Mystique

Ouroboros. La Tradition Secrète – 11 Les Mystères d’Eleusis

Au Ve siècle avant Jésus-Christ, la force a instauré les conditions nécessaires à l’épanouissement de la culture grecque ; nous lui devons encore aujourd’hui les canons de la beauté des formes et la de rigueur intellectuelle.

A cette époque, la plus célèbre école du Mystère se trouvait à Éleusis, un hameau situé à quelques kilomètres d’Athènes. Le nom Éleusis vient « d’Eulano » qui signifie « je viens », c’est-à-dire « je viens au monde ».

Le mur d’enceinte extérieur était entièrement fait de pierres d’un bleu grisé et à l’intérieur du sanctuaire, on pouvait voir des statues peintes et des frises représentant des déesses, des gerbes de céréales et des fleurs à huit pétales. Sur le plafond du temple, il y avait une ouverture qui était la seule source de lumière.

Les Petits Mystères étaient célébrés au printemps et comportaient des rites de purification et de théâtralisation des histoires des dieux.


Une statue d’un dieu, ceinte d’une couronne de myrte et portant une torche, était transportée lors d’une procession où l’on dansait et chantait. Le dieu était sacrifié et mourait trois jours. Quand la statue qui le représentait revenant de chez les morts était brandie, l’assemblée des hiérophantes et des candidats criait :

« Iacchos ! Iacchos ! Iacchos ! »

Les rituels des Mystères d’Éleusis étaient toujours accomplis par les prêtres de Déméter, Iacchos était le fils de Zeus et de Déméter et le nom solennel de Bacchus (Dionysos).

Ils contenaient également des éléments ouvertement sexuels, comme par exemple le viol de Perséphone par Hadès, ou encore Vénus sortant de la mer, entourée de représentations animées de l’organe génital féminin.

Lors de cet étrange cérémoniel, tragique et presque irréel, Perséphone était représentée avec une corne sur le front, qui symbolisait le chakra du troisième œil.


Alors qu’elle cueillait des fleurs dans les prairies d’Enna (Sicile), Perséphone, la fille de Zeus et de Déméter, fut enlevée par Hadès pour être son épouse et la reine des Enfers. Une fois le forfait commis, les cultures cessèrent de croître et Déméter parcourut le monde à la recherche de sa fille.

Alors quelle errait sur les terres de Grèce sous les traits d’une vieille mendiante, elle entra dans la cité d’Éleusis et demanda l’hospitalité. Les citoyens l’accueillirent avec une grande générosité et, en reconnaissance, la déesse dévoila sa véritable identité et récompensa ses bienfaiteurs : elle leur dévoila ses mystères et la maîtrise de l’agriculture.

À première vue, ce cérémonial symbolisait le culte voué à la Terre Mère mais aussi, à un niveau plus profond, l’idée de la vie après la mort.

A cette époque, Pythagore lui-même, considérait la Voie Lactée comme une vaste rivière ou un « troupeau d’esprits ». L’esprit des morts, semblable aux étoiles, s’élevait par la porte du Capricorne jusqu’aux hautes sphères, avant de redescendre dans le monde matériel par la porte du Cancer.

Le poète grec Pindare (518 à 438 av J.-C.) disait à ce propos :

« Heureux qui a vu les mystères d’Éleusis, avant d’être mis sous terre ! Il connaît les fins de la vie et le commencement donné de Dieu. »

Sophocle (496 à 405 av J.-C.) disait :

« Ô trois fois heureux ceux d’entre les mortels, qui vont dans l’Hadès après avoir contemplé ces mystères : eux seuls jouissent de la vie là-bas, pour les autres il n’y a que des maux là-bas. »

Les Grands Mystères, célébrés autour de l’équinoxe d’automne, étaient précédés de neuf jours de jeûne, au terme desquels les candidats à l’initiation buvaient une boisson puissante appelée le kykéôn. Cette boisson était à base d’orge braisée, d’eau et d’huile de germandrée tomenteuse et avait un puissant effet narcotique quand elle était prise en quantités suffisantes.

Les cérémonies d’initiation allaient des rituels, aux représentations « théâtrales », jusqu’aux séances de spiritisme. Elles offraient au candidat une expérience spirituelle authentique, celle de la rencontre avec les démons, l’esprit des morts, et enfin les dieux.

Les Mystères d’Eleusis faisaient vivre aux novices les expériences les plus intenses, la peur la plus profonde, l’horreur la plus totale, ou encore le plus grand ravissement. Ceux qui allaient être initiés éprouvaient une terreur semblable à celle que l’on ressent quand on est sur le point de mourir ou qu’on risque réellement d’y laisser sa peau. Le candidat devait être déshonoré, puni et torturé par les démons.

Au Ve siècle av. J.-C, il était devenu difficile pour les dieux, dépourvus de corps matériel, d’affecter directement la matière ou de se manifester dans le monde matériel, mais cela demeurait encore relativement facile pour les esprits mineurs : les démons et l’esprit des morts.

Ainsi, les candidats à l’initiation étaient tourmentés par des démons comme celui appelé « Euronymous », à la peau d’un noir bleuté, semblable à celle d’une mouche, qui dévorait la chair des corps en décomposition.

Dans l’Inde rurale, on pratique encore aujourd’hui des cérémonies similaires où l’on voue des cultes aux déités mineures comme les Prêtas, les Bhutas, les Pisakas et les Gandharvas ; cérémonies qui serait considérées en Occident des séances de spiritisme. En disant des mots magiques sans émettre de sons, les prêtres initiés d’Eleusis arrivaient parfois à faire apparaître le visage d’un dieu dans le nuage de fumée d’un feu sacrificiel.

La composition des fumigations favorisant ces apparitions était la suivante : pruche, jusquiame, safran, aloès, opium, mandragore, salorum, graines de pavot, assa-foetida et persil.

Les statues qui font la renommée de la Grèce antique, à l’aspect si étrangement vivant, sont apparues dans les écoles du Mystère. Leur fonction originelle était également de convoquer les dieux sur terre, de les aider à se matérialiser.

En Égypte et en Mésopotamie, les statues servaient à procurer un corps physique aux dieux afin qu’ils y résident et leur fassent prendre vie.

Devant la statue d’Artémis à Éphèse, on pouvait voir la Terre Mère apparaître, tel un grand arbre ; on avait l’impression d’être absorbé dans la matrice végétale du cosmos, de ne faire qu’un avec ce grand océan de vagues de lumières entremêlées.

Au terme d’un certain nombre d’essais réussis, le candidat aux Mystères d’Eleusis était autorisé à s’élever dans le royaume Empyrée, un endroit baigné de lumière, empli de musique et de danses. Dionysos (Bacchus ou Iacchos) y apparaissait alors dans une lumière magnifique…

A l’apogée des Mystères, les dieux occupaient parfois des corps éthérés ou végétaux et apparaissaient sous la forme de spectres lumineux ou de fantômes. Le processus d’initiation donnait donc une connaissance directe et existentielle, une expérience mystique, qui prouvait que l’esprit pouvait vivre en dehors du corps.

Pendant qu’il était dans cet état, le candidat devenait un esprit parmi les esprits, un dieu parmi les dieux. Lorsque l’initié renaissait à la vie quotidienne et matérielle, lorsqu’il était couronné initié, il conservait bon nombre de pouvoirs divins de perception et l’aptitude à influencer le cours des événements.

Cependant, comme c’était aussi le cas dans l’école de Pythagore, la connaissance pratique et « scientifique » faisait aussi implicitement partie de cette expérience.

Après l’initiation, un hiérophante élucidait ce que le nouvel initié venait de vivre, tirant ses révélations obscures d’un livre fait de deux tables de pierre, appelé le « Livre d’interprétation ». Ces révélations expliquaient comment le monde matériel et le corps matériel humain avaient été formés et comment le monde des esprits les dirigeait tous les deux.

Dans leurs enseignements, les hiérophantes s’aidaient également de symboles, dont un thyrse, fait d’un roseau, avec parfois sept nœuds et surmonté d’une pomme de pin (symbolisant la glande pinéale). Ils utilisaient également les « jouets de Dionysos » : un serpent d’or, un phallus, un œuf et une toupie qui produisait le son « Om ».

Cet enseignement recelait également un élément prophétique. Lors de l’initiation finale à Éleusis, on présentait au candidat un épi de blé vert qu’on tenait en l’air en silence.

D’une part, les Mystères étaient une célébration agricole et sollicitaient les faveurs de Déméter à l’approche des moissons. Mais, d’autre part, il s’agissait également de la moisson des âmes.

Le blé représentait l’étoile Spica, la graine divine que tenait dans la main gauche la déesse vierge de la constellation de la Vierge (Isis en Egypte), et qui anticipait la période des semis cosmique. C’est cette même graine que l’ésotérisme chrétien représentera plus tard sous la forme du « Pain » de la Cène, et qui symbolisait en réalité le corps végétal de Jésus-Christ, la dimension végétative du Cosmos ou l’état de conscience altéré.

Dans la philosophie de Platon, cette dimension était l’âme, médiatrice entre le corps matériel et l’esprit animal.

Dans la tradition secrète, le philosophe Socrate (470 à 399 av J.-C.) était la réincarnation du grand esprit qui avait vécu autrefois dans le corps de Silène (précepteur du dieu Dyonisos). En alternant sa conscience, il savait écouter la voix de son « moi supérieur ».

Le grand projet de Socrate était de traduire la sagesse instinctive du moi animal et inférieur en concepts. Sa philosophie, comme celle de Pythagore, n’est pas seulement académique, c’était également une philosophie de la vie. Le but de la philosophie, disait-il, est d’apprendre à mourir.

A cette époque, les écoles du Mystère occupaient une place centrale dans la religion en tant qu’institution et furent à l’origine des plus grands accomplissements de l’humanité. Elles eurent aussi une très grande influence sur l’évolution de la conscience humaine.

Il ne faut pas oublier que la sculpture, le théâtre, mais également la philosophie, les mathématiques et l’astronomie, ainsi que certaines idées médicales et politiques naquirent dans ces institutions.

Dans les pièces d’Eschyle et de Sophocle, premiers dramaturges dont l’œuvre fut jouée en dehors des écoles du Mystère, les démons ailés, appelés les Érinyes ou les Furies, persécutaient les auteurs de méfaits, comme dans l’Orestie qu’Eschyle écrivit en 458 av. J.-C.

Mais dès Hippolyte, la pièce d’Euripide de 428 av. J.-C., cette réprobation a été intériorisée et a désormais un nom :

« Il n’y a qu’une chose qui puisse survivre à tous les procès, une conscience tranquille. »

Dans l’histoire conventionnelle, on imagine que les gens ont toujours été tiraillés par leur conscience, mais c’est faux…

Les mystères d’ Éleusis ont été la première « institution » à forger cette nouvelle dimension de l’expérience humaine et Euripide le premier auteur à la mettre en « mots ».

L’art dramatique nous montre que notre ressenti n’obéit pas toujours aux conventions. Il nous enseigne une nouvelle manière d’être, de sentir, de penser, de vouloir et de percevoir. Lorsque nous voyons une pièce du théâtre grec, la catharsis nous purifie.

Les auteurs grecs faisaient vivre à leur public une expérience qui, par certains aspects, était proche de l’initiation, et leur façon de travailler était basée sur une compréhension essentiellement initiatique de la nature humaine.

À la mort de Socrate, son disciple, Platon, devint la figure de proue de la philosophie grecque.

Platon naquit en 428 av. J.-C, il faisait partie d’une des premières générations à qui l’on a systématiquement appris à lire. Il fonda l’Académie dans les jardins d’Académos, à Athènes, qui abritent le tombeau du héros éponyme.

Ses dialogues sont la plus pure expression de la philosophie de l’esprit précédant la matière, appelée « l’idéalisme ». Cette philosophie de vie a toujours poussé les hommes à croire aux esprits, aux dieux et aux anges.

Certains ont même poussé le raisonnement jusqu’à se dire qu’il était possible d’envisager les grandes pensées cosmiques qui tissent le monde et les principes actifs cachés derrière les apparences comme des êtres conscients nous ressemblant.

Dans des temps plus anciens, personne ne doutaient du fait que les pensées étaient une forme de réalité supérieure aux objets : c’était une croyance instinctive, qui n’appelait pas de questions.

Leur imaginaire était bien plus puissant que leur faculté de penser, qu’ils commençaient tout juste à développer. Pour eux, les objets de leur imagination étaient plus réels que ceux que leurs sens percevaient…

Les grands initiés idéalistes, comme aussi plus tard Cicéron, n’étaient ni naïvement polythéistes, ni sottement monothéistes. Ils faisaient seulement l’expérience d’une vie remplie de sens et pensaient que la structure du cosmos abritait quelque chose ressemblant à la conscience humaine.

La seule chose qui était réellement importante dans les écoles du Mystère, c’était que les initiés puissent rencontrer ces intelligences désincarnées lorsqu’ils atteignaient des états de conscience alternatifs.

Ce sont ces mêmes « intelligences » que Goethe appelait « les mères » :

« Ainsi, demeurant dans une obscurité et dans une solitude éternelles, les Mères sont à l’origine de la création ; elles représentent le principe qui crée et qui conserve et dont émane tout ce qui, à la surface de la terre, a forme et vie.

Ce qui cesse de respirer, devenu être spirituel, retourne vers elles, et elles le gardent jusqu’à ce qu’il retrouve l’occasion d’entrer dans une nouvelle existence.

Toutes les âmes et toutes les formes de ce qui fut autrefois et sera à l’avenir errent, comme des nuées dans l’espace infini de leur séjour.

Tout cela entoure les Mères et le magicien s’il veut, par le pouvoir de son art, exercer sa puissance sur la forme d’un être et rappeler à une vie illusoire une créature qui fut autrefois, devra donc se rendre dans leur royaume […].

Nous errons tous en plein mystère. Nous sommes entourés d’une atmosphère dont nous ignorons, pour ainsi dire, tout : et ce qui s’agite en elle et les rapports qu’elle peut avoir avec notre esprit.

Tout ce que nous savons, c’est qu’en certains cas particuliers les antennes de notre âme peuvent franchir leurs limites corporelles, ce qui leur permet d’avoir un pressentiment et même de voir effectivement l’avenir tout proche […].

Nous avons tous en nous des forces électromagnétiques et, tel l’aimant, nous exerçons une force attractive ou répulsive dès que nous entrons en contact avec quelqu’un de semblable ou de dissemblable.

Entre amants, cette force magnétique est particulièrement efficace et opère même de loin. »

A l’époque de Platon, il devenait cependant nécessaire de conceptualiser la vision idéaliste du monde et de la transcrire de manière systématique, car la conscience humaine avait évolué jusqu’à ce qu’il devienne envisageable de concevoir un point de vue contraire.

Mais ce fut Aristote, le disciple de Platon, qui fit le grand bond philosophique en avant qui conduisit au matérialisme, la pensée moderne dominante.

Au Ve siècle av. J.-C, Athènes et Sparte s’étaient battues pour dominer la région mais, au IVe siècle, elles furent toutes les deux renversées par la Macédoine, gouvernée par le robuste Philippe II.

Le fils de Philippe II, Alexandre (Le Grand), naquit en 356 av. J.-C., le jour même où un fou mit le feu au temple d’Éleusis.

Chaque école du Mystère enseignait sa propre sagesse, c’est ce qui explique pourquoi Moïse et Pythagore furent initiés dans plusieurs d’entre elles.

Les hiérophantes de l’école du Mystère rattachée au temple d’Artémis, à Éphèse, enseignaient les mystères de la Terre Mère et les pouvoirs qui façonnent le monde naturel. Ce sont les esprits de cette école qui influencèrent d’Alexandre dès naissance et qui le conduisirent durant toute sa vie à essayer d’identifier l’élément divin qui l’habitait.

Philippe se mit à la recherche du plus grand esprit de son temps, afin d’en faire le tuteur de son fils. Il choisit le plus illustre élève de Platon, Aristote. Au lieu de déduire la vérité sur le monde, des principes immatériels et universels, Aristote réunit et classifia les données du monde matériel.

Il élabora des lois de physique à travers un procédé d’abstraction ; dès lors, il fut capable d’inventer une manière tout à fait moderne et nouvelle de décrire les pouvoirs sous-jacents qui façonnent la nature.

De même que le christianisme se propagea par l’intermédiaire de l’Empire romain, la philosophie d’Aristote se divulgua par l’empire d’Alexandre.

Philippe II fut assassiné alors que son fils n’avait que 20 ans mais, immédiatement, Alexandre se révéla être un chef hors du commun, ainsi qu’un redoutable et talentueux commandant militaire.

En 334 av. J.-C., il mena son armée combattre en Asie et battit les Perses lors de la bataille d’Issus, alors que ces derniers étaient dix fois plus nombreux. Puis il balaya la Syrie et la Phénicie, avant de conquérir l’Égypte, où il fonda la ville d’Alexandrie. Partout où il passait, il fondait des villes États sur le modèle grec, diffusant la politique et la philosophie grecques.

Une partie de la mission d’Alexandre était de sauver la nouvelle évolution de la conscience, forgée par des penseurs comme Platon ou Euripide, que la richesse, la grandeur et la puissance militaire asiatiques menaçaient d’étouffer.

Plus particulièrement, il devait présenter la toute nouvelle rationalité d’Aristote qui risquait de se voir éclipsée par l’ancienne médiumnité ritualiste.

En 331 av. J.-C., Alexandre battit les Perses une seconde fois et détruisit leur ancienne capitale de Persépolis, avant de poursuivre vers l’Afghanistan pour enfin arriver en Inde. Là-bas, il essaya de s’attirer les bonnes faveurs des philosophes brahmanes, les descendants des rishis, mais ceux-ci le rejetèrent et Alexandre connu son tout premier « revers », ils lui dirent :

« Les brahmanes ne craignent pas la mort et ne désirent pas d’or.

Nous dormons d’un sommeil profond et paisible sur un tapis de feuilles dans la forêt. Posséder des biens matériels ne ferait que déranger notre sommeil.

Nous nous déplaçons librement à la surface de la terre, évitant le conflit, et nos besoins sont assouvis comme par une mère qui nourrit son bébé au sein. »

Ce rejet était pour Alexandre, d’autant plus incompréhensible, qu’il considérait sa vie comme une quête, destinée à comprendre l’origine du pouvoir divin qui l’habitait.

Selon différentes traditions, Persée, puis Thésée, étaient désignés comme ses ancêtres.

De plus, le jeune homme connaissait par cœur le texte de l’Iliade d’Homère que lui avait remis Aristote, et il se voyait déjà comme le demi-dieu Achille.

Aussi, en 332 av. J.-C., il partit en expédition jusqu’au temple d’Amon, dans l’oasis de Siwa, dans le désert, à environ huit cents kilomètres à l’ouest de Memphis, en Égypte.

Les historiens ont toujours dit qu’il a failli mourir lors de cette expédition, mais ce qu’ils n’ont jamais compris, c’est qu’il s’agissait en réalité d’une « mort mystique », car Alexandre fut reconnu et initié par les prêtres du temple d’Amon. Les cornes cérémonielles qu’il se mit à porter après cette expédition étaient le signe de cette reconnaissance.

Dans certains des pays qu’il conquit, on se souvint de lui comme d’un homme à cornes. Dans le Coran, il apparaît comme « Dhul-Qarnayn », ce qui signifie « celui qui a deux cornes ».

À seulement 33 ans, Alexandre ignora les avertissements des astrologues de Babylone qui le sommaient de ne pas entrer dans leur ville. Deux semaines plus tard, il mourut emporté par la fièvre.

Très rapidement, il s’avéra que l’immense empire d’Alexandre n’avait tenu que grâce à son charisme et son magnétisme personnel.

Aux alentours de 200 av. J.-C., le bouddhisme apparut comme la première religion pratiquant le prosélytisme. Avant cela, la croyance était déterminée par la provenance ethnique, ou la tribu.

La condition humaine était en train de changer. Pour les non-initiés, le monde des esprits était une vision qui s’évanouissait, laissant de vagues traces incertaines, difficiles à cerner.

Les hommes, inspirés par Pythagore, Socrate, Platon et Aristote, étaient en train de développer une pensée déductive et inductive. Ils étaient désormais capables de soupeser les arguments des deux visions différentes…

En 140 av. J.-C., Rome était devenue la capitale du monde et du tourbillon des idées.

Le citoyen avait le choix entre des systèmes de croyance très différents : le culte officiel des dieux planétaires, le culte néo-égyptien de Sérapis, l’épicurisme, le stoïcisme, la philosophie péripatétique et le culte persan du mithracisme. Pour la première fois de l’histoire, adhérer à l’un de ces systèmes de croyance n’était plus qu’une question de choix personnel.

On pouvait choisir en se basant sur des preuves, ou sur ce qu’on voulait bien croire. La domination de l’Empire romain a donc également vu apparaître l’imposture, le cynisme et l’exploitation de la sensibilité, ce qui était tout à fait nouveau.

Si l’on compare la Grèce de Périclès avec la Rome des Césars, on trouve dans cette dernière le même genre de pompe dominatrice, de rituels élaborés et extraordinaires, remplis de fumée, d’encens et de cymbales, utilisés, à une époque antérieure, pour hypnotiser les foules et les soumettre à Baal.

Ces procédés étaient désormais utilisés pour amener les gens à croire que les membres égocentriques de l’élite dirigeante étaient en réalité des dieux.

Les Césars forcèrent les écoles du mystère à les initier… Par là, ils eurent accès aux anciens enseignements initiatiques concernant le dieu Soleil.

Jules César éradiqua les druides parce qu’ils enseignaient les mystères du Soleil, c’est-à-dire qu’ils annonçaient le retour du dieu Soleil sur terre.

De la même manière, Auguste bannit l’astrologie, non pas parce qu’il n’y croyait pas, mais parce que ce que les astrologues pouvaient voir écrit dans le ciel dérangeait ses ambitions : si les gens ne pouvaient plus lire les signes du temps, pensait-il, peut-être pourrait-il se faire passer lui-même pour le dieu Soleil.

Caligula, qui avait été initié, savait comment communiquer avec les esprits de la Lune dans ses rêves. Mais, parce qu’il avait été initié par la force et sans la préparation nécessaire, il ne savait pas identifier ces esprits.

Le règne de la folie de Néron atteignit son apogée lorsqu’il réalisa qu’après tout, il n’était pas le dieu Soleil. Il préféra mettre la terre à feu et à sang plutôt que de laisser vivre un autre grand personnage.

L’Âne d’or, d’Apulée, est une des grandes œuvres initiatiques de la période romaine. Elle renferme une très belle histoire sur la vie de l’esprit.

« Amour et Psyché » est un récit qui transmet un message simple sur les dangers de la curiosité, mais il possède également un sens ésotérique et historique.

Psyché est une belle jeune fille innocente, dont Cupidon (Amour) tombe amoureux. Le dieu lui envoie des messagers lui demandant de venir le retrouver dans son palais au sommet de la colline pendant la nuit. Elle va pouvoir faire l’amour avec un dieu, mais à une condition : elle doit le retrouver dans l’obscurité la plus totale. Psyché doit donc croire sur parole que c’est bien Cupidon qui va partager sa couche.

La sœur aînée de Psyché, qui est jalouse, se moque d’elle et lui dit que, la nuit, quand elle part retrouver Cupidon, ce n’est pas un beau et jeune dieu qui lui fait l’amour, mais un horrible serpent géant.

Une nuit, n’y tenant plus, Psyché éclaire le visage de son amant qui s’est endormi après l’amour. Elle est ravie de découvrir le beau visage du jeune dieu, mais une goutte d’huile brûlante tombe de la lampe sur le torse du dieu qui se réveille. Psyché sera privée de sa présence pour toujours…

Le double sens de cette histoire est le suivant : le dieu est réellement un horrible serpent, c’est l’histoire des Nephilim, de l’apparition du serpent du désir animal dans la condition humaine, mais racontée du point de vue de l’humain.

Sous l’empire romain, les écoles du Mystère tombaient en décrépitude.

Des fouilles à l’entrée de souterrains à Baia, dans le sud de l’Italie, ont révélé des passages secrets et des trappes, dont on se servait pour convaincre le candidat qu’il vivait des expériences surnaturelles.

Dans l’obscurité enfumée et anesthésiante, des prêtres attifés comme des dieux surgissaient des ténèbres devant des candidats lourdement drogués aux hallucinogènes.

De plus, à la fin de l’initiation, lorsque le candidat émergeait en pleine lumière, les prêtres l’interrogeaient et, à moins qu’il ne croie à leurs illusions sans l’ombre d’une hésitation, ils le tuaient.

À Rome, les gens sincères, les vrais initiés, se retirèrent dans l’ombre, dans des écoles qui opéraient indépendamment du culte officiel, et le stoïcisme devint l’expression apparente de l’élan initiatique de cette époque, le courant dominant de l’évolution intellectuelle et spirituelle.

Cicéron et Sénèque, tous deux profondément engagés dans le stoïcisme, essayèrent de tempérer l’égocentrisme de leurs dirigeants. Ils tentèrent de promouvoir l’idée que tous les hommes étaient frères et que les esclaves devaient être libérés.

Cicéron était un citadin raffiné, ardent défenseur des réformes au sein de l’Empire romain. Il considérait son initiation à Éleusis comme la grande expérience formatrice de sa vie. Il disait que cela lui avait appris à connaître la vie véritable, une certaine façon non seulement de vivre dans la joie, mais de mourir avec une belle espérance…

Cicéron se méfiait des croyances futiles et empreintes de superstition de la plèbe en des dieux corrompus, mais il faisait preuve de tolérance. Il prétendait que tout mythe, même le plus ridicule, pouvait être interprété de manière allégorique.

Dans « De la nature des dieux », il a fait un exposé passionné de l’idée défendue par les stoïques : l’existence d’un esprit circulant dans l’univers, cette force directrice qui amène les plantes à se nourrir dans le sol, qui donne aux animaux le flair, l’instinct, et la capacité d’aller chercher ce qui est bon pour eux, faculté proche de la raison.

Il disait que ce même esprit de l’univers donne aux gens une raison et une intelligence supérieures à celles des dieux eux-mêmes.

Il ne fallait pas imaginer les dieux avec des corps comme les nôtres, disait-il, mais sous des formes éthérées et magnifiques. Il écrivit également que nous pouvons déceler un dessein supérieur, profond, dans le mouvement des étoiles et des planètes.

Quand les intrigues politiques de Rome rattrapèrent enfin Cicéron, il tendit stoïquement son cou à la lame du centurion…

Sénèque croyait également à cette compassion cosmique des stoïques et à la capacité, pour les adeptes, de manipuler cette compassion à leur avantage. À cette époque désenchantée, il était également devenu possible d’envisager que les dieux n’existent sous aucune forme.

Parmi l’élite intellectuelle, les épicuriens furent ceux qui formulèrent la première philosophie matérialiste et athée. En revanche, la croyance dans les esprits inférieurs, ceux des morts et des démons, perdurait.

Pendant que l’élite intellectuelle caressait l’idée de l’athéisme, le commun des mortels jouait avec des formes ataviques d’occultisme qui tiraient parti du fait que les démons et les autres formes d’esprits inférieures étaient attirés par les vapeurs émanant des sacrifices sanglants.

Pendant ce temps, le grand prêtre du temple de Jérusalem attachait des clochettes à ses robes, afin que les gnomes qui vivaient dans l’ombre l’entendent arriver et cachent leurs horribles formes.

A l’approche de l’an « zéro », le temple de Jérusalem était pourvu d’un système de drainage complexe pour pouvoir évacuer les milliers de litres de sang sacrificiel qui coulaient chaque jour dans son enceinte…

En Palestine, l’histoire du monde en était à un tournant décisif, l’humanité était face à un paradoxe, à mesure que le sentiment d’individualité se développait, la valeur de la vie s’amenuisait.

Les dieux ne se manifestant plus dans le monde matériel, il fallait que le dieu Soleil, le « Verbe », descende sur terre…

Les hommes étaient impatients d’entendre quelqu’un leur dire :

« Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. »

Le Christ s’apprêtait à entrer en Scène…

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