Cas de conscience

La persécution des chrétiens a atteint un niveau inédit mais tout le monde s’en fout

Huit chrétiens sur dix, tués en 2023 dans le monde, l’ont été au Nigéria, selon l’index annuel publié par l’ONG protestante Portes ouvertes. Elle dresse le bilan le plus noir depuis 2014.

Noël sanglant au Nigeria. Dans la nuit du 23 au 24 décembre 2023, environ deux cents chrétiens ont été massacrés, et près de cinq cents blessés, dans des attaques orchestrées par des groupes djihadistes armés. Vingt-six villages ont été ciblés. « Des attaques analogues revendiquées par l’État islamique ont aussi été lancées à la même période au Cameroun et au Mozambique », alerte Illia Djadi, originaire du Niger, ancien journaliste à la BBC devenu expert analyste pour l’ONG Portes ouvertes.

Le Nigeria, épicentre des violences envers les chrétiens

Depuis dix ans, chaque année, le bilan le plus macabre de l’index mondial de la persécution des chrétiens est attribué au Nigeria. Le pays d’Afrique de l’Ouest le plus peuplé du continent (200 millions d’habitants) demeure celui où « le plus grand nombre de chrétiens sont tués ou kidnappés », pour leur croyance religieuse, souligne l’association protestante qui dévoile, ce mercredi 17 janvier 2024, le classement publié chaque année depuis 2013.

Huit chrétiens sur dix tués dans le monde l’ont été au Nigeria entre le 1er octobre 2022 et le 30 septembre 2023, selon les éléments recueillis par les observateurs de l’ONG. Ils sont 4 000 dans le monde. Le 8 janvier 2024, des responsables chrétiens nigérians et leurs fidèles ont organisé une marche pour la paix appelant à « venir à leur secours ».


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Menace djihadiste en Afrique de l’Ouest

En 2019, Illia Djadi alertait sur « l’avancée du djihadisme » en Afrique de l’Ouest.

« Nous avons relayé les messages des églises du Burkina Faso, pays connu pour sa culture de tolérance, sur les dangers de cette crise qui portait les germes d’une catastrophe humanitaire. »

Cinq ans plus tard, souligne l’expert, « cette crise constitue une menace existentielle. Plus de deux millions de personnes (10 % de la population), ont été déplacées. Le Nord du pays se vide de sa population chrétienne, privée du droit d’exercer sa foi, de la possibilité de se regrouper, de chanter. »

Les groupes armés islamistes « s’étendent et gangrènent les pays de la région du Sahel qui sont aussi les plus pauvres du monde. Au Mali, au Burkina, au Niger, pays où la moyenne d’âge est de quinze ans, ils recrutent des jeunes désœuvrés, en quête d’un salaire et d’un avenir meilleur. Ils obtiennent une moto et une Kalachnikov », explique Illia Djadi.

Portes ouvertes évalue à 4 998 le nombre de chrétiens tués pour leur conviction religieuse dans le monde. Un chiffre en légère baisse par rapport au bilan précédent, « en raison des élections au Nigeria, période durant laquelle des mesures de sécurité exceptionnelles ont été prises. Depuis, les attaques ont repris de plus belle », alerte Guillaume Guennec, directeur du plaidoyer de l’ONG qui précise cependant que ces chiffres « sont en dessous de la réalité ».


Des religieux expulsés du Nicaragua

Depuis 2014, « la persécution des chrétiens dans le monde n’a cessé d’augmenter » constate le rapport. Qu’il soit tué, victime de violences, discriminé ou opprimé dans sa vie quotidienne, « un chrétien sur sept est persécuté dans le monde, un sur cinq en Afrique ».

Le Nicaragua grimpe de vingt places dans le classement.

« Le gouvernement de Daniel Ortega y réprime ouvertement la liberté religieuse, en particulier depuis que les responsables chrétiens ont appelé, publiquement, au respect de l’État de droit ».

Fait rare, le Vatican y a fermé sa représentation diplomatique. En février 2023, Mgr Rolando Alvarez, évêque de Matagalpa et figure de l’opposition au régime, avait été libéré et expulsé vers Rome aux côtés d’un autre évêque, de quinze prêtres et de deux séminaristes.

14 766 églises ciblées

L’index 2024 met en lumière un autre constat inédit.

« Le nombre d’églises pillées, détruites ou fermées de force par les autorités, 14 766 au total, atteint un nombre record ». En particulier dans les églises dites « de maison », non référencées officiellement en Chine, pays « champion de la fermeture d’églises », selon l’ONG. En Inde « 2 228 églises ont été attaquées par des hindouistes radicaux ».

En Algérie, seules quatre églises, sur les quarante-sept qui étaient affilées à l’Église protestante d’Algérie (EPA), composée essentiellement de convertis, sont encore ouvertes.

« Depuis l’ordonnance de 2006 régissant le culte non musulman, la commission nationale désignée pour accorder les agréments ne s’est jamais réunie », témoigne le pasteur Youssef Ourahmane, vice-président de l’EPA.

La campagne de fermeture d’églises, « qui a atteint un apogée, met fin au rêve dans un pays qui a longtemps fait figure d’exception au Maghreb », souligne l’ONG.


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