Futur cosmique

Les grands rendez-vous de l’exploration spatiale face à l’absurdité des guerres de territoire

Ce qui va se passer dans l'espace en 2023

De Starship à Ariane 6 et de Juice à Psyche, sans oublier Euclid et les premières missions commerciales sur la Lune, l’année 2023 s’annonce passionnante et exaltante. Cette année, l’ESA, l’Agence spatiale européenne, décidera aussi de se doter de son propre programme de vols habités.

Sans surprise, l’année 2022 aura été marquée par l’impact de la guerre en Ukraine sur le secteur spatial européen, la première mission du programme Artemis qui amorce le retour des Américains sur la  et la « machine à lancer des satellites », , avec ses 60 missions en 12 mois ! Un record qui devrait être balayé :  a annoncé viser une centaine de vols de Falcon 9 et de  pour cette année.

Pour l’Europe des , l’année 2022 se termine aussi mal qu’elle avait débuté. La guerre en Ukraine l’a privée de l’utilisation du Soyouz russe, le premier vol d’Ariane 6 et sa mise en service n’en finissent plus d’être repoussés de semestre en semestre et, alors que seules deux  restent à lancer, le  européen  a raté son premier vol commercial.


La contrepartie de l’incapacité a maintenir la paix a généré : un puissant rappel de la nécessité de l’indépendance spatiale américaine

par Grant Anderson pour Real Clear Wire

La Station spatiale internationale (ISS) s’est avérée être un grand exemple de réalisation technologique humaine et a existé en tant que plate-forme pour la connexion, la diplomatie, la paix et la coopération mondiales. Elle a joué un rôle précieux et noble en soutenant les efforts scientifiques pacifiques de plusieurs nations et communautés pendant plus de deux décennies.

Mais, alors qu’elle entre dans sa dernière décennie de vie – la NASA a annoncé en janvier 2022 qu’elle prévoyait de « désorbiter » l’ISS en 2031 – elle commence à montrer ses limites. Toutes les bonnes choses ont une fin et, à cet égard, l’ISS n’est pas différente des autres bonnes choses.

Plus largement, ces limitations, et l’expiration imminente de l’ISS en général, renforcent la nécessité de poursuivre l’importante quête d’indépendance américaine dans l’espace. Certes, l’ISS a soutenu de nombreuses missions internationales au cours des vingt dernières années, au cours desquelles des astronautes de tous horizons ont travaillé ensemble pour faire progresser l’activité humaine dans l’espace.

Cela dit, l’accès américain à l’ISS a connu plusieurs complications au fil des ans, une leçon dont nous devrions nous efforcer de tenir compte à l’avenir. Quelques exemples suffisent à illustrer ce point. Lorsque le programme américain de navettes spatiales a pris fin, l’Amérique a dû dépendre du Soyouz russe pour se rendre à la station et en revenir – une situation qui pouvait fonctionner lorsque les relations entre les États-Unis et la Fédération de Russie étaient amicales, mais qui est désormais problématique à la suite de la guerre de la Russie contre l’Ukraine. En fait, au début de la guerre contre l’Ukraine, les autorités russes ont laissé entendre de manière menaçante qu’elles pourraient laisser un Américain en rade à bord de l’ISS.

Et aussi méprisables que soient les pressions exercées par la Russie, d’autres incidents rappellent la nécessité de poursuivre l’objectif d’indépendance dans l’espace. Plus récemment, en décembre, une importante fuite de liquide de refroidissement s’est produite sur le vaisseau spatial Soyouz amarré à l’ISS, un problème qui, s’il ne met pas immédiatement en danger la vie du personnel à bord, pose de nouveaux problèmes pour les vols de retour vers la Terre. Le vaisseau Soyouz se trouve sur la station et sert de « canot de sauvetage » en cas d’urgence nécessitant l’évacuation des habitants de l’ISS.

La cause de la fuite reste inconnue et les enquêtes doivent encore déterminer l’origine du dysfonctionnement. Heureusement, les reportages sur la fuite et les actions qui ont suivi indiquent que les États-Unis et la Russie se sont étroitement coordonnés tout au long de cette épreuve. Cependant, l’épisode de la fuite est un autre exemple problématique d’astronautes américains opérant à la merci des capacités, de la fiabilité et de la technologie d’une puissance étrangère. Il s’agit d’une raison de plus pour laquelle l’Amérique ne peut pas lever le pied pour reconstruire son programme de vols habités, améliorer ses plates-formes et ses capacités d’accès à l’espace et s’assurer que ses propres systèmes et moyens de secours sont prêts à faire face à toute une série d’opérations ou de besoins d’urgence plausibles.

C’est un témoignage des valeurs partagées, de l’orientation de la mission et du professionnalisme du corps des astronautes du monde entier que, même dans les moments politiques les plus difficiles, ceux de l’univers supérieur peuvent travailler ensemble et ne pas laisser les événements sur Terre entraver le travail sur l’ISS.

Malheureusement, ce qui se passe en orbite est souvent déterminé par les événements qui se déroulent à la surface de la Terre, et avec cette pensée qui donne à réfléchir, toute personne se trouvant à bord de l’ISS peut être affectée par des événements qui échappent à son contrôle.

Alors que la guerre en Ukraine continue de faire rage et que les relations entre la Russie et l’Occident se tendent de jour en jour, ces types d’incidents devraient servir à la fois de signal d’alarme et de motivation pour que nous gardions l’œil sur la balle avec notre propre programme spatial civil. La dernière chose que nous souhaitons, c’est que des Américains soient laissés en rade.

En période de conflit, de confusion, d’incertitude économique et de priorités nationales concurrentes apparemment sans fin, la tentation de réduire nos efforts dans l’espace peut être séduisante. Le programme spatial a déjà fait l’objet de coupes sombres, la dernière fois pendant la « grande récession » de 2009-2011, lorsque des besoins concurrents ont supplanté l’argument du maintien d’une présence robuste au-dessus de l’atmosphère. Mais l’impératif d’un programme spatial américain engagé et convenablement capitalisé est aujourd’hui fort et nous devons nous en tenir à nos objectifs. Le monde a changé, la concurrence est féroce, la technologie progresse rapidement et nos adversaires travaillent fébrilement à l’établissement de leurs propres programmes spatiaux – souvent à des fins contraires aux ambitions spatiales pacifiques du passé.

En ce début d’année, nos politiques et nos budgets doivent continuer à soutenir les programmes, les capacités et le développement technologique qui nous permettront de continuer à progresser vers nos objectifs au-delà de la Terre. Dans le même temps, cette récente fuite à bord du Soyouz et les inquiétudes plus larges qui en découlent quant à la fiabilité de la Russie ne devraient que renforcer la nécessité d’établir et de garantir rapidement l’indépendance américaine dans l’espace.

Alors, comment se profile 2023 ?

par Futura Sciences

2023 verra la fin de la carrière d’Ariane 5, un lanceur iconique devenu la référence sur les marchés commerciaux des satellites lancés en  géostationnaire qui aura marqué toute une génération de passionnés d’espace. En 2023, il réalisera ses deux dernières missions : en janvier, avec le lancement des satellites  (H2Sat), et Syracuse 4B (milsat) en avril, avec le lancement de la sonde Juice à destination de  et de ses mondes. Avec ce retrait et en attendant la mise en service d’, l’Europe qui, encore il y a seulement quelques années, était le leader de l’accès à l’espace, sera dépendante du bon vouloir de SpaceX pour lancer ses satellites !

De Starship à Ariane 6, sans oublier le Vulcan

Quant à Ariane 6, son premier vol, initialement prévu en juillet 2020, est aujourd’hui annoncé au cours du dernier trimestre 2023, mais pourrait être décalé à début 2024. Pour l’heure, place aux essais combinés qui se dérouleront tout au long de l’année et qui consisteront à s’assurer du bon fonctionnement dans l’interaction entre le lanceur et le pas de tir (Ela-4), et à tester toutes les procédures opérationnelles de la base de lancement relatives à Ariane 6.


Ariane 6 n’est pas le seul nouveau lanceur attendu. On compte également sur le Starship de SpaceX, le  d’ULA et quelques nouveaux lanceurs chinois dont certains sont privés. Le premier vol d’essai du , sans cesse repoussé pour de bonnes raisons, devrait avoir lieu en début d’année. Il est prévu pour durer plus ou moins 90 minutes. Starship sera mis en orbite par le lanceur Super Heavy et s’envolera à destination de l’archipel d’Hawaï, avec un passage dans l’espace, mais sans réaliser une orbite complète autour de la Terre. Si tout se passe comme prévu, l’étage principal du Super Heavy retournera se poser sur la terre ferme, ce qui ne sera pas le cas du Starship. Après une rentrée atmosphérique, le Starship devrait s’abîmer en pleine mer au large des côtes d’Hawaï, après un amerrissage contrôlé.

Premières missions privées sur la Lune

Autre lanceur très attendu, le Vulcan d’ULA. Ce dernier n’est pas destiné aux marchés ouverts à la concurrence. Il aura pour seul client le gouvernement des États-Unis et le Falcon 9 sera son principal concurrent. Il doit remplacer progressivement les lanceurs américains Delta IV heavy et à terme, l’Atlas V. Pour son premier vol, il visera la Lune avec le lancement de l’atterrisseur lunaire Peregrine de la société Astrobotic. Cet atterrisseur, qui transportera plusieurs charges utiles, sera le tout premier engin spatial de nature privée à alunir. Cette mission sera réalisée dans le cadre du programme Commercial Lunar Payload Services (CLPS) de la Nasa qui a pour but de livrer du matériel scientifique et technologique sur la Lune pour le compte de la Nasa. Lancé en décembre, l’alunisseur privé d’ISpace Hakuto-R livrera sur la Lune le rover Rashid des Émirats arabes unis. Ses premiers tours de roues sont prévus fin avril, début mai. Il sera rejoint quelques semaines plus tard, en juin, par le  Indien Chandrayaan-3.

Dans le domaine des , le CST-100 de Boeing devrait réaliser au printemps son premier vol à destination de la Station spatiale internationale avec à son bord deux . En Inde, Gaganyaan, le prototype de véhicule habité développé par l’agence spatiale indienne devrait réaliser son vol d’essai en 2024, voire fin 2023. Enfin, si l’année 2022 s’est terminée avec la sélection d’une nouvelle classe d’astronautes européens, c’est en février, ou lors de son Conseil du mois de mars, que l’Agence spatiale européenne décidera si elle se dote d’une capacité autonome d’accès à l’espace pour ses astronautes. Un rapport très complet sur le sujet sera remis aux dirigeants de l’ESA en janvier.

Une mission dédiée à l’Univers sombre et un « Hubble » chinois

En  de missions spatiales, plusieurs lancements sont attendus. En 2023, l’Agence spatiale européenne lancera la sonde Juice (avril) et Euclid (entre juillet et septembre). La mission  a pour but de caractériser les lunes glacées de Jupiter — , Europe et  — en tant qu’objets planétaires et habitats potentiels, et d’étudier en profondeur l’environnement complexe de Jupiter. Elle examinera le système  comme modèle pour les  dans tout l’Univers.

Quant à , il s’agit d’une mission très ambitieuse et inédite qui a pour but l’étude de l’univers sombre, c’est-à-dire la matière noire, l’énergie sombre (lambda) et les champs responsables de l’inflation. La Nasa lancera en octobre la sonde Psyche à destination de l’ métallique du même nom qui sera atteint en 2026. Il serait le vestige du noyau ferreux d’une ancienne protoplanète. La mission a aussi pour but d’identifier ses caractéristiques et de recenser ses quantités d’or, de  et de  dont on estime la valeur à plus ou moins… 10 000 quadrillons de dollars, soit plus que toute l’économie mondiale !

Quant à la Chine, qui a terminé la construction de sa station spatiale, elle devrait lancer en 2023 son « Hubble ». En effet, cette station sera complétée fin décembre par le  spatial Xuntian qui volera en retrait de la station et viendra s’y amarrer pour des opérations de maintenance. Ce télescope sera doté d’un  de deux mètres de diamètre, légèrement plus petit que celui du télescope spatial Hubble (2,4 mètres) mais son champ de vision sera bien plus grand.


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