Une enquête IFOP qui révèle la hausse choquante des tensions interethniques (« religieuses et identitaires ») à l’école. Pourquoi ce sondage est si particulier ?
Les sondages réalisés sur les mineurs sont rarissimes. Ici, l’IFOP a interrogé un échantillon représentatif de plus de 2000 collégiens et lycéens, ce qui est dans la moyenne haute des tailles d’échantillons.
Dans la France de 2025, plus de la moitié des élèves sont exposés à des tensions interethniques. Ici appelées « tensions religieuses et identitaires », elles s’échelonnent des intimidations jusqu’aux violences physiques.
Ces tensions interethniques pèsent particulièrement lourd dans les quartiers sensibles. 73% des élèves dans les réseaux d’éducation prioritaire ont déjà été exposés à ces tensions.
Les élèves juifs sont particulièrement touchés. 38% (!!!) des élèves de REP ayant déjà eu des élèves juifs dans leur établissement disent en avoir vu quitter ou éviter un établissement pour raisons de sécurité. Un taux de 14% en moyenne nationale.
Plus de 40% des élèves en France ont déjà entendu des propos antisémites ou stigmatisants vis-à-vis des Juifs dans leur établissement. Mais ce n’est pas tout. Les résultats par origine et religion sont édifiants.
Environ 45% des collégiens et lycéens musulmans n’accepteraient pas de nouer des relations amicales ou sentimentales avec des élèves juifs.
Par exemple, 37% des élèves musulmans refuseraient de se mettre en couple avec un élève juif. Mais ce n’est pas le plus inquiétant.
Plus d’un quart des élèves musulmans disent qu’ils « réagiraient mal » si un membre de leur fratrie se mettait en couple avec une personne juive. Un taux près de 3 fois plus élevé que chez les catholiques.
Le rejet des élèves juifs affichant un soutien à Israël est encore plus élevé : 72% des élèves musulmans n’accepteraient pas de nouer certaines relations amicales ou sentimentales avec eux. Un taux plus bas, mais de tout de même 30% chez les élèves catholiques.
Rendez-vous compte : Plus d’1 jeune sur 3 rejetterait un élève juif pour des raisons purement politico-religieuses. Le phénomène ne touche pas que les élèves musulmans. Bien entendu, il serait complètement naïf de taire l’association entre la montée de l’antisémitisme et l’immigration. La part d’élèves rejetant leurs camarades juifs est 4x plus élevée chez les élèves aux deux parents nés hors d’Europe que chez les élèves « autochtones ».
Ce sondage révèle donc comment la croissance de la population issue de l’immigration extra-européenne s’accompagne de tensions. Notre cohésion sociale est fragilisée et cela s’amplifie. C’est un drame !
Alimentée par l’immigration, la forte croissance de la population musulmane s’accompagne de tensions.
Enquête auprès des collégiens et lycéens sur l’antisémitisme à l’école
Réalisée auprès d’un échantillon national représentatif de 2 000 collégiens et lycéens, cette enquête révèle l’importance d’un antisémitisme du quotidien qui, en s’installant dans le langage courant et/ou dans les mentalités d’une partie de la population scolaire dès le plus jeune âge, crée lentement, mais sûrement les conditions d’une légitimation de discours et comportements plus violents.
UNE « JUDÉOPHOBIE D’ATMOSPHÈRE » MARQUÉE PAR LA BANALISATION DES PRÉJUGÉS ANTIJUIFS À L’ÉCOLE
1 – La moitié des élèves (51%) – dont près d’un quart (23%) de façon régulière – a déjà entendu dire du mal des juifs dans leur entourage. Et si ces propos anti-juifs proviennent parfois des membres de leur famille (25%), de religieux (24%) voir du personnel enseignant (13%), leur principale source n’en reste pas moins leurs camarades de classe : 51% ont déjà entendu dire du mal des juifs de la part d’autres élèves (jusqu’à 65% en REP).
2 – Il est vrai que l’exposition aux propos antisémites dans l’enceinte des établissements scolaires est significative : 44% des élèves ont déjà été exposés au moins une fois à des insultes antisémites dans leur établissement, les plus fréquentes étant « Ne fais pas ton feuj » (25%) et « Un juif, c’est riche » (21%). Dans les établissements REP/REP+, cette exposition est encore plus élevée, avec un taux global d’exposition de 54%.
3 – La majorité des élèves interrogés (54%) adhère à au moins un préjugé anti-juif, leur adhésion étant particulièrement élevée dans les rangs des élèves d’extrême-droite (75%) et d’extrême-gauche (70%). Les préjugés les plus répandus sont « Les Juifs sont plus attachés à Israël qu’à la France » (44%), « Les juifs disposent de lobbies très puissants » (39%), et « Les Juifs utilisent la Shoah pour défendre leurs intérêts » (28%).
UN CLIMAT DE VIOLENCES VERBALES, PHYSIQUES OU PSYCHOLOGIQUES PARTICULIÈREMENT PESANT DANS LES ÉTABLISSEMENTS OU QUARTIERS POPULAIRES
4 – Cet antisémitisme s’inscrit dans un climat de tensions identitaires général : 55% des élèves ont déjà été confrontés à des tensions identitaires ou religieuses dans leur établissement, ce chiffre atteignant 73% en REP. Ce climat se manifeste par des insultes ou menaces (43%), des tentatives d’imposer des règles religieuses (34%), des violences physiques (34%), ou des contestations d’enseignements au nom de la religion (32%).
5 – L’antisémitisme se manifeste concrètement par des actes violents au sein des établissements scolaires. Parmi les élèves ayant eu des camarades juifs, 48% ont été témoins d’actes antisémites (jusqu’à 62% en REP) dont 23% à des moqueries, 20% à des insultes sur les réseaux sociaux, et 14% à des violences physiques antisémites.
6 – Ce climat de violence contraint des élèves juifs à éviter certains établissements pour leur sécurité. En effet, 14% des élèves ayant eu des camarades juifs ont observé des situations où des élèves juifs quittaient ou évitaient un établissement parce qu’ils ne s’y sentaient pas en sécurité, dont 6 % pour cette seule année scolaire 2024-2025. Ce taux monte à 38% dans les établissements REP/REP+.
DES ÉLÈVES JUIFS VICTIMES DE STIGMATISATION, NOTAMMENT DE LA PART DES ÉLÈVES DE CULTURE MUSULMANE OU EXTRA-EUROPÉENNE
7 – L’exclusion des élèves juifs des diverses formes de sociabilité adolescente est globalement minoritaire chez les élèves du secondaire – 16% des élèves refuseraient de nouer des relations amicales ou sentimentales avec des élèves juifs – mais il atteint des niveaux préoccupants chez les élèves affichant certaines origines (52% chez les élèves exclusivement d’origine extra-européenne) ou religions (45% chez les élèves musulmans).
8 – Ce rejet social des juifs transparaît également chez une minorité d’élèves à l’idée que leur frère ou sœur se mette en couple avec un(e) juif/juive : 13% des collégiens et lycéens réagiraient mal, en particulier chez les élèves musulmans (28%), chez ceux d’origine extra-européenne (21%) ou se positionnant à l’extrême-gauche (34%) ou à l’extrême-droite (30%) de l’échiquier politique.
9 – Ces attitudes discriminatoires conduisent des élèves juifs à dissimuler leur identité. 21% des élèves ont déjà vu ces derniers dissimuler leur judéité dans l’établissement, un chiffre qui monte à 44% dans les établissements REP/REP+.
UN ANTISÉMITISME CONDAMNÉ PAR LA MAJORITÉ DES ADOLESCENTS MAIS QUI A SES ADEPTES DANS CERTAINES FRACTION DE LA JEUNESSE
10 – Si la majorité des élèves désapprouve les actes antisémites, une minorité significative les approuve ou les tolère. Ainsi, 26% des élèves estiment qu’au moins un propos antisémite est acceptable, un taux qui monte à 32% en REP/REP+. Les propos les plus « acceptables » à leurs yeux sont « Un juif, c’est riche » (17%, et jusqu’à 24% en REP/REP+) et « Ne fais pas ton feuj » (14%).
11 – L’approbation des actes antisémites varie selon leur gravité mais reste préoccupante. Parmi les élèves ayant été témoins d’actes antisémites, 30% ont approuvé des vols ou dégradations de biens d’élèves juifs, 26% des violences physiques, et 20% l’isolement ou la mise à l’écart d’un élève juif.
12 – La sensibilisation aux comportements inacceptables reste insuffisante. En effet, 22% des élèves estiment qu’au moins un comportement stigmatisant ou supposément humoristique à l’égard des juifs est acceptable. Certains élèves trouvent acceptable de faire une blague sur la Shoah (8%), voire de bousculer un élève juif en raison de son soutien à Israël (5%).
UNE RÉALITÉ INCONTOURNABLE
Au regard des résultats de l’enquête, force est de constater que l’antisémitisme en milieu scolaire, pour lequel les premières alertes ont été données il y a presque vingt-cinq ans, apparaît comme une réalité aujourd’hui incontournable.
Le phénomène est national et témoigne de la diffusion de préjugés, mais aussi de discours qui peuvent expliquer les propos ou les passages à l’acte violents dont peuvent parfois souffrir les élèves juifs au sein des établissements scolaires et que rapporte le ministère de l’Éducation nationale.
La force de l’enquête est d’éclairer sur la prégnance plus forte de l’antisémitisme dans certains espaces et territoires ainsi que dans certaines catégories de populations scolaires, tout comme elle montre le développement d’un antisémitisme spécifique lié au conflit moyen-oriental, développement accentué depuis le 7-Octobre 2023. Les élèves juifs peuvent ainsi souffrir d’un rejet qui s’articule en partie autour de l’opposition à l’État d’Israël, symptomatique d’un « amalgame identificatoire » entre élèves juifs et État d’Israël et qui inflige aux jeunes Français juifs une lourde assignation identitaire.
L’importation du conflit israélo-palestinien transparaît, en effet, dans l’étude et reflète cette politisation de l’espace scolaire sous l’effet de considérations partisanes, politiques et/ou religieuses. L’enquête illustre ainsi la nouvelle configuration triangulaire de l’antisémitisme porté à la fois par un discours d’extrême gauche, une radicalisation idéologique d’une partie des jeunes musulmans et un antisémitisme d’extrême- droite traditionnel.
Or, si cette triangulation produit un antisémitisme « nouvelle génération », et parfois sous des justifications antiracistes et anticoloniales, elle reproduit, in fine, les mêmes mécanismes d’exclusion et de stigmatisation.
Elle met de fait en lumière ce que nous appelons, sur le modèle du concept forgé par Gilles Kepel pour un autre sujet, une « judéophobie d’atmosphère », c’est-à-dire une ambiance dans laquelle chaque élève juif scolarisé dans l’enseignement public ou privé non juif sait qu’il peut entendre des discours ou subir des faits liés à son origine ou à son appartenance religieuse.
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