Secrets révélés

L’Algérie, une construction coloniale sur un territoire fragmenté

par Pierre Rehov

Avant 1830, une terre sans État

Avant la conquête française du XIXe siècle, le territoire aujourd’hui appelé “Algérie” ne portait pas ce nom. Ce vaste espace géographique, bordant la Méditerranée, était désigné par des termes vagues comme le “Maghreb central” ou simplement “la Régence d’Alger”.

Il n’existait pas d’État algérien souverain, ni de frontières clairement définies, ni de pouvoir central capable de gouverner l’ensemble du territoire.

La Régence d’Alger, vassale de l’Empire ottoman, exerçait un contrôle relatif sur une partie du littoral nord. Mais au-delà, le pays était morcelé en tribus indépendantes, obéissant à des chefs locaux, souvent en conflit les uns avec les autres.


À l’ouest, la Régence de Tunis étendait parfois son influence, tandis que les dynasties marocaines revendiquaient certaines zones frontalières.

Une économie fondée sur la piraterie et l’esclavage

La Régence d’Alger était surtout connue en Europe pour sa piraterie maritime.

Pendant des siècles, ses navires écumaient la Méditerranée, capturant des bateaux marchands, rançonnant les cargaisons, et réduisant les équipages à l’esclavage. On estime que plus d’un million d’Européens furent ainsi capturés entre le XVIe et le XIXe siècle, puis revendus sur les marchés d’Alger, Tunis ou Tripoli.

Les pirates barbaresques, comme on les appelait, représentaient une menace constante pour le commerce maritime. Ces activités étaient non seulement tolérées mais institutionnalisées, servant à financer la Régence et à asseoir son autorité.


1830 : la conquête française et la naissance d’un territoire unifié

Lorsque la France débarque à Sidi-Ferruch en 1830, elle ne pénètre pas dans un pays, mais dans un territoire éclaté, sans identité nationale.

Pendant plus de quarante ans, elle devra pacifier la région par des campagnes militaires successives. Ce n’est qu’après de longs combats contre les résistances tribales, notamment celles de l’émir Abd el-Kader, que la domination française s’impose progressivement.

C’est à ce moment que l’Algérie commence à exister comme entité géographique et politique.

Les autorités coloniales découpent le territoire en départements, créent une administration centralisée, un système judiciaire, une monnaie commune, et développent les grandes villes.

Une infrastructure sans précédent

Sous la colonisation, la France bâtit une grande partie de ce que l’on appelle aujourd’hui l’Algérie moderne :

  • Plus de 20 000 km de routes et des lignes de chemin de fer reliant les villes principales au désert,
  • Des ports modernes (Oran, Alger, Bône),
  • Des écoles, des lycées, et même une université à Alger dès 1909,
  • Des hôpitaux, réseaux d’irrigation, réservoirs d’eau, et barrages,
  • Une agriculture moderne avec introduction de techniques européennes,
  • Des villes structurées avec voiries, réseaux d’assainissement, tramways, bâtiments publics.

En moins d’un siècle, un pays prend forme là où n’existait auparavant qu’une mosaïque de territoires disparates.

1962 : l’indépendance dans le sang

L’indépendance de l’Algérie, obtenue en 1962 après huit ans de guerre, est marquée par un exode massif et tragique. Près d’un million de Français d’Algérie, dits “Pieds-Noirs”, sont contraints de fuir dans l’urgence, laissant derrière eux maisons, souvenirs, et parfois des proches assassinés.

Des massacres sont commis, dont celui d’Oran, qui fera plus de 2000 victimes civiles.

Les Harkis, ces Algériens musulmans qui avaient combattu aux côtés de la France, sont massacrés par dizaines de milliers après l’indépendance. Beaucoup furent torturés, égorgés, ou jetés vivants dans des puits. La France, dépassée, n’en sauva qu’une fraction.

Les Kabyles : premiers colonisés de l’histoire algérienne

Longtemps avant l’arrivée des Français, les Kabyles, peuple berbère montagnard, habitaient les hauteurs de la Kabylie. Porteurs d’une culture millénaire et d’une langue propre, ils furent envahis au VIIe siècle par les Arabes, venus propager l’islam.

Résistants farouches, les Kabyles furent contraints à l’islamisation et à l’arabisation, sans jamais perdre totalement leur identité. Aujourd’hui encore, ils se battent pour leur reconnaissance culturelle et politique, dans un pays dominé par l’arabisme officiel.

Les Juifs d’Algérie : un exil oublié

Les Juifs étaient présents en Afrique du Nord depuis l’Antiquité, bien avant l’arrivée de l’islam.

Leur statut après l’arrivée de l’Islam était celui de « dhimmis ». Citoyens de second ordre, sans droits véritables, et contraints à la misère et à la soumission.

Sous la colonisation française, le décret Crémieux (1870) leur accorde la citoyenneté française.

En 1962, ils deviennent à leur tour des cibles. Considérés comme traîtres ou étrangers, ils fuient massivement vers la France, les USA et Israël, dans l’indifférence générale.

En quelques mois, une présence juive de plus de 2 000 ans s’éteint, emportée par les violences et les pressions.

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