La Chine colonise le Tibet. Elle soumet par la force la population, multiplie les arrestations & les camps de travail. Le Tibet est le laboratoire à ciel ouvert qui a permis par la suite la mise au pas des Ouïghours.
L’histoire du Tibet, en tant que nation, est extrêmement riche. A partir du VIIème siècle le pouvoir politique est unifié et va entreprendre des politiques de conquêtes allant jusqu’à menacer la Chine et ses autres voisins.
A partir de 1720, la dynastie Qing va accroître son influence sur le Tibet qui deviendra une sorte de protectorat où des membres de la famille impériale résideront dans la capitale, Lhassa, pour orienter la politique du royaume.
Tentative d’indépendance
Alors que la révolution communiste gronde en Chine, le Tibet en profite pour redevenir indépendant en 1912. Les troupes chinoises sont repoussées hors du pays. Cependant, aucune reconnaissance internationale de son indépendance ne vit le jour.
Annexion du territoire
En 1949 Mao lance des offensives et annexe le territoire du Tibet. A partir de 1965 le pays est totalement absorbé par Pékin et devient une « région autonome » dont plusieurs territoires sont directement rattachés à la Chine.
Exil du Dalaï-Lama
L’annexion par Pékin du Tibet engendre des politiques de collectivisations agricole. Ceci entraîne des famines et donc… des soulèvements populaires. En 1959 les émeutes secouent le territoire & la répression de Pékin force à l’exil le Dalaï-Lama.
Bain de sang
Face à ces émeutes Pékin va, loin du regard international, utiliser la force armée. Certaines estimations mettent en avant qu’il y a eu 87k Tibétains tués mais ce chiffre est encore sujet à caution en raison de l’opacité qui règne autour de cette région.
Prise de pouvoir
Depuis lors, Pékin resserre son contrôle politique sur la région. En 1995, le Dalaï-Lama nomme un enfant de 6 ans, G. C. Nyima, comme réincarnation du Panchen-Lama (seconde autorité au Tibet). Pékin l’arrêtera quelques jours plus tard.
Purge du Tibet
Pour assurer son contrôle sur la région, Pékin utilise 2 politiques : la répression aveugle en arrêtant & torturant les opposants et le contrôle des naissances. Pour ce 2ème point, des stérilisations forcées seront réalisées.
Le Tibet se meurt
« Il y a urgence pour le Tibet » annonce d’emblée Pierre-Antoine Donnet dans les premières pages de son livre – complété et très enrichi – depuis la première édition datant de… 1990. En redonnant toutes les clés de compréhension sur l’histoire du Pays des neiges, l’invasion militaire chinoise en 1950, la fuite du Dalaï lama en 1959 pour l’Inde, les révoltes des moines en 1988 et 1989, la terrible répression militaire chinoise, la culture et la religion tibétaine, etc., ce journaliste chevronné en poste à Pékin pendant plusieurs années pour l’Agence France-Presse revient sur la situation du Tibet aujourd’hui sous Xi Jinping. Le constat est effrayant : « Avec les années qui passent, un danger croissant menace le Tibet (…) un irrésistible mouvement de sinisation de ces vastes étendues qui risque d’emporter bientôt la civilisation tibétaine. »
Dans l’indifférence générale, le Tibet se meurt, étouffé par des millions de colons chinois qui aujourd’hui dépassent de loin la population tibétaine, mais aussi des millions de touristes chinois (très peu d’Occidentaux) qui viennent y trouver un exotisme bon marché et artificiel puisque, comme le souligne Pierre-Antoine Donnet, même les architectures tibétaines traditionnelles sont détruites ou sinisées. Les Tibétains ne sont plus chez eux au Tibet.
Le silence de la communauté internationale
« Pékin a ouvert toutes grandes les vannes de la démographie » insiste-t-il encore, jugeant que cette besogne est « quasi achevée ». La langue tibétaine n’est plus enseignée qu’au niveau du primaire, le mandarin s’impose pour les études supérieures, les commerces et administrations tenues par les Chinois ne sont plus bilingues depuis longtemps. Uniformité et absorption chinoises écrasent la culture tibétaine.
La Chine s’impose au monde dans sa course éperdue à l’hégémonie et la communauté internationale ne bouge plus pour parler des violations des droits de l’homme au Tibet. Il semble que le « dossier tibétain » soit clos pour Pékin alors qu’il s’attaque depuis 2016 à l’autre grande province musulmane du Xinjiang où plus d’un million de Ouïghours sont enfermés de force dans des camps de travail. Sans mobilisation mondiale massive non plus.
Reste toutefois un espoir, mince, même si le temps ne travaille pas pour le Tibet : le bouddhisme tibétain implanté à l’étranger, alors que les monastères tibétains sont étroitement surveillés au Tibet. Pierre-Antoine Donnet a interrogé plusieurs témoins qui insistent sur la préservation de la langue comme vecteur essentiel de survie. « Une lueur d’espoir, dit l’un, le Tibet en exil et le Dalaï lama font encore parler du pays »… Mais ce dernier a 84 ans, les perspectives de dialogue avec Pékin sont quasi impossibles aujourd’hui.
La Chine n’a plus besoin de fusils ni de canons pour mater les rebelles, elle a la technologie et l’intelligence artificielle pour contrôler tout le monde. Dans son émouvante préface, Élisabeth Badinter parle « d’un génocide culturel, linguistique et religieux » et d’un pays « blessé au plus profond de lui-même, le cœur du Tibet bat encore, mais doucement, si doucement qu’on a du mal à l’entendre ».
Camps de travail
Les moines bouddhistes & les nonnes ainsi que les opposants politiques sont les cibles privilégiées de Pékin. Ces derniers peuvent être envoyés dans des camps de travail où le taux de survie estimé est de 30%.
Des données satellites mettent en lumière les centres de détention chinois au Tibet
Selon une nouvelle étude mesurant l’utilisation de l’éclairage nocturne, on observe depuis quelques années une activité accrue dans les centres de détention de haute sécurité au Tibet , suggérant une augmentation potentielle des peines d’emprisonnement plus sévères prononcées par les autorités chinoises.
Le rapport, publié par l’institut de recherche Rand Europe, indique que les résultats apportent de nouveaux indices rares sur les politiques de « maintien de la stabilité » du gouvernement chinois dans la région autonome du Tibet (RAT), hautement sécurisée, qu’il décrit comme un « trou noir de l’information ».
« En utilisant l’analyse d’images satellite aériennes et des données sur l’éclairage nocturne, cette étude a cherché à ajouter une autre pièce du puzzle dans l’espoir d’aider et d’encourager d’autres travailleurs à compléter le tableau », indique le rapport.
L’étude Rand a examiné 79 établissements de détention dans la région autonome du Rāmān, et a constaté que les tendances de croissance de l’éclairage nocturne étaient concentrées dans les 14 établissements de sécurité supérieure. Elle a constaté une augmentation dans les prisons en 2019-2020 et dans les établissements de détention de haute sécurité en 2021-2022. La croissance dans les établissements de sécurité inférieure semble avoir atteint un pic en 2017.La lumière est visible depuis l’espace et mesurée sur des moyennes mensuelles. Les chercheurs ont déclaré qu’elle pourrait indiquer une nouvelle construction – comme l’avaient montré des études précédentes au Xinjiang – ou l’agrandissement de bâtiments existants, ce qui était plus probable dans les installations tibétaines. L’étude a indiqué que l’augmentation de la lumière émise pourrait également indiquer une occupation ou une utilisation accrue des installations, sans expansion physique.
Les chercheurs estiment que l’augmentation de l’activité indique probablement une évolution vers des détentions plus longues, « similaires aux observations récentes au Xinjiang », où l’on estime que jusqu’à 1 million de personnes ont été envoyées dans des centres de rééducation et des centres de détention de haute sécurité.
Le Tibet est sous contrôle chinois depuis son annexion il y a plus de 70 ans, lors de ce que les Tibétains décrivent comme une invasion et que Pékin considère comme une libération pacifique du régime théocratique. Il fait partie des régions frontalières, dont le Xinjiang et la Mongolie, qui font l’objet d’une répression de longue date des pratiques religieuses et culturelles des minorités ethniques non han. Le contrôle gouvernemental s’est intensifié après les manifestations de masse de 2008.
Il y a eu des vagues successives de répression gouvernementale et ce que le rapport appelle une « répression préventive » dans la RAT, y compris la campagne contre les « forces du monde souterrain » lancée en 2018 qui ciblait les groupes et les individus soupçonnés de soutenir une autonomie accrue du Tibet, de s’organiser pour la protection de l’environnement et les acquisitions de terres, et d’œuvrer à la préservation de la langue tibétaine .
Les militants et les groupes de défense des droits de l’homme ont exprimé leur inquiétude croissante face au harcèlement, à la détention et à la torture de militants tibétains, de personnalités religieuses et d’intellectuels, ainsi qu’à la surveillance de masse de la population et aux programmes de rééducation obligatoire et de transfert de main-d’œuvre . Les experts de l’ONU ont également déclaré qu’environ un million d’enfants tibétains ont été séparés de leurs familles et envoyés dans des « internats » gérés par l’État dans le but de les intégrer « culturellement, religieusement et linguistiquement » dans la société dominante Han.
Cependant, il y a beaucoup moins d’informations provenant de l’intérieur de la RAT par rapport à d’autres régions ciblées comme le Xinjiang, ce qui, selon les analystes, est dû aux contrôles extraordinaires sur les voyages, les communications et l’information, ainsi qu’à une attention internationale décroissante portée aux politiques gouvernementales de contrôle et d’oppression.
Bien que les chercheurs soient convaincus que l’utilisation des centres de détention de haute sécurité se poursuit et – selon l’étude – qu’elle est probablement accrue, les détails concernant les personnes qui s’y trouvent et les raisons pour lesquelles elles y sont détenues, ainsi que les conditions auxquelles elles sont confrontées, restent inconnus.
« Le Tibet reste un trou noir de l’information et toute tentative de comprendre le paysage sécuritaire de ce pays est semée d’embûches », a déclaré au Guardian Ruth Harris, directrice de la défense et de la sécurité chez Rand Europe.
« Les chercheurs étrangers ne sont pas autorisés à accéder à de nombreuses sources chinoises et considèrent qu’une grande partie des données disponibles ne sont pas fiables », a-t-elle ajouté.
Le rapport souligne que le manque d’informations en provenance du Tibet ne signifie pas un manque de contrôle répressif, mais met en évidence la nécessité de davantage de recherches et d’une plus grande attention internationale, au même niveau que celle accordée au Xinjiang ces dernières années.
Tenzin Choekyi, chercheur principal au sein de l’organisation de défense des droits de l’homme Tibet Watch, basée au Royaume-Uni, a déclaré qu’il était impossible de savoir ce qui se passait dans les centres de détention et a noté que la tendance à l’augmentation de la luminosité nocturne coïncidait avec la pandémie. La TAR n’a signalé qu’un seul cas de Covid-19 avant l’apparition de l’épidémie en août 2022, mais elle était soumise aux politiques nationales strictes et souvent punitives du « zéro Covid ».
Selon Tenzin, la couverture médiatique du Tibet a connu un déclin constant au cours de la dernière décennie. Selon elle, cela est dû en grande partie au manque de flux d’informations, qui coïncide avec les interdictions de voyager et les sanctions infligées aux pèlerins traversant la frontière vers l’Inde, ainsi qu’à une tendance aux représailles et à une surveillance accrue contre des communautés entières pour les actes commis par des militants individuels.
Elle a cité le cas d’un Tibétain qui s’est immolé en signe de protestation en 2015, et qui n’a été révélé qu’en 2021. « C’est le niveau de peur des Tibétains à l’intérieur du Tibet à l’idée de partager ces histoires », a-t-elle déclaré.
« En raison du retard et de la confusion dans l’information, il est difficile de raconter de manière cohérente ce qui se passe dans la RAT. »
Déplacement de population
Pour réduire la population tibétaine, Pékin déplace de force dans le reste de la Chine des Tibétains qui ont été emprisonnés dans des camps. Ils fournissent une main d’œuvre gratuite pour l’industrie et sont dispersés en Chine.
Multiples émeutes
Plusieurs vagues de contestation vont secouer le Tibet notamment en 1989. Lhassa, capitale du Tibet, sera le lieu d’affrontements violents où la police chinoise tirera à balles réelles sur les moines & les civils qui incendient les magasins chinois.
Émeutes de 2008
Nouvelle année d’émeutes, moines & civils envahissent les rues pour protester contre les arrestations. Le bilan est estimé entre 22 et 203 morts. Des moines seront battus dans leurs temples, certains exécutés à bout portant.
Arrestations massives
Les arrestations se multiplieront et plusieurs Tibétains seront condamnés à la prison à vie. Le territoire est désormais quadrillé par l’armée & la police. Le Tibet est désormais une prison à ciel ouvert pour sa population d’origine.
Une répression qui dépasse les frontières
Depuis la colonisation du Tibet par la Chine, nombreux sont ceux qui ont fui vers le Népal. Cependant, depuis plusieurs années, Pékin fait pression sur le Népal pour briser les mouvements de contestation des Tibétains en exil.
Surveillance internationale
De manière plus globale, Pékin surveille les ressortissants chinois qui vivent à l’international. Les minorités tibétaines ou Ouïghours sont particulièrement visées et peuvent subir des chantages, du harcèlement ou encore des menaces.
Politique de colonisation
Comme pour le Xinjiang où vit la population Ouïghours, la Chine a appliqué une politique favorisant l’immigration de Chinois au Tibet. L’objectif : rendre minoritaires les Tibétains sur leur propre sol.
Censure
La liberté d’expression n’existe pas dans cette région. Critiquer Pékin c’est le risque d’être arrêté. La parole publique est contrôlée et l’administration chinoise surveille le moindre écart notamment en cas de contact avec des étrangers.
Destruction culturelle
Également, par le biais d’un développement du tourisme de masse, l’objectif est de transformer la culture tibétaine en une sorte de parc d’attractions sans respect pour cette culture et ses traditions.
Devoir civilisationnel
Aux yeux de certains colons chinois, les Tibétains sont des barbares qu’il convient de cadrer, de guider, de civiliser. Cela permet, comme l’Occident l’a fait dans le passé, de mettre un vernis moral sur une pratique coloniale.
Conclusion
Le Tibet a été le laboratoire de Pékin pour soumettre une population. Répression aveugle, contrôle de masse, stérilisation et colonisation l’immigration encouragée par le pouvoir pour remplacer la population locale.
Aujourd’hui le Xinjiang, avec la population Ouïghours, subit ce même type de politique violente. Pour ce qui est du Tibet, désormais sa cause est oubliée, territoire lointain perdu dont la culture risque de disparaître par l’assimilation forcée.
En bref, nous pourrions même considérer que les politiques de Pékin appliquées dans ces 2 territoires, le Tibet & le Xinjiang, sont des politiques de colonisation qui entravent par la force l’autodétermination des peuples…
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