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Ouroboros. La Tradition Secrète – La Rose-Croix

Comme pour William Shakespeare (Voir Ouroboros 18), nous connaissons très peu de choses sur Maître Eckhart, si ce n’est qu’il était un mystique allemand vivant au XIIIe siècle.

Cependant, de même que l’on peut considérer que Dante était à l’origine de la Renaissance, on peut dire qu’Eckhart fut l’inspirateur de la Réforme. Amorcée seulement dès le XVe siècle et culminante au XVIe siècle, la Réforme protestante symbolisait la volonté d’un retour aux sources du christianisme et reflétait l’angoisse des âmes pour la question du salut…

Commencée par Martin Luther (1483-1546) en Allemagne et Ulrich Zwingli (1484-1531) à Zurich, puis Martin Bucer (1491-1551) à Strasbourg et plus tard Jean Calvin (1509- 1564) à Paris et Genève, la Réforme toucha la majeure partie de l’Europe du Nord-Ouest. Toutes les tentatives de conciliation ayant échoué, elle aboutit à une scission entre l’Église catholique romaine et les Églises protestantes. En outre, la Contre-Réforme catholique engagée en 1545, à l’issue du concile de Trente (qui s’étala sur 18 ans), ne permit qu’une reconquête partielle des populations passées au protestantisme !

L’adoption de la Réforme protestante eut aussi un caractère politique, car ce fut un moyen pour les princes d’affirmer leur indépendance face à une papauté revendiquant une théocratie universelle. Cela permit aussi aux populations de pouvoir se révolter face à des souverains mal acceptés, comme en Écosse et aux Pays-Bas espagnols. Ce mouvement se traduisit donc au XVIe siècle par de nombreux conflits, entre l’empereur Habsbourg et les princes allemands, mais aussi des guerres civiles en France, en Angleterre et en Écosse.


C’est ainsi que la nouvelle forme de conscience inspirée au XIIIe siècle par Maître Eckhart allait conduire au XVIe siècle, le nord de l’Europe à dominer le reste du monde !

Maître Eckhart

Eckhart von Hochheim (1260 – 1328), dit Maître Eckhart était un théologien et un philosophe allemand qui fut considéré comme le premier des mystiques rhénans. Il rejoignit une confrérie dominicaine et étudia la théologie à Erfurt, à Cologne et à Paris. Nommé « magister actu regens » à paris, entre 1311 et 1313, il succéda à Thomas d’Aquin comme enseignant de théologie et entreprit d’écrire une somme théologique à ambition encyclopédique…

Il prêcha ensuite à Cologne et Strasbourg, puis administra la province dominicaine de Teutonie depuis Erfurt. Cependant, en 1926, deux dominicains dénoncèrent à l’Inquisition certaines de ses propositions, jugées trop orthodoxes et Maître Eckhart mourut mystérieusement en 1328, à la suite de son procès en hérésie !

Le 27 mars 1329, après sa mort, 26 thèses extraites ou prétendument extraites des Oeuvres latines et des prédications allemandes de Me Eckhart, furent condamnées par une bulle du pape Jean XXII à Avignon. En 1992, la demande de réhabilitation de Me Eckhart faite par le chapitre général dominicain aboutit à un jugement surprenant !! En effet, Me Eckhart n’a jamais eu besoin d’être réhabilité officiellement car il n’avait jamais été condamné nominalement, mais seulement certaines propositions qu’il était supposé avoir soutenues…


Par conséquent, il a toujours gardé aux yeux de l’Eglise catholique le statut d’un bon théologien orthodoxe ! Bien que son « Opus tripartítum », ouvrage considérable, dont la portée était aussi ambitieuse que la Somme théologique de Saint Thomas d’Aquin, resta inachevé, il nous est toutefois parvenu quelques sermons et phrases égarés, retranscrits lors de ses prêches à Strasbourg.

Jamais rien de tel n’avait été dit, avant lui !

« Je prie Dieu d’être libre de Dieu car mon être essentiel est au-delà, de Dieu. Si je n’étais pas, Dieu ne serait pas non plus. Que Dieu soit Dieu, je suis la cause ; si je n’étais pas, Dieu ne serait pas.

Dieu est dedans, nous sommes dehors. L’œil par lequel je vois Dieu est le même œil par lequel Dieu me voit. Il est Lui parce qu’il n’est pas Lui. Cela ne peut être compris par l’homme extérieur ; seulement par l’homme intérieur.

Trouve le seul désir dissimulé derrière tous les désirs. Dieu est à la maison, nous sommes des étrangers. À travers la vacuité, je deviens qui je suis. Seule la main qui efface peut écrire la vérité. »

La modernité de ces pensées surprend toujours aujourd’hui, car comme un maître zen, Eckhart cherchait à bousculer toute forme de pensée préconçue, avec des idées qui, de prime abord, peuvent sembler absurdes. Il enseignait également une méditation de type oriental, à travers laquelle il cherchait le détachement du monde matériel et la vacuité de l’esprit. Il disait que quand les formes et les fonctions corporelles n’ont plus d’emprise, quand l’homme a renoncé aux sens, il tombe dans l’oubli de lui-même et des choses !

Comme la vacuité bouddhiste, cet oubli est un vide contenant des possibilités infinies et inépuisables, un espace de renaissance et de créativité, mais aussi un endroit difficile et dangereux.

En définitif, ce qu’Eckhart proposait n’était ni le réconfort à la rudesse d’une vie entravée, ni une récompense « différée », mais plutôt une dimension étrange et éprouvante, dans laquelle chacun pénètre à ses risques et périls : « Le désert de la divinité quand personne n’est à la maison ››.

De même que le prophète de l’Islam Mouhamad et Dante, Eckhart avait une expérience personnelle et directe du monde des esprits :

« Ainsi, si tu as peur de la mort, si tu t’accroches trop, viennent des démons qui t’arrachent à la vie

Mais si tu as fait la paix en toi, les démons deviennent des anges qui t’affranchissent du poids de la terre.

La seule chose qui nous brûle, ce sont ces choses que nous refusons d’abandonner, nos souvenirs et nos attaches. »

L’Ancienne Tradition Secrète dit que les outils nécessaires pour réussir à pénétrer le monde des esprits ont toujours été transmis de maître à élève par une chaîne initiatique, comme par exemple le « salsong » en Orient.

Il ne s’agit pas simplement de transmettre des connaissances par des mots, mais plutôt d’une sorte de procédé magique qui passe d’un esprit à un autre.

Il n’est pas possible de développer publiquement ce sujet, mais néanmoins nous aimerions vous en faire comprendre le sens par une parabole :

Un jour, un Maître dessina un cercle sur une table et demanda à son disciple ce qu’il voyait.

Son disciple lui répondit : « le dessus d’une table ! »

C’est bien, lui rétorqua le maître, les yeux d’un jeune homme doivent être ouverts sur l’extérieur.

Puis, sans rien ajouter, il se pencha vers lui et, du bout du doigt, lui toucha le front entre les yeux.

Son disciple vit alors le monde extérieur s’évanouir instantanément et fut ébloui par une vision de la froide déesse de la Lune, qui portait un crâne et un rosaire. Elle avait six visages, avec trois yeux chacun. Elle dansa et il perdit entièrement la notion du temps…

Lorsque sa vision s’estompa et rétrécit jusqu’à n’être plus qu’un point et disparaître, son Maître lui demanda : « Tu l’as vue ? ».

Son disciple sentit alors que la Déesse vivait encore en lui, brûlante, et qu’il en serait désormais, toujours ainsi !

Platon se référait déjà à un procédé analogue lorsqu’il parlait du « mimesis ». Dans l’allégorie de la caverne, il invitait son élève à créer une image mentale qui puisse opérer sur son esprit de manière irrationnelle.

Mais, il considérait aussi que la poésie envoûtante d’Hésiode transmettait cette Connaissance !

Comme Hésiode, Maître Eckhart transmettait la Connaissance et on peut considérer aujourd’hui qu’il fut un des douze maîtres « sublimes » de Paris, au même titre que les confréries occultes fondées sur le système de maîtres et d’adeptes, comme : la Grande Fraternité blanche, les Trente-Six Justes de la tradition kabbalistique, le Cercle intérieur d’Adeptes de Jésus, ou encore les Neuf Inconnus…

L’expérience spirituelle directe dont Maître Eckhart parlait avec une telle conviction dans ses sermons était le genre d’expérience que la religion officielle ne proposait plus à son époque, car son dogme s’était « fossilisé », aussi bien au niveau théologique, qu’au niveau des rituels !

Tous les prêtres de l’Antiquité savaient comment convoquer les dieux et les faire apparaître dans le saint des saints des temples, mais après 869, date à laquelle l’Eglise abolit la distinction entre l’âme et l’esprit, on ne savait plus comment atteindre le monde des esprits.

Au XIe siècle, les prêtres ne savaient même plus comment convoquer les esprits pendant la messe ! C’était donc dans ce climat de mécontentement que naquirent, à l’abri des regards, des associations entre des personnes qui se ressemblaient : des groupes de laïques en quête d’expériences spirituelles. Ils se réunissaient en secret : les frères et sœurs du Libre Esprit, les frères et sœurs de la Vie commune, la Famille d’amour ou encore les amis de Dieu…

Dans les sociétés allemande, hollandaise et suisse, il commença alors à circuler des histoires de personnes abordées par de mystérieux étrangers, qui les conduisaient à des réunions secrètes, ou qui les faisaient voyager dans des dimensions étranges, dans d’autres mondes ! En 1339, le célèbre mystique dominicain strasbourgeois Jean Tauler (1300 -1361), disciple de Me Eckhart, fut approché par un mystérieux profane de l’Oberland qui lui dit que ses enseignements manquaient de vraie spiritualité.

Tauler renonça alors à sa vie et suivit cet homme que certaines traditions rosicruciennes considéraient comme la réincarnation de Zarathoustra ! Quand il réapparut au bout de deux 2 ans, on dit qu’il fut si inspiré pendant ses prêches que l’Esprit saint joua de lui comme d’un luth. Quand il parla de son initiation, il dit :

« Ma prière a été entendue. Dieu m’a envoyé l’homme que j’ai tant attendu pour m’apprendre la sagesse que les hommes d’école n’ont jamais sue. »

Martin Luther dira de Tauler :

« En ce qui me concerne, je n’ai jamais rencontré, ni en latin, ni dans notre langue (l’Allemand), une théologie plus saine et plus consonante avec l’Evangile.»

Au XVIIIe siècle, le philosophe Karl von Eckarthausen (1752-1803), que l’on considère aussi comme le premier théosophe allemand, écrira à propos de ces mystérieux étrangers :

« Ces sages, qui ne sont pas nombreux, sont les enfants de la lumière. Leur tâche est de faire autant de bien à l’humanité qu’il est en leur pouvoir, et de boire leur sagesse à la fontaine éternelle de la vérité.

Certains vivent en Europe, d’autres en Afrique, mais ils sont liés les uns aux autres par l’harmonie de leur âme et ne font donc qu’un.

Ils sont ensemble même s’ils se trouvent à des milliers de kilomètres de distance. Ils se comprennent, alors qu’ils parlent des langues différentes, car le langage des sages est la perception spirituelle.

Aucune personne malfaisante ne peut vivre avec eux, car elle serait immédiatement reconnue. »

Certains grands individus, comme Melchisédek, ont été des avatars, des incarnations de grands êtres spirituels, capables de vivre en constante communication avec les esprits. D’autres, comme Isaïe, étaient des initiés dans des incarnations précédentes et portaient le pouvoir de cette initiation dans leur nouvelle incarnation.

Le cosmos préparait les gens, mais chacun de façon différente :

On dit que Mozart aurait traversé une série de courtes incarnations, qui avaient pour but de n’interrompre que très brièvement son expérience du monde des esprits afin que, lorsqu’il s’incarnerait en Mozart, il puisse encore entendre la musique des Sphères.

D’autres encore, comme Jeanne d’Arc, habitaient des corps préparés pour être extrêmement sensibles, parfaitement syntonisés, au point que les esprits d’un niveau très supérieur étaient capables d’œuvrer à travers eux, même s’ils n’étaient pas des incarnations de ces esprits.

Dans notre vidéo consacrée aux Templiers, nous avions fini en mentionnant un événement extraordinaire :

Durant les premières années du XIIIe siècle naquit un enfant chétif.

Peu après sa naissance, il fut emmené et élevé par douze sages qui vivaient dans un ancien édifice Templiers, à Montsalvat, à la frontière entre la France et l’Espagne.

Le garçon était totalement isolé du monde et les gens de la région ne purent jamais le voir, mais il était animé par un esprit si fort et si brillant que son petit corps devenait translucide !

Les douze Sages l’initièrent aux alentours de 1254 et il mourut peu de temps après, ayant partagé sa vision spirituelle avec ceux qui l’avaient élevé.

Ils l’avaient préparé pour sa prochaine réincarnation…

La tradition secrète dit que le grand être qui s’était incarné brièvement au XIIIe siècle, en la personne du petit garçon à la peau lumineuse, réapparut en 1378 ; il allait changer la face de l’Europe !

Christian Rosenkreutz

La vie de Christian Rosenkreutz est souvent considérée comme une allégorie, ou un fantasme, une légende, pourtant, la tradition secrète dit qu’il naquit en 1378, dans une famille allemande qui vivait à la frontière entre la région de la Hesse et la Thuringe. Orphelin à 5 ans, il fut envoyé vivre dans un couvent, où il apprit sommairement le grec et le latin. À 16 ans, il partit en pèlerinage, il désirait visiter le Saint-Sépulcre à Jérusalem. À Chypre, l’ami qui l’accompagnait mourut !

Rosenkreutz poursuivit sa route seul jusqu’à Damas et Jérusalem et enfin jusqu’à un endroit mystérieux, appelé « Damcar », où il étudia trois ans et fut initié par la confrérie soufie appelée « Ikhwan al-Safa », ou « frères de Pureté ». À cette époque, il traduisit le « Liber M » ou « Livre du monde » qui, dit-on, contient l’histoire passée et future du monde. Il poursuivit ensuite sa route jusqu’en Égypte, en Libye et à Fez, où il apprit la Kabbale et la magie, avant de rentrer en Europe, déterminé à transmettre ce qu’il avait appris !

En Espagne, ses connaissances ne lui vaudront que des moqueries et après avoir été humilié, il retourna en Allemagne pour y vivre reclus. Cinq ans plus tard, il réunit trois de ses anciens amis du couvent… C’est ainsi que naquit, d’après la légende, la fraternité des Rose-Croix !

Il enseigna à ses amis les sciences initiatiques qu’il avait appris en voyage. Ils écrivirent ensemble un livre contenant tout ce que l’homme peut désirer, demander et espérer et ils firent le serment d’obéir à six obligations :

  • Soigner les malades gratuitement,
  • adopter les tenues et les coutumes des pays qu’ils visitaient afin de passer inaperçus,
  • revenir chaque année dans la maison de Christian Rosenkreutz, connue désormais sous le nom de maison du Saint-Esprit,
  • ou bien écrire pour expliquer leur absence
  • et, enfin, choisir, avant de mourir, une personne qui deviendrait leur successeur et qu’ils auraient à initier.

Enfin, ils tombèrent d’accord pour que la fraternité reste secrète durant cent ans !

Ils furent alors rejoints par quatre autres frères, puis partirent aux quatre coins de la planète avec la mission de transformer le monde… Comme ils connaissaient les secrets de la nature et pouvaient commander aux êtres désincarnés, ils arrivaient à exercer leur volonté de manière magique et s’en servaient habituellement pour accomplir des miracles de guérison.

On dit qu’ils pouvaient se rendre invisibles, qu’ils savaient lire dans les esprits, comprenaient toutes les langues et pouvaient même projeter des images vivantes d’eux-mêmes ou communiquer à de grandes distances. Les extraordinaires dons surnaturels attribués aux Rose-Croix firent d’eux une des plus grandes légendes romantiques de l’histoire de l’Europe.

Ils avaient dit-on, le don de longévité et Rosenkreutz mourut en 1484, à 107 ans !

On situe habituellement l’émergence exotérique de la Rose-Croix en 1604, soit 120 ans après la mort de Christian Rosenkreutz (1378-1484). C’est à cette époque que commencèrent à circuler sous le manteau les premiers manifestes rosicruciens et particulièrement : la Fama Fraternitatis et La Confessio Fraternitatis.

Dans la « Fama Fraternitatis », il est spécifié que les Rose-Croix successeurs de Christian Rose-Croix découvrirent son tombeau en 1604. Sur le sommet de la porte était indiqué en grands caractères : « je m’ouvrirai dans 120 ans ».

Ces manifestes furent officiellement publiés en Allemagne en 1614 et en 1615 et faisaient pour la première fois mention de cette fraternité.

En 1616, la publication d’un troisième texte énigmatique : Les Noces Chymiques de Christian Rosenkreutz, attribué à Johann Valentin Andreae (1586-1654), leur fut aussi associé.

Ce texte précise que les Rose-Croix « ne jettent pas de perles aux pourceaux, ni de roses aux ânes », indiquant par là qu’il s’agit d’une œuvre ésotérique codée qui révèle des connaissances précises d’alchimie chrétienne, de magie, et de mathématiques…

Au début du XXe siècle, Rudolf Steiner et Max Heindel, le fondateur de la Rosicurcian Fellowship (Association Rosicrucienne) prétendirent même que Christian Rosenkreutz s’était réincarné au cours du XVIIIe siècle, sous les traits de l’énigmatique Comte de Saint-Germain, un mystérieux courtisan, aventurier et alchimiste, mort « officiellement » le 27 février 1784.

Pour Jan van Rijckenborgh, le fondateur de l’École de la Rose-Croix d’Or (Lectorium Roscrucianum), Christian Rosenkreutz était le prototype de l’être régénéré, d’un être accompli selon l’esprit, l’âme et le corps. Cet être œuvrerait directement en tant que force spirituelle concentrée, en agissant au sein de ses temples qu’il nommait lui-même « Temples de Feu ».

Le rôle des rosicruciens devait consister à dynamiser les forces du corps éthérique de Rosenkreutz, pour les transmuter en un corps d’initiation accessible à tous…

Jan van Rijckenborgh disait que le courant rosicrucien s’était associé étroitement avec les Cathares, sans pourtant influencer leur doctrine et leurs rites de l’extérieur, ce qui permettait de faire remonter l’histoire rosicrucienne au XIIIe siècle (celui de Maître Eckhart).

Par la suite, une certaine influence aurait perduré avec les Templiers et plus spécialement tout ce qui a été à l’origine de la quête du Saint Graal, ainsi que les textes y faisant référence.

En fait, Cathares, Graal, et « Croix aux Roses » étaient considérés par ces rosicruciens comme trois dimensions d’une même quête éternelle, s’accomplissant à travers les siècles et s’exprimant par Christian Rosenkreutz !

Robert Fludd

Le mystique anglais Robert Fludd (1574 – 1637) fut un éminent rosicrucien. Il était médecin de profession, mais aussi physicien, paracelsien et astrologue. Il fut reçu maître ès-arts à Oxford en 1598, mais trouvant que sa formation était insuffisante, il entreprit dans le but de perfectionner ses connaissances, un voyage qui dura six années sur le Continent. Il parcourut ainsi l’Espagne, la France, l’Italie et entra probablement en contact direct avec le mouvement rosicrucien, en Allemagne.

Fludd publia un article défendant la confrérie, dans lequel il réfutait toute accusation de magie noire à son égard. Il argumenta que les dons surnaturels des Rose-Croix étaient un don du Saint-Esprit, comme saint Paul l’expliquait dans l’épître aux Corinthiens, traitant de la prophétie, des miracles, de la connaissance des langues, des visions, des guérisons et de l’exorcisme.

Fludd est considéré aujourd’hui comme un des grands humanistes de la Renaissance dont les connaissances portaient sur l’ensemble des sciences humaines. Il consacra une part importante de ses écrits volumineux à l’hermétisme et à défendre la réforme des sciences.

Dans ses livres, il s’attachait aussi à présenter l’harmonie entre le macrocosme (le monde extérieur) et le microcosme (l’homme), et s’intéressait aux correspondances harmoniques qui existent entre les planètes, les anges, les parties du corps humain, ou encore la musique.

D’après la tradition ésotérique, il fut aussi un grand kabbaliste qui travailla pour Jacques 1er sur la Bible de 1611, également connue sous le nom de « Bible du roi Jacques ».

En tant que médecin, il s’intéressait aux idées de Paracelse et fut un précurseur… On lui doit notamment la description du premier baromètre ainsi que des découvertes sur la circulation du sang.

Il pratiquait la guérison à distance avec l’aide d’un « onguent de sympathie », décrit auparavant par Paracelse et qui était aussi utilisé par d’autres médecins rosicruciens et alchimistes de l’époque, comme Jan Baptist van Helmont et Kenelm Digby.

Mais Fludd était avant tout un spiritualiste, il établissait une distinction entre la partie physique mortelle et la partie animique et immortelle de l’homme.

Pour lui, l’âme était liée à Dieu, tandis que le corps physique était une partie de la nature. L’esprit de la vie, la force essentielle de la vie ou force vitale, éthérée et reliée à l’âme, constituait à la fois la conscience et l’esprit animal en nous. Cette force vitale était donc la cause de toutes les fonctions vitales…

Fludd, comme Paracelse ou d’autres rosicruciens était aussi alchimiste. Etrangement cet Art mystérieux a toujours été lié de façon très intime à la Fraternité de la Rose+Croix ! C’est elle d’ailleurs qui commença pour la première fois dans l’histoire à rendre compte de l’Alchimie d’une manière la plus systématique !

A ce propos, il est intéressant de signaler que lorsque Maître Eckhart et Tauler parlaient de la transformation matérielle du corps par la pratique spirituelle, Eckhart faisait déjà d’intrigantes allusions à l’alchimie :

« Le cuivre, avait-il dit, est agité, jusqu’à ce qu’il devienne de l’or ››.

L’Alchimie

Qu’est ce que l’Alchimie ? Si vous cherchez le mot « Alchimie » sur Wikipédia vous trouverez la définition suivante :

L’alchimie est une discipline qui recouvre un ensemble de pratiques et de spéculations en rapport avec la transmutation des métaux.

L’un des objectifs de l’alchimie est le « Grand Œuvre », c’est-à-dire la réalisation de la « Pierre Philosophale » permettant la transmutation des métaux, notamment des métaux « vils », comme le plomb, en métaux nobles, l’argent, l’or.

Un autre objectif classique de l’alchimie est la recherche de la panacée (médecine universelle) et la prolongation de la vie via un élixir de longue vie.

La pratique de l’alchimie et les théories de la matière sur lesquelles elle se fonde sont parfois accompagnées, notamment à partir de la Renaissance, de spéculations philosophiques, mystiques ou spirituelles.

Derrière des textes hermétiques constitués de symboles cachant leur sens au profane, certains alchimistes s’intéressaient plutôt à la transmutation de l’âme, c’est-à-dire à l’éveil spirituel ; on parle alors de l’alchimie mystique.

Plus radical encore, l’Ars Magna, une autre branche de l’alchimie, a pour objet la transmutation de l’alchimiste lui-même en une sorte de surhomme au pouvoir quasi-illimité.

Enfin, un autre but de l’alchimie, est la création d’un homme artificiel de petite taille, l’homoncule.

Des pensées et des pratiques de type alchimique ont existé en Chine dès le IVe siècle av. J.-C. et en Inde dès le VIe siècle. L’alchimie occidentale, quant à elle, prend vraisemblablement ses origines dans l’Égypte hellénistique des Ptolémées entre -100 av. J.-C (avec Bolos de Mendès) et 300 ap. J.-C (avec Zosime de Panopolis). Elle s’est ensuite développée dans le monde arabe puis européen durant le Moyen Âge et jusqu’à la Renaissance.

Jusqu’à la fin du XVIIe siècle les mots alchimie et chimie étaient des synonymes et furent utilisés indifféremment. Ce n’est qu’au cours du XVIIIe siècle qu’ils se distinguèrent, et que l’alchimie connut une phase de déclin, sans toutefois disparaître totalement, alors que la chimie moderne s’imposa avec les travaux de Lavoisier (1743 -1794).

Personnellement, nous ne pouvons entièrement nier ce que dit Wikipédia, mais toutefois, nous pouvons aussi affirmer que l’Alchimie est autre chose !

La Tradition Secrète a toujours reconnu l’existence de véritables alchimistes, parmi lesquels ont peut citer entre autres :

Hermès Trismégiste (l’auteur de la mystérieuse Table d’émeraude), Geber, Nicolas Flamel, Roger Bacon, Ramon Llull, Albert le Grand, Paracelse, George Ripley, Bernard le Trésivan, Basile Valentin, Le Cosmopolite, Arnauld de Villeneuve, Michel Maier (auteur de l’Atalante Fugitive), ou encore plus récemment, Fulcanelli.

Contrairement à ce que croient les matérialistes, le Grand Œuvre n’a jamais eu pour but essentiel de fabriquer de l’or !

L’Alchimie est une science remontant à la plus haute Antiquité (Thot-Hermès).

Le terme « alkimia » (ou terre noire), qui désignait autrefois l’Egypte antique, semble provenir de racines arabes al et kimia, signifiant la chimie. Mais le terme « al-chimie » semble aussi avoir une étymologie beaucoup plus noble et ancienne.

On sait que « al » en arabe et « el » en hébreu, désignent l’Etre Suprême, le Tout-Puissant, al entre dans Al-lah et el dans El-oïm, Etern-el, Rapha-ël, etc.

Le mot « al-kimia » a donc dû désigner dans les temps les plus reculés, la science de Dieu, ou la chimie de al.

Cette dénomination est d’autant plus pertinente que l’Alchimie est véritablement la chimie de Dieu.

En effet, le Grand Œuvre est avant tout l’art de comprendre la Genèse des mondes, afin d’en créer, naturellement à l’échelle microcosmique.

Par lui, le Sage comprend la création du monde, son « devenir » et peut en percer les mystères…

C’est donc l’application de cette conception spirituelle, ramenée sur le plan physique qui amène l’Elu à réaliser la transmutation des métaux ; l’épuration de notre « Je» allant aussi de pair avec le processus du Grand Œuvre.

Dans le langage alchimique, un Adepte et donc un alchimiste (ou Artiste) qui est parvenu à obtenir la Pierre Philosophale en conduisant le Grand Œuvre à son terme et qui a reçu l’illumination de Dieu.

L’Alchimiste est donc avant tout un missionné céleste !

Certains Adeptes, comme Nicolas Flamel, ont eu pour mission d’aider les malheureux en construisant des hôpitaux ; d’autres, comme le Cosmopolite, ont eu pour mission de parcourir le monde anonymement afin de propager les bases de cette Sainte Science…

Il y a fondamentalement, quatre voies alchimiques : la voie humide, la voie sèche, la voie mixte ou des amalgames et la voie brève, qui n’est en réalité pas à proprement à parlé alchimique.

A titre d’exemple : La voie humide dure 28 mois philosophiques, répartis comme suit :

2 pour la Préparation, 8 pour la phase Solve, 16 pour la phase Coagula, 2 pour la Multiplication

(voir notre première vidéo : La Pierre Philosophale).

Notre but n’est pas de fournir les clés de cet Art, ni d’expliquer comment briser les sceaux hermétiques pour réaliser la Pierre Philosophale, mais seulement de faire comprendre pourquoi l’Alchimie est un Art Sacré qui n’a jamais été véritablement compris par les profanes et les scientifiques (modernes ou anciens)…

Les alchimistes emploient toujours un langage codé pour parler du Grand Œuvre. En règle générale, plus leurs propos sont obscurs, plus ils révèlent de façon claire leurs secrets.

Il faut donc toujours se méfier des propos trop évident ou facilement compréhensibles, car ils sont toujours extrêmement trompeur, et contribuent dans la plupart du temps à égarer les gens cupides, les souffleurs (ceux qui cherchent vainement) ou les simples curieux !

Ainsi, le terme « vif-argent » désigne le mercure que l’on extrait du cinabre (celui du commerce), alors que « l’argent-vif » au contraire représente la quintessence des trois corps : sel, soufre et mercure des Philosophes.

Il y a donc un abîme vertigineux entre ces deux termes !

Mais il en va de même pour beaucoup d’autre termes, il y a donc aussi un gigantesque abîme entre les termes « Mercure de Philosophes », « Mercure philosophal » et « Mercure Philosophique », le Mercure Philosophal étant un moyen terme entre les 2 autres…

Pour prendre un autre exemple, vous devez comprendre que les « Mois philosophiques », n’ont strictement rien en commun avec les mois ordinaires.

Ils représentent un temps conventionnel et sont calculés de sorte que les quatre quartiers d’une lunaison, ramenés à 24 heures, coïncident avec les quatre saisons du Grand Œuvre, commençant en hiver.

La connaissance du temps est donc d’une grande importance au cours du travail alchimique, mais ce n’est pas la seule !

La connaissance de la Materia Prima propre à l’œuvre, de l’Agent Primordial et du Feu Secret est tout aussi primordiale, car sans eux il serait impossible de débuter l’œuvre et toute tentative serait irrémédiablement vouée à l’échec…

De plus, toutes les proportions indiquées dans les textes alchimiques, si tant est qu’elles soient vraies, sont toujours théoriques.

Elles dépendent entièrement du sujet de l’Œuvre et sont susceptibles de modifications, suivant le degré de pureté des trois éléments du mixte.

L’Artiste devra donc toujours leur apporter les corrections nécessaires. Cependant, il est aussi vrai de dire que les proportions ne sont pas calculées par l’homme, mais par la nature !

Nous savons par l’analyse que 100 grammes de matière finie (Minière des Sages dont les éléments ont étés séparés), comporte approximativement :

50 gr de Mercure des Philosophes,
37,5 gr de Soufre des Philosophes,
12,5 gr de Sel des Philosophes.

Mais, vous devez aussi comprendre que ces poids ne sont d’aucune utilité, car ils représentent des quantités de matière finie et non à faire, ce qui est grandement différent !

Ceci dit, voici trois formules dont la valeur et la véracité ne sont plus à démonter :

Préparation = C6 H9 O15
Solve = C8 H10
Coagula = C16H28

Nous n’irons pas plus loin dans le développement de la pratique !

En conclusion, on peut dire que l’Alchimie est un Art beaucoup plus qu’une science, car il faut être un bon Artiste, et même un très bon « Equilibriste » pour obtenir la précieuse Pierre Philosophale !

Beaucoup d’Artistes très érudits dans ce domaine ont échoué alors qu’ils arrivaient au terme du Grand Œuvre, comme Eugène Canseliet (1899 – 1982), le célèbre disciple de Fulcanelli !

Au XVe siècle, un illustre peintre néerlandais exposa lui aussi ostensiblement ses idées sur l’alchimie, dans certaines de ses œuvres. Partons maintenant à sa rencontre…

Jérôme Bosch

De son vrai nom Hieronymus van Aken, dit Jérôme Bosch ou Hieronymus Bosch, naquit vers 1450, dans une famille modeste originaire d’Aix-la-Chapelle. Après avoir épousé en 1478, la fille d’un riche aristocrate, il fut accueilli à Bois-le-Duc comme « membre notable » par la confrérie Notre-Dame, une association religieuse consacrée au culte de la Vierge, dont il deviendra naturellement le peintre attitré.

En réalité, on sait très peu de choses sur cet artiste qui était aussi mage, si ce n’est qu’il avait un cheval et qu’il aurait contribué à la création de l’autel et des dessins des vitraux de la cathédrale d’Aachen, sa ville natale.

Dans l’atmosphère d’hérésie et de mysticisme qui régnait à son époque, Bosch puisa une nouvelle inspiration qui lui fit délaisser l’iconographie traditionnelle, pour s’orienter vers des œuvres « sacrilèges » où le religieux se confrontait au péché et à la damnation :

  • – Les Sept Péchés capitaux (1475-80, musée du Prado à Madrid),
  • – La nef des fous (1490-1500, musée du Louvre à Paris),
  • – Le triptyque du Jardin des délices (1503-1504, musée du Prado à Madrid), une allégorie fantastique complexe, composée de personnages et d’animaux hybrides, faisant de nombreuses références à l’alchimie…

Son style fut caractérisé par des personnages caricaturaux issus des bestiaires du Moyen Âge, et mis en scène dans des diableries…

Au début du XVIe siècle, son voyage à Venise donna une nouvelle dimension à ses œuvres qui montrèrent alors l’exemple de la vie des Saints comme unique voie de Salut :

Saint Jean à Patmos (1504-1505, Gemäldegalerie à Berlin), Saint Jérôme en prière (v. 1505, Gand, musée des Beaux-Arts) ou encore La Tentation de saint Antoine (1510, Museu Nacional de Arte Antiga de Lisbonne).

Jérôme Bosch mourut en 1516, mais fut l’inventeur d’un style repris ensuite par plusieurs artistes, dont Bruegel l’Ancien.

Il sera longtemps reconnu par les surréalistes du XXe siècle comme le « maître » de leur art…

La Tradition Secrète dit que ces Tableaux sont profondément ésotériques et contraires au dogme de l’Église. Bosch ne croyait pas, par exemple, que les malfaiteurs impénitents allaient en enfer et qu’ils y restaient pour l’éternité.

Il pensait qu’après la mort, l’esprit voyageait à travers les sphères de la Lune, puis s’élevait dans les sphères planétaires, au plus haut des cieux, avant de redescendre dans l’incarnation suivante.

Dans le détail d’un des panneaux du Jardin des délices, son œuvre appelée conventionnellement « Enfer », on voit un esprit en train de descendre d’une sphère à une autre.

Son tableau « Les Sept Péchés capitaux », montre également qu’il connaissait une technique pour atteindre des états alternatifs, qui était pratiquée dans différentes écoles ésotériques de par le monde.

D’après les enseignements ésotériques indiens, le seigneur d’or des pouvoirs cosmiques « Purusha » est présent aussi bien dans le Soleil que dans la pupille de l’œil.

Dans les Upanishad, il est écrit :

« Purusha est le miroir, sur lui je médite ».

Ainsi, en regardant fixement son propre reflet dans son œil droit, on peut étendre sa conscience, passé d’une contemplation de son ego limité à la contemplation de son être divin, semblable au Soleil et présent dans chaque chose.

Le mystique hollandais Jan Van Ruysbroeck, qui utilisait également cette méthode, disait que s’oublier soi-même et oublier le monde mène tout d’abord à des sensations de vacuité et de chaos, puis que le champ de vision se remplit d’énergie cosmique.

Les images chaotiques qui apparaissent et qui semblent sorties des rêves finissent par se mettre en place et prendre un sens.

Il faut savoir que cette technique de méditation « d’œil à œil » peut également se pratiquer dans un contexte sexuel.

Au XIIIe siècle, la mystique Mathilde de Magdebourg avait des visions d’un temps où la sensualité serait complètement intégrée à l’ordre spirituel des choses.

Cet élan, croyait-elle, grandirait et prendrait racine en Europe du Nord, où apparaissait quelque chose de très différent de l’ascétisme de Ramón Llull.

Des groupes ésotériques comme les frères et sœurs du Libre Esprit, qui eurent de l’influence au temps de Bosch, étaient guidés par une vision de communautés rassemblées non pas par la loi, mais par l’amour !

L’amour, quand il est contrôlé avec sagesse, est le chemin qui mène à la perfection divine !

Intéressons-nous maintenant au plus énigmatique médecin du XVIe siècle, auquel se référait Robert Fludd et qui fut à bien des égards, très étroitement associé à la fraternité de la Rose+Croix.

La légende raconte que certains de ses écrits auraient été enterrés avec le fondateur des Roses+Croix…

Personnellement, nous pensons que c’est peu probable car Christian Rosenkreutz mourut en 1484, soit 9 ans avant sa naissance !
Paracelse

Paracelse, né Philippus Theophrastus Aureolus Bombastus von Hohenheim (1493 – 1541), fut un alchimiste, un astrologue et un médecin suisse allemand. Toute la vie de Paracelse fut marquée par deux particularités majeures : une perpétuelle effervescence et un esprit critique violent et agressif.

Dans son traité « De vita longa » il écrivit : « La vie n’est rien d’autre qu’une certaine mumia agissant comme un baume et préservant le corps mortel des vers mortels et de la corruption grâce à une liqueur mêlée de sel ».

Mais cet esprit rebelle et mystique, typique de la Renaissance, fut aussi à l’origine de pensées très avant-gardistes, comme la « médecine du travail » et fut considéré, à juste titre, comme le père de la médecine expérimentale moderne.

En 1502, à neuf ans, suite aux guerres souabes, Théophraste déménagea à Villach, en Carinthie (Autriche), avec son père, alors enseignant à l’école des mines de Hüttenberg.

Encore adolescent, il travailla dans des mines de Schwyz, appartenant à la famille des célèbres banquiers Fugger.

A 16 ans, il entreprit des études de médecine à l’université de Bâle, puis à Vienne et à l’Université de Ferrare en Italie, ou il obtint en 1516 et à l’âge de 22 ans son diplôme de doctorat en médecine.

Il se choisira alors pour patronyme « Paracelse » et expérimentera très tôt et à des fins thérapeutiques des sels minéraux très toxiques, comme l’arsenic, le soufre, ou encore le cuivre.

De 1517 à 1524, il entreprit toute une série de voyages à travers l’Europe : Paris, Montpellier, Lisbonne et Oxford.

Pendant cette période, il se fit même enrôler en 1519, comme chirurgien-barbier dans l’armée hollandaise aux Pays-Bas, puis dans l’armée danoise en Scandinavie et assista au siège de Stockholm en 1520.

Il participa aussi aux guerres de Venise (1521-1525), comme chirurgien militaire dans les troupes vénitiennes et se rendra à cette occasion dans l’Empire ottoman.

En 1526, il acquit le droit de bourgeoisie à Strasbourg et deviendra même en 1527, pendant une année, professeur de médecine à l’Université de Bâle, avant d’être chassé de la ville à cause de la vindicte de ses collègues !

Il reprit alors ses voyages et en 1535, après avoir étudié les bienfaits des eaux thermales dans des villes comme Pfäffers, il élaborera le concept de la balnéothérapie moderne.

Vers 1538, après avoir retrouvé la gloire, il deviendra superviseur des ateliers métallurgiques à Villach, dans les mines de famille Fugger.

Enfin en 1541, à l’appel de l’archevêque-duc Ernest de Bavière, friand de sciences occultes, il s’installa à Salzbourg et y mourut le 24 septembre de la même année, à la suite d’un cancer du foie et aussi probablement pour avoir respiré trop d’émanation de mercure !

Après une vie des plus romanesques, Paracelse sera inhumé, conformément à ses dernières volontés, dans le cimetière de l’église Saint-Sébastien de Salzbourg.

Ses restes se trouvent aujourd’hui dans une tombe située sous le porche de l’église, avec ces mots:

Pax vivis – requies aeterna sepultis
(Paix aux vivants – repos éternel aux défunts).

Sa devise était : « Alterius non sit qui suus esse potest »
« Ne soit d’un autre qui peut être sien »,

ou encore : « Qu’il n’appartienne pas à autrui,
celui qui peut s’appartenir à lui-même ».

Il écrivit de nombreux livres, dont entre autres : Les sept livres de l’Archidoxe magique, le Traité des trois essences premières, La lumière physique de la nature ou encore Le livre de la longue vie…

La Fraternité de la Rose+Croix et les adeptes de l’hermétisme ont toujours fait référence à Paracelse car en réalité, il était bien plus qu’un simple médecin.

La tradition secrète dit qu’il étudia aussi sous la tutelle de Jean Trithème (1462 – 1516), l’abbé de Saint-Jacob à Wurzbourg, un des grands initiés de cette époque dans le domaine de l’occulte connu pour ses découvertes en cryptologie.

Ces ouvrages les plus remarquables sont « Steganographia » et « Polygraphia ».

Steganographia se présente comme un traité d’angéologie d’inspiration kabbaliste en 3 volumes, avec des explications pour communiquer avec les esprits, sur de longues distances.

Polygraphia, présenté en six livres, traite plus spécifiquement de la cryptologie.

Trithème fut aussi le professeur du célèbre occultiste Henri Corneille Agrippa de Nettesheim (1486 -1535), dit Cornelius Agrippa, qui tenta dans son ouvrage « De occulta philosophia » de rédiger un compte rendu encyclopédique de la Kabbale chrétienne.

Cet ouvrage de référence incluait un important grimoire de magie qui est toujours utilisé aujourd’hui par les occultistes…

Revenons à Paracelse…

D’un certain côté, on peut dire qu’il anticipait les frères Grimm en recueillant l’ancienne connaissance ésotérique avant qu’elle ne disparaisse.

Il savait que la conscience changeait et qu’à mesure que l’intellect se développait, l’humanité perdait la connaissance instinctive des herbes médicinales, une connaissance qui jusque-là avait été partagée avec les animaux supérieurs.

Grâce à ces cures miraculeuses, Paracelse devint vite célèbre et on murmurait qu’il avait une canne-épée, dans le pommeau de laquelle il cachait un remède alchimique, très efficace !

En réalité, c’était de l’Azoth, le Feu Secret des alchimistes qui libérait l’âme du corps !

Dans l’alchimie indienne, le Mercure est aussi appelé « semence de Shiva ».

L’épée de Paracelse a donc été forgée dans la chaleur du désir sexuel : c’est une épée de chair et l’Azoth qui en sort par le pommeau est le Mercure Philosophique.

Nous n’en dirons pas plus !

Dans son livre « Neun Bücher Archidoxis » il écrira :

« D’après Jean de Roquetaillade (Johann de Rupescissa, 1310-1366) : il faut extraire la médication efficace des composantes impures des plantes, des racines, des métaux, pour que les vertus curatives de la nature, les arcanes, puissent agir contre les maladies. »

Il disait que la nature était son maître :

« Je ne désire ni vivre confortablement, ni devenir riche. Le bonheur est bien mieux que la richesse et heureux celui qui vagabonde, ne possédant rien qui exige qu’il n’y accorde du soin. Celui qui veut étudier le livre de la nature doit promener ses pieds sur ses feuilles. »

Cependant, certains de ses écrits étaient aussi étrangement ambigus, comme ceux sur « l’homunculus », un être invisible qui naissait de la putréfaction du sperme, ou ceux sur la « mangonaria », un pouvoir de suspension magique qui permettait de soulever des objets très lourds…

Il disait aussi qu’il connaissait certaines régions où un grand nombre d’élémentaux vivaient ensemble et adoptaient les vêtements et les coutumes des humains.

Paracelse avait également des idées étonnantes à propos du sommeil et des rêves. Il disait que, pendant le sommeil, le corps sidéral (ou l’esprit animal) devenait libre de mouvement et pouvait s’élever jusqu’à la sphère de ses ancêtres et converser avec les étoiles.

Selon lui, les esprits qui voulaient se servir des hommes agissaient souvent sur ces derniers dans leurs rêves, et une personne endormie pouvait en visiter une autre dans ses rêves.

Il connaissait des pratiques sexuelles secrètes à pratiquer avant le sommeil, qui pouvait détacher le corps végétal du corps matériel et pouvait aussi aider d’autres esprits à venir sur terre et lui apparaître en rêve…

Il évoqua même à ce sujet les incubes et les succubes (Démons masculins et féminins, supposés abuser des gens durant leur sommeil) qui se nourrissaient d’émissions nocturnes.

Mais Paracelse était aussi un prophète et, à la fin de sa vie, tout comme Joachim de Flore, il prophétisa le retour d’Élie, qui reviendrait et rétablirait toute chose…

Comme Paracelse au XVe siècle, un célèbre magicien du XVIe siècle était aussi mû par un désir irrésistible de faire directement l’expérience du monde des esprits. Il fut sans doute le plus grand archétype du mage qui n’ait jamais existé depuis Zarathoustra !

Bien qu’il n’ait jamais véritablement revendiqué cette appartenance, on a dit de lui qu’il était Rose+Croix.

Son image fait aujourd’hui partie de la culture populaire : vêtu de sa longue robe noire et portant une calotte, ce célèbre magicien entouré d’instruments alchimiques convoquait au milieu des éclairs de lumière des êtres désincarnés grâce à des pentacles dessinés à la craie sur le sol !

Partons à la rencontre du dernier personnage de cette vidéo…

John Dee

John Dee (1527 – 1608) était un célèbre mathématicien, astronome, astrologue, géographe et occultiste britannique, qui consacra une grande partie de sa vie à l’étude de l’alchimie, de la divination et de la philosophie hermétique. Le Dr Dee a ouvert la voie à l’étude des sciences et de la magie au moment où l’on commençait à différencier ces deux notions.

Réputé comme étant l’un des hommes les plus cultivés de son époque, il a donné des cours à l’université de Paris devant des salles combles alors qu’il n’était âgé que d’une vingtaine d’années.

C’était un ardent défenseur des mathématiques, un astronome réputé et un expert en navigation.

En effet, il a lui-même formé la plupart des hommes qui dirigèrent les expéditions des Grandes découvertes de l’Angleterre.

C’est même lui qui créa le célèbre terme « d’Empire britannique ».

Mais dans le même temps, il s’impliqua aussi énormément dans la magie judéo-chrétienne et dans la philosophie hermétique, dédiant le dernier tiers de sa vie à l’étude exclusive de ces dernières.

Pour Dee comme pour ses contemporains, ces différentes recherches n’étaient pas contradictoires mais constituaient des aspects particuliers d’une vision du monde cohérente.

John Dee est né à Tower Ward, à Londres. Son père, Roland Dee, était marchand et membre officiel de la cour d’Henri VIII.

Le nom « Dee » dérive du mot gallois du signifiant « noir ».

Dee fit sa scolarité à la Chantry School de Chelmsford (devenue de nos jours la King Edward VI Grammar School), puis – de 1543 à 1546 – à St John’s College, Cambridge.

À la fin des années 1540, il voyagea en Europe, étudia à l’Université catholique de Louvain puis à Bruxelles et donna des cours sur Euclide à Paris.

Il étudia avec Frisius et devint un ami intime du cartographe Gerardus Mercator.

Dee revint en Angleterre, rapportant avec lui une importante collection d’instruments mathématiques et astronomiques.

En 1552, il rencontra Gerolamo Cardano à Londres et s’associèrent afin d’étudier une machine à mouvement perpétuel ainsi qu’une gemme censée avoir des vertus magiques.

En 1554, Dee refusa une chaire de mathématiques à l’université d’Oxford et devint membre en 1555 d’une corporation de commerçants, la « Worshipful Company of Mercers », à la suite de son père.

La même année 1555, il fut arrêté et accusé d’avoir « calculé » les horoscopes de la reine Marie et de la princesse Élisabeth ; en ce qui concerne Marie, les accusations furent aggravées, allant jusqu’au chef de trahison !

Dee comparut devant la chambre étoilée, la Camera Stellata (tribunal du Palais de Westminster) et réussit à se disculper en partie, à condition de subir un examen religieux pratiqué par le prêtre catholique Edmund Bonner (ce dernier étant tristement célèbre pour son rôle dans la persécution des hérétiques sous le règne de Marie).

En 1556, Dee présenta à la reine Marie un projet de création d’une bibliothèque nationale ayant comme vocation la conservation de vieux livres et de manuscrits.

Ce projet n’ayant pas été retenu, il accumula une multitude de livres et de manuscrits récupérés en Angleterre et sur tout le continent européen.

La bibliothèque de sa maison de Mortlake devint alors un véritable centre d’apprentissage hors des universités, qui attira de nombreux érudits et étudiants.

On dit qu’elle était presque aussi grande que celle du grand historien français Jean-Auguste de Thou (1553 – 1617).

En 1558, il deviendra le conseiller personnel en science et en astrologie de la reine Élisabeth 1er, lorsqu’elle accéda au trône. Il avait choisit lui-même la date de son couronnement…

Dee influença également la politique étrangère de la reine, en Europe, comme dans l’Amérique colonisée.

Au sommet de sa fortune, il possédait une charte qui lui garantissait la propriété du grand bloc continental appelé « le Canada » et guida les voyages d’exploration de l’Empire britannique !

En 1564, Dee écrivit une de ses plus célèbres œuvres hermétiques, le Monas Hieroglyphica (ou La Monade Hiéroglyphique), une interprétation cabalistique complète d’un glyphe qu’il élabora lui-même.

Il croyait dans le fondement mathématique de toute chose, dans un schéma de principes unifiant, qu’il disait discerner dans les enseignements des anciens.

Il réunit tous ces principes dans un seul glyphe extrêmement complexe, « La Monade Hiéroglyphique ».

Ce glyphe était censé exprimer l’unité mystique de toute la création et son étude fut très appréciée de ses contemporains ; d’ailleurs elle l’est toujours aujourd’hui par ceux qui en possèdent encore la clé !

En 1570, il publia une Préface Mathématique à la traduction anglaise des Éléments d’Euclide, dans laquelle il soulignait l’importance des mathématiques et leur influence dans les arts et la science.

Il y recommandait Vitruve et sa théorie architecturale, Henri-Corneille Agrippa de Nettesheim et sa philosophie occulte (1533), Albrecht Dürer et sa théorie des proportions (1561).

Dee se maria trois fois et eut huit enfants, dont l’aîné, Arthur Dee, deviendra aussi un alchimiste et un auteur hermétique.

A la fin des années 1570, Dee devint de plus en plus insatisfait de son avancée dans l’apprentissage des secrets de la nature.

Il se tourna alors davantage vers le surnaturel, afin d’acquérir la Connaissance.

Il forma un cercle appelé « les Dionisii Areopagites », avec sir Philip Sidney et Edmund Spenser, dont le poème « La Reine des fées » regorge d’imagerie rosicrucienne et autres imageries ésotériques.

Il s’attela alors principalement à entrer en contact avec les entités célestes, en utilisant une boule de cristal qui lui servait d’intermédiaire avec les anges.

Le 10 mars 1582, Dee rencontra Sir Edward Kelley (1555-1595), de son vrai nom Talbot.

Ce dernier, clerc de notaire douteux, alla chez Dee avec un mystérieux livre sur la transmutation des métaux en or, et avec un échantillon de poudre rouge qu’il prétendait être de la poudre de projection (état de la Pierre Philosophale après multiplications, qui accroît ses vertus en qualité et quantité).

Kelly était un homme étrange qui portait une calotte, apparemment pour dissimuler ses oreilles, qu’on lui avait coupées pour le punir d’avoir fabriqué de la fausse monnaie.

Il affirmait qu’il pouvait voir l’archange Uriel dans la boule de cristal de Dee !

Dee fut vite convaincu par les qualités médiumniques exceptionnelles de Kelly et s’associa aussi à un autre médium polonais, le prince Albert Laski (1527-1605).

Ainsi que commença une série de centaines de séances de spiritisme entre les trois hommes, qui permirent à Dee d’apprendre à déchiffrer le langage des anges, la langue « énochienne ».

John Dee, ses deux médiums (Kelley, Albert Łaski), et leurs familles respectives partirent en 1583 pour la Pologne.

Ils furent alors reçus à Prague par l’empereur Rodolphe II de Habsbourg, l’empereur des alchimistes, protecteur de Dürer, Arcimboldo, Tycho Brahé, Kepler et de nombreux autres.

En 1584, à la suite de ses conversations avec les anges, Dee retranscrira l’alphabet occulte énochien.

A la fin des années 1580, Kelley semble avoir reçu, dans cette langue étrange, un message si terrifiant qu’il cessa d’opérer et quitta brusquement Dee.

Ce message, directement traduit de l’énochien disait à peu près ceci :

« Le lion ignore où je marche, les bêtes sauvages ne me comprennent pas non plus. Je suis déflorée, mais vierge ; Je sanctifie, mais je ne suis pas sanctifiée. Heureux celui qui m’embrasse, car la nuit je suis douce… Mes lèvres sont plus douces que la santé elle-même, je suis une prostituée pour ceux qui me ravissent et une vierge pour ceux qui ne me connaissent pas. Purgez vos rues, ô fils des hommes, et nettoyez vos maisons… »

Kelley avait-il reconnu « Babylone » la grande, la prostituée de l’Apocalypse de Jean et eu une vision de l’imminence de la fin du monde ?

Quoiqu’il en soit, Kelly mourut en 1589, en tentant de s’échapper des geôles de l’empereur, après n’avoir pas réussi la transmutation des métaux (en or) dont il clamait connaître les secrets.

Dee revint à Mortlake six ans plus tard et découvrit que sa bibliothèque avait été ravagée et que la plupart de ses précieux objets avaient été volés.

Il demanda alors l’aide de la reine Élisabeth, qui le nomma en 1589, directeur de Christ’s College à Manchester (aujourd’hui la Manchester Grammar School), où il eut un rôle de conseiller pour des cas de sorcellerie et de possession démoniaque.

Cependant, sa réputation de magicien diabolique le fit haïr de ses pairs et à la mort d’Élisabeth (en 1603), le roi James 1er, opposé à tout ce qui était lié au surnaturel, ne lui offrit plus aucune aide.

Dee finit ses derniers jours à Mortlake, dans la misère !

On retrouva son corps gisant près de la Tamise, le 22 décembre 1608 mais il fut enterré dans le vieux cimetière de Mortlake à une date inconnue. Curieusement, l’emplacement exact de sa tombe resta lui aussi inconnu…

Cependant, d’après certaines sources, Dee aurait donc été enterré entre les tombes de Mr Holt et Mr Miles…

Cinquante ans après la mort de Dee, l’érudit philosophe et antiquaire John Aubrey (1626-1697) a essayé de retrouver la tombe de l’astrologue, mais la pierre tombale avait déjà disparu depuis longtemps.

Ce mystère l’a conduit à consulter les registres de la paroisse mais aussi étrangement, il manquait les cinq années allant de 1608 et 1609 !

Dee était un homme pieux, véritablement chrétien, mais son christianisme était profondément influencé par les doctrines hermétiques platoniciennes et pythagoriennes qui étaient dominantes durant la Renaissance.

Il pensait que les nombres étaient à la base de toute chose, qu’ils étaient la clé du savoir et que les créations de Dieu étaient des actes « chiffrés ».

En étudiant l’hermétisme, Dee conclut que l’homme avait en lui un potentiel divin, et que ce potentiel pouvait s’exercer à travers les mathématiques.

Sa magie cabalistique angélique (qui était grandement basée sur la numérologie) et son travail sur les mathématiques appliquées (la navigation, par exemple) étaient tout simplement les aspects complémentaires d’une même philosophie.

Son but ultime était d’apporter au monde une religion unifiée en rassemblant l’Église catholique et protestante et en capturant l’essence de la théologie pure des anciens.

Dee écrivit sa « Monas hieroglyphica » en état de transe, durant douze jours. Il prétendait donner là une « écriture occulte » pour expliquer toutes choses.

Cette écriture s’explique par de simples figures : point, cercle, droite, croix, deux demi-cercles ; et par de simples opérations : rotations, déstructurations, combinaisons et permutations.

La monade hiéroglyphique consiste en la composition, de haut en bas, d’une figure qui synthétise les symboles traditionnels de l’astronomie et de la cosmologie : croissant (la Lune), cercle avec un point central (le Soleil), croix (les quatre Éléments), deux demi-cercles (le signe du Bélier).

On y trouve aussi les nombres 1 (le point), 2 (la droite), 3 (la croix : deux lignes perpendiculaires se sectionnant sur un point), 4 (les quatre segments de la croix), qui sont les nombres de la Décade (tetraktys) de Pythagore, ainsi que les sept planètes : Soleil, Lune, Mercure, Mars, Vénus, Jupiter, et Saturne.

En fait, la monade hiéroglyphique trouve aussi sa clef dans la kabbale chrétienne et dans La philosophie occulte de Cornélius Agrippa, lequel cherchait aussi les symboles géométriques des anges.

Intéressons nous enfin à ce que dit la Tradition secrète à son sujet :

Comme nous l’avons vu précédemment, les chrétiens s’étaient depuis longtemps retirés du monde des esprits.

L’Église semblait incapable de proposer une expérience directe ou un contact personnel avec les réalités spirituelles.

Les gens réclamaient des merveilles et seules les sociétés secrètes pouvaient leur en fournir.

Dee dit à Rodolphe II que, si l’on introduisait les techniques occultes de magie cérémonielle qu’il proposait dans le culte chrétien, chaque Église de la chrétienté pourrait être le théâtre d’apparitions quotidiennes.

On assisterait alors au retour de la ferveur spirituelle de l’Église des origines, comme à l’époque de Clément et d’Origène.

C’était sa grande vision évangélique !

De nos jours, cette idée peut choquer, mais il est important de replacer cela dans le contexte religieux de l’époque.

La frontière entre la pratique des prêtres et celle des mages était subtile.

Cependant, pour Dee, les pratiques magiques d’invocation des esprits des prêtres n’étaient que superstition folklorique et manquaient cruellement de rigueur intellectuelle, de finesse et de méthode.

Le mouvement néoplatonicien qui consistait à penser de manière « systématique » le monde des esprits et l’expérience spirituelle, s’était propagé depuis le sud de l’Europe et avait influencé des érudits comme Trithème, Agrippa et Dee.

L’Allemand Johannes Reuchlin formula une Kabbale christianisée.

Il prouva la divinité de Jésus-Christ en se servant d’arguments kabbalistiques, montrant que le nom de Jésus était dissimulé dans le « tétragramme », le nom sacré de Dieu.

Dee qui s’intéressait à toutes ces théories, proposait une application raisonnée de techniques, sur des bases prévisibles, régulières et contrôlées, afin de produire des phénomènes spirituels.

Chez Dee, comme chez Francis Bacon, on sentait les premiers frémissements de l’esprit scientifique.

Le développement des facultés mentales nécessaires à l’invention de la science moderne se fit donc en partie dans un contexte occulte !

Ce que Dee suggérait à l’oreille de l’empereur était que, s’il jeûnait pendant une période déterminée, s’il travaillait sur sa respiration un certain nombre de fois, à des intervalles précis, s’il s’adonnait à la pratique sexuelle et s’il prononçait une formule précise à une heure prédéterminée selon les astres, il pourrait entrer dans un état de conscience altéré au cours duquel il communiquerait de manière libre et raisonnée avec les habitants du monde des esprits !

Tout cela, bien sûr, avait été établi par des expériences répétées et par des milliers d’années de pratique qui avaient donné des résultats « prévisibles ».

La mission de Dee était donc d’introduire quelque chose de totalement nouveau dans le courant de l’histoire…

Les confréries initiatiques, comme la Rose+Croix, ont toujours eu pour but d’aider à diffuser de nouvelles formes de conscience en évolution, adaptées aux temps qui changent.

Michael Maier, le célèbre alchimiste à qui nous devons le très précieux livre « l’Atalante Fugitive », déclara que les activités des Rose+Croix étaient déterminées par la connaissance de l’histoire et celle des lois de l’évolution de la race humaine.

Ces lois de l’évolution sont à l’œuvre dans la grande histoire comme dans la vie individuelle, elles décrivent la nature paradoxale de la vie, que nous avons appelées les « lois profondes »…

Pour le célèbre yogi Paramahansa Yogananda (1893-1952), qui fit la promotion du Kriya Yoga en Occident, elles étaient aussi les lois subtiles qui gouvernent les plans spirituels occultes et la conscience intérieure.

La formulation de ces lois se trouve dispersée dans toute la littérature rosicrucienne :

« Le Paradis n’est jamais là ou on croit qu’il se trouve. Si on cesse de se limiter, c’est-à-dire si l’on désire mais qu’on lâche prise, l’objet désiré viendra. Ce qui tue produit la vie. Ce qui cause la mort mène à la résurrection. »

Ces concepts rosicruciens allaient bientôt faire surface dans l’histoire du monde et transformer toute la culture occidentale !

En conclusion, on peut dire que Dee fut le premier d’une longue série de personnages étranges et tragiques qui essayèrent d’introduire les doctrines ésotériques dans la vie publique.

Dans notre prochaine vidéo (Ouroboros 20), nous aborderons le catholicisme occulte, reviendrons sur les manifestes rosicruciens et partirons à la rencontre :

des Conquistadores espagnoles, de Jakob Böhme, de Sainte Thérèse d’Avila, de Jean de la Croix et du célèbre créateur de l’Ordre des Jésuites, le mystérieux « pape noir » Ignace de Loyola.

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