Dans la satire britannique classique « La souris qui rugissait », une petite nation fictive déclare la guerre aux États-Unis, non pas dans l’espoir de gagner, mais pour perdre et recevoir une aide généreuse d’après-guerre.
Au lieu de cela, à la suite d’une série de mésaventures comiques, le minuscule duché de Grand Fenwick se retrouve vainqueur par accident et devient une superpuissance nucléaire.
Bien qu’humoristique et absurde, le film souligne une vérité provocatrice : même les petits États peuvent modifier la dynamique mondiale grâce à une intention stratégique, un timing précis et une vision claire des choses.
Israël, souvent perçu comme une petite nation entourée d’instabilité, n’est pas un personnage comique, mais il est temps d’accepter une réalité audacieuse : Israël peut, et doit, commencer à agir non seulement comme un État défendant sa survie, mais comme une puissance régionale proactive façonnant l’avenir du Moyen-Orient.
De la puissance militaire au leadership stratégique
Les récentes performances militaires d’Israël ont mis en évidence ses capacités inégalées dans la région. La destruction des infrastructures du Hezbollah, la paralysie des structures de commandement du Hamas à Gaza et la réponse calculée aux provocations iraniennes, couronnée par d’importants succès opérationnels, témoignent d’un avantage tactique écrasant.
L’Iran, longtemps le plus agressif des prétendants à la domination régionale, a vu ses alliés affaiblis, son économie étranglée et son influence décliner dans un contexte de troubles internes et de surveillance internationale. La chute du régime d’Assad en Syrie, favorisée indirectement par l’ingérence iranienne, démantèle encore davantage l’axe d’influence de Téhéran.
Pourtant, une menace existentielle demeure sans réponse : le programme nucléaire iranien. Il ne suffit plus de retarder ou de dissuader. Israël doit prendre la tête d’une coalition – diplomatique ou militaire – pour démanteler la capacité nucléaire iranienne par voie d’accord, par la force, ou les deux. L’ambiguïté des ambitions iraniennes et les hésitations de la communauté internationale font de cette ligne rouge une ligne à ne pas franchir.
Un nouveau front turc
Parallèlement, la Turquie est passée du statut d’acteur discret à celui d’acteur de pouvoir actif, notamment en Syrie. Le déploiement de forces turques dans le nord de la Syrie, conjugué à la vision néo-ottomane du président Recep Tayyip Erdoğan , constitue une nouvelle menace.
La présence de troupes turques sur le flanc nord d’Israël, dans un contexte syrien fragile et démuni de tout pouvoir, introduit une situation incertaine et volatile. Elle complique les opérations, accroît le risque d’escalade du conflit et peut enhardir les factions islamistes rivales sous protection turque. Cet élément ne peut être ignoré.
Qui dirige la région ?
La Turquie cherche à exercer son influence en combinant la nostalgie ottomane et l’économie moderne, se positionnant comme un pont entre l’Est et l’Ouest.
Le Qatar exerce sa richesse et ses médias (notamment Al Jazeera ) avec un soft power habile.
L’Iran, malgré ses revers, continue d’exporter son idéologie et son instabilité.
Pendant ce temps, des acteurs mondiaux comme la Chine et la Russie renforcent leur présence au Moyen-Orient. L’initiative chinoise « la Ceinture et la Route » relie discrètement les ports, les routes et les réseaux numériques du Golfe au Levant.
La Russie, après avoir subi un revers après l’effondrement du régime d’Assad, reprend désormais le pouvoir et les liens avec le nouveau gouvernement en Syrie.
Dans ce paysage contesté, Israël se distingue par sa stabilité, son innovation, sa supériorité militaire et sa diplomatie de plus en plus agile. Pourquoi, alors, nous considérons-nous souvent comme la périphérie plutôt que le centre ?
Au-delà de la survie : le pouvoir de l’identité
L’image stratégique d’Israël a été façonnée pendant des décennies par le traumatisme de la survie : une démocratie solitaire assiégée.
Mais cette époque est en train de changer. Comme le dit le proverbe : « Qui croit être vaincu l’est. » Se considérer comme simplement réactif ou défensif limite notre portée diplomatique et étouffe les partenariats régionaux.
Un pays qui se comporte en leader attire les autres. Les pays préfèrent s’affilier à une puissance forte et stable, qui dirige avec détermination et confiance. En projetant sa puissance, non seulement militairement, mais aussi diplomatiquement et économiquement, Israël peut devenir un pôle d’attraction au Moyen-Orient – pour les États, les investissements et l’influence.
‘ Al-jār qabl al-dār ‘—’Le voisin devant la maison’
Dans la culture arabe, ce proverbe souligne l’importance de bons voisins, même pour les meilleures maisons.
Pour qu’Israël puisse jouer un rôle moteur au niveau régional, une normalisation stratégique avec les États sunnites modérés est essentielle. Les accords d’Abraham n’en étaient qu’un début. Il est essentiel d’approfondir les relations avec des pays comme l’Arabie saoudite, Oman, le Maroc, et même de renouer avec la Jordanie et l’Égypte, en leur offrant un respect et des incitations renouvelés.
Ces partenariats ne visent pas uniquement la sécurité. Ils devraient évoluer vers des alliances économiques, technologiques, éducatives et culturelles. Un pacte pour les énergies propres à l’échelle du Moyen-Orient, un consortium d’innovation dans le domaine de l’eau ou un vivier de talents technologiques pourraient ancrer une nouvelle ère d’interdépendance, avec Israël à sa tête.
Rivaux diffus : Turquie, Qatar et Égypte
La montée en puissance des rivaux régionaux n’est pas nécessairement un jeu à somme nulle. La Turquie peut être contrebalancée par des partenariats plus étroits en matière de sécurité et d’infrastructures avec la Grèce, Chypre et les Balkans.
Le Qatar, malgré son soft power, dispose d’un hard power limité : Israël peut neutraliser son influence en proposant des récits régionaux plus convaincants et en les diffusant directement auprès du public arabe.
L’Égypte demeure une inconnue. Alors qu’elle oscille entre instabilité et nationalisme, Israël doit lui apporter un soutien stratégique discret – coopération économique, partage des technologies de l’eau et initiatives conjointes de lutte contre le terrorisme – pour que Le Caire reste proche, et non froid.
Traités et confiance : l’ancre américaine
Les États-Unis demeurent un allié essentiel. Mais alors que Washington rééquilibre son approche mondiale, Israël doit assurer la continuité de cette relation tout en se préparant à une autonomie stratégique.
La formalisation de traités de défense à long terme avec les États-Unis, liés non seulement à un soutien militaire mais aussi à une collaboration en matière de technologie et de renseignement, pourrait garantir l’adhésion américaine à la vision régionale d’Israël.
Parallèlement, des actions de sensibilisation auprès de l’Europe, de l’Inde et de certains pays africains devraient compléter cette stratégie, en montrant qu’Israël n’est pas seulement un acteur du Moyen-Orient, mais un centre eurasien d’innovation et de résilience.
Gérer le dragon et l’ours
Qu’en est-il de la Chine et de la Russie ? Ni l’une ni l’autre ne peuvent être ignorées.
La Chine est un géant économique. L’engagement dans ce domaine doit être pragmatique et prudent : accueillir favorablement les investissements dans les secteurs non sensibles (comme les infrastructures ou les énergies propres), mais protéger les technologies fondamentales et le cyberespace. La transparence et la coordination avec les États-Unis sur ces engagements permettront d’éviter les réactions diplomatiques négatives.
L’empreinte régionale de la Russie est essentiellement militaire et opportuniste. Si nous devons maintenir des protocoles de déconfliction, Israël ne doit pas idéaliser ses relations avec Moscou.
Au lieu de cela, nous devrions investir discrètement dans des modèles régionaux post-russes, en particulier dans le domaine de l’énergie, où Israël et ses alliés de la Méditerranée orientale, la Grèce, Chypre, l’Égypte et même le Qatar, peuvent remodeler la carte gazière de l’Europe.
Iran : contenir, isoler, démanteler
L’Iran demeure le principal défi à long terme. Le changement de régime doit être une priorité politique, mais son endiguement doit être prioritaire. Cela comprend :
- Renforcer l’opposition interne par le biais de canaux numériques et humanitaires ;
- Poursuite de la cyberdissuasion ;
- Perturbation des lignes d’approvisionnement régionales et financement par procuration ;
- Maintenir la crédibilité et la visibilité des options militaires ;
- Et surtout, démanteler sa capacité nucléaire. La diplomatie peut retarder ce processus, mais la force doit rester une option.
- S’engager en position de force n’est pas synonyme de faiblesse. Si Téhéran modère un jour ses relations, Israël devrait être prêt à faire preuve de créativité diplomatique, à condition que les garanties de sécurité restent solides.
Devenir une puissance régionale : les étapes à suivre
Stratégie nationale : Former un conseil stratégique d’influence régionale, composé de dirigeants de la défense, de la diplomatie, de l’économie et de la technologie.
Diplomatie publique : Lancer une initiative pour renommer Israël au niveau régional, avec du contenu arabe, un engagement des jeunes et des plateformes collaboratives.
Diplomatie des infrastructures : Mener des mégaprojets régionaux dans les domaines de l’eau, de la sécurité alimentaire et de l’IA.
Mise à jour de la doctrine militaire : Passage d’une défense réactive à une doctrine proactive-plus avec une profondeur stratégique.
Échange éducatif : Mettre en place des programmes de bourses pour les étudiants arabes et africains dans les universités israéliennes.
Les avantages de penser plus grand
Sécurité : Des voisins stables et des cadres communs réduisent les menaces existentielles ;
Économie : Les marchés régionaux et les corridors logistiques peuvent dynamiser la croissance ;
Prestige : Israël devient un façonneur, pas un répondeur ;
Innovation : Des partenariats diversifiés stimulent la technologie et la recherche ; et
Fierté de la diaspora : les communautés juives du monde entier ne voient pas Israël comme un pays assiégé, mais comme un phare.
Les obstacles
Bien sûr, ce n’est pas une utopie.
- Certains régimes sunnites sont fragiles ou hypocrites.
- La fragmentation politique intérieure peut faire obstacle à une vision audacieuse.
- L’Iran et ses mandataires poursuivront leur guerre asymétrique.
- Les rivalités entre grandes puissances peuvent réduire la marge de manœuvre politique.
- Des rivaux régionaux comme la Turquie et le Qatar tenteront de les surpasser.
diplomatiquement. - Mais comme le dit le proverbe arabe, « man jadda wajada » – « Celui qui s’efforce réussit ».
Et peut-être, peut-être, est-il temps d’arrêter d’attendre que le monde nous accorde une légitimité.
Comme le duché de Grand Fenwick dans ce film délicieusement absurde, nous pourrions nous aussi découvrir qu’agir avec audace crée la réalité que nous recherchons.
Israël a rugi. Il doit maintenant prendre les devants.
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