’histoire secrète, au contraire, les écoles du Mystère enseignent que la vision primordiale de l’humanité était complexe, évoluée et magnifique et ne s’appauvrit qu’ensuite, pour mener à l’Animisme, au Totémisme et au Chamanisme.

Prendre des drogues fait toujours partie de la pratique chamanique moderne, mais cela est interdit par la majeure partie des enseignants ésotériques, quand il s’agit d’atteindre le monde des esprits, car il est important apprendre à faire l’expérience du monde des esprits par sa seule intelligence et avec un sens critique aussi intact que possible, voire même plus aiguisé.

De plus, entrer en contact avec les esprits par les drogues et à la portée de tous et peut donc ouvrir une dimension démoniaque, qui pourrait par la suite ne plus vouloir se refermer…

Bon nombre de chamans inexpérimentés ont sombré corps et âme dans la folie, à bon entendeur !

Les tribus d’Attila pratiquaient un chamanisme qui leur donnait un accès au monde des esprits, que bien des gens d’Église pourraient leur envier, mais cet accès relevait d’un état atavique ; il allait à l’encontre de l’impulsion de l’évolution de la conscience humaine qui avait été développée par Pythagore et Platon, et à laquelle Jésus-Christ et Paul avaient donné une nouvelle direction.

Le but de cette évolution était très noble et poussait les hommes à tirer du plaisir de leur supériorité intellectuelle individuelle pour qu’ils puissent choisir d’être libres, puissants et aimants, non seulement dans le monde matériel, mais aussi dans le monde des esprits.

Quand, en 453, Attila se prépara à célébrer son mariage avec Honoria, cette nouvelle étape de la conscience humaine était sur le point d’être écrasée dans l’œuf.

Ce n’est donc pas un hasard si au matin de son mariage, Attila fut retrouvé mort après avoir saigné abondamment du nez.

Nous n’en dirons pas plus à ce sujet…

La mort d’Attila annonçait inexorablement le déclin de l’Empire romain.

À cette époque l’humanité vivait dans un monde désenchanté, qui remettait en cause les grandes certitudes spirituelles sur lesquelles s’étaient fondées les plus importantes civilisations de l’Antiquité.

À cette époque, Dieu et les dieux ne ressemblaient guère plus qu’à des idées vides et abstraites.

Les certitudes spirituelles avaient été remplacées par les dures réalités politiques et économiques.

La vraie vie de la pensée se trouvait dans le domaine de la science et de la technologie, dans les théories atomiques de Lucrèce, dans les projets d’ingénierie comme les aqueducs, les systèmes de drainage et les milliers de kilomètres de routes qui fleurissaient partout.

Si la fin des Mystères d’Eleusis sonna le glas des écoles des Mystères, le déclin de l’Empire Romain marqua véritablement la naissance des sociétés secrètes et la transformation du pouvoir en quelque chose de beaucoup plus subversif et souterrain.

La capacité d’abstraction s’était développée depuis moins de mille ans, sous l’impulsion de Pythagore, de Confucius et de Socrate.

Le bouddhisme s’était exporté d’Inde, pour atteindre la Chine avec la visite du vingt-huitième patriarche bouddhiste Bodhidharma.

Pendant les deux cents ans qui suivirent, le bouddhisme et le taoïsme fusionnèrent en Chine, créant une nouvelle philosophie d’éveil spontané et intuitif appelée « tch’an » ou « Zen » au Japon.

Le tch’an apportait une certaine prudence quant aux limitations de la pensée abstraite et permit à l’homme de voir le monde avec un nouvel autre état alternatif de la conscience.

Grâce au « tch’an » l’homme pouvait à nouveau contempler le monde avec sa conscience végétale, centrée sur le plexus solaire, plutôt que sur son crâne…

C’est au moyen de cette conscience végétale que nous sommes individuellement reliés à chaque autre être vivant du cosmos.

Ces connexions peuvent être visualisées comme les vrilles d’un grand arbre cosmique dont chaque fleur serait un plexus solaire.

Si l’on envisage autrement cette conscience végétale, on peut dire qu’elle est une autre dimension, le monde entre les mondes et la porte d’accès au monde des esprits.

Saint Augustin disait que cette forme de conscience était une « lumière immuable », dans laquelle celui qui voulait s’éveiller devait se glisser.

Au début de la seconde moitié du Ve siècle, un sentiment d’absurdité nouveau fit irruption dans le monde, et depuis lors, les grands initiés des sociétés secrètes, en Occident comme en Orient, adoptèrent tous un « zeste de zen ».

Sous l’Empire byzantin, l’empereur Justinien (483 à 565), reconquit les territoires barbares et fit fermer les dernières écoles de philosophie grecque.

Cela provoqua la fuite des grands initiés, qui emmenèrent avec eux les textes d’Aristote, comme son traité d’alchimie, aujourd’hui « perdu ».

Bon nombre d’entre eux arrivèrent en Perse, où le roi Khusraw rêvait d’une grande académie, comme celle qui avait inspiré la civilisation grecque.

Dans une effervescence intellectuelle qui incorpora des idées du néoplatonisme, du gnosticisme et de l’hermétisme, la méthodologie d’Aristote fut appliquée conjointement au monde matériel et au monde des esprits…

C’est ainsi que commença l’âge d’or de la Magie en Arabie…

La magie des génies emprisonnés dans des lampes, des démons et des formules magiques puissantes comme « abracadabra », qui allait être consignées dans des livres interdits et avoir une grande influence sur le monde du VIe siècle.

C’est ce que nous vous inviterons à découvrir dans notre prochaine vidéo.

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