Les rues de la ville de New York s’éveillent tôt le matin, mais récemment, dans certains coins, une certaine inquiétude est apparue – non pas de paix, mais de voix réduites au silence.
Les panneaux et pancartes sont partout dans les villes américaines, défendant des causes aussi diverses qu’un animal de compagnie perdu, l’ouverture d’un nouveau bar ou un appel urgent à l’arrêt d’un projet de développement. Ces aperçus fugaces des préoccupations des autres, qu’elles soient anodines ou profondes, demandent rarement une réflexion plus approfondie.
Ensemble, ils forment une cacophonie de voix superposées au bruit visuel de l’Amérique du XXIe siècle. Nous marchons, nos journées se déroulent comme prévu, souvent inconscients des couches de signification derrière chaque image ou plaidoyer.
Mais ces affiches « KIDNAPPED » sont différentes.
Elles ne sont pas seulement un élément visuel de plus dans la mosaïque de ce moment. Elles ne sont pas simplement une autre couche de couleur dans la mosaïque de ce moment. Des images simples et sans fioritures – une photographie, un nom, un appel – mettent en lumière le sort des 251 otages capturés par le Hamas et d’autres groupes terroristes lors de leur invasion brutale d’Israël le 7 octobre. Elles sont un rappel brutal du coût humain de ces atrocités, un appel à la sensibilisation et une pétition pour obtenir de l’aide.
Des groupes pro-israéliens ont commencé à placer des affiches dans les espaces publics pour attirer l’attention sur le coût humain de ces atrocités et peut-être ressentir un sentiment de catharsis. La catharsis n’a pas eu lieu. Un chaudron bouillonnant de destruction humaine brute, à sa manière aligné dans son message et ses tactiques avec celui du Hamas lui-même, a cherché à utiliser l’outil couramment utilisé à l’autre bout du monde.
Ces pancartes sont devenues la cible de vandales anti-israéliens déterminés non seulement à faire taire cet appel à la prise de conscience mais aussi à effacer ces visages de l’existence.
La destruction des affiches s’inscrit dans une tendance inquiétante relatée dans le nouveau film de Nim Shapira, « TORN : The Israel-Palestine Poster War on NYC Streets ». Le film montre comment, alors que des groupes pro-israéliens et des personnes de confession juive s’efforçaient d’accrocher des affiches « KIDNAPPED » mettant en lumière le sort des 251 otages emmenés d’Israël à Gaza lors des attaques du Hamas du 7 octobre, des vandales anti-israéliens se sont empressés de les arracher ou de les dégrader.
Cette guerre par procuration menée dans les espaces publics de New York met en lumière les profondes divisions exacerbées par les atrocités du Hamas.
Les vandales peuvent prétendre que ces affiches sont de la propagande ou prétendre qu’elles exacerbent les divisions. Soutenir leurs actions avec des arguments aussi fragiles soulève plus de questions qu’elles n’apportent de réponses, car la destruction ne sert pas l’objectif supérieur de l’unité.
Mais plutôt que de s’intéresser au contenu, ils choisissent de taire et d’effacer tout signe de l’existence humaine de ceux qui sont retenus captifs, comme si ces personnes étaient des éléments gênants d’une histoire que les vandales ne souhaitent pas voir racontée.
On peut imaginer que les vandales croient que leur cause est juste et que leur destruction est justifiée – que la démolition annule en quelque sorte l’acte de réinstallation. Bien sûr, ce n’est pas le cas.
La haine, qui est une condition humaine par excellence, nous ferme les yeux sur le mal causé par nos actes, réduisant le dialogue en cendres et laissant ceux qui sont réduits au silence souffrir doublement.
Cette cécité reflète des problèmes sociétaux plus vastes : le tribalisme croissant et l’intolérance intellectuelle, où la rigidité idéologique étouffe le dialogue au lieu de l’encourager.
Cela fait écho à une vieille maladie : le veto du chahuteur, où la dissidence est étouffée ou arrachée au lieu d’être confrontée à un argument raisonné. Pourtant, le discours civil a un pouvoir profond, il inspire le changement, mais il n’y a pas d’inspiration si l’on étouffe les voix.
Cette volonté de réduire au silence les autres n’est pas une simple nuisance, c’est une atteinte à la structure d’une société libre.
Dans une nation fondée sur le principe selon lequel chaque voix mérite d’être entendue, le veto des chahuteurs – qu’il s’agisse de cris dans une salle de conférence ou de graffitis sur un mur – cherche à remplacer le dialogue par la domination.
Cette élimination des autres est inacceptable pour ceux qui croient en la promesse américaine de liberté. Et même ainsi, elle est devenue un outil bien rodé dans beaucoup trop de régions de l’Amérique.
Certes, toutes les affiches ne sont pas des symboles de la liberté d’expression. La légalité de leur placement est importante. La propriété publique doit être régie par des règles appliquées de manière égale, de peur que le chaos ne règne. La propriété privée doit être respectée, car elle est une pierre angulaire de la liberté.
Mais lorsque l’objection ne porte pas sur l’emplacement du message mais sur le message lui-même, nous entrons en territoire dangereux.
Démanteler ces affiches n’est pas un acte d’ordre civique. C’est le veto du chahuteur en action – faire taire une voix au lieu de l’affronter. C’est une déclaration de mépris pour le message – et, par extension, pour les innocents dont ils mettent en lumière le sort.
Il ne s’agit pas seulement de préserver le papier et l’encre. Ces affiches font appel à quelque chose de profond et d’instinctif : le droit de dénoncer l’injustice. Les personnes qui ont été annulées souffrent doublement lorsque leurs voix sont réduites au silence, que ce soit par des lois, des intimidations ou de simples actes de vandalisme. Leur captivité devient une note de bas de page, leur humanité une considération secondaire.
Nous devons nous demander : si nous ne pouvons pas nous rallier autour du sort des otages détenus par des terroristes, quelle cause peut nous inciter à l’unité?
La réponse à la liberté d’expression avec laquelle nous ne sommes pas d’accord est de la laisser s’exprimer davantage, et non de la détruire.
Ce principe est le fondement de la société civile.
Démanteler une affiche parce que son message ne vous plaît pas n’est pas un acte de courage, mais de lâcheté.
La liberté d’expression, si elle doit avoir un sens, doit s’appliquer de manière égale. Son poids est incommensurable. Quelle valeur a cette première liberté si elle ne fait qu’amplifier la voix de sa tribu, des puissants ou du gouvernement ? Après tout, c’est la voix de John Peter Zenger qui avait besoin de protection, pas celle du gouverneur royal. Il est bien plus facile de déchiqueter du papier que de confronter des idées, et il est plus simple de détruire que de débattre. Mais elle est aussi profondément anti-américaine.
Notre caractère national a longtemps été défini par notre capacité à endurer, à argumenter et à réconcilier. Lorsque les abolitionnistes s’opposaient à l’esclavage, ils ne réagissaient pas le plus souvent en brûlant les tracts de leurs adversaires mais en imprimant les leurs, confiants dans la force de leur message. Il restait des exceptions, comme John Brown, qui choisit la voie du meurtre ; le mouvement plus large privilégiait le pouvoir de l’argumentation et de la persuasion morale plutôt que la répression. Lorsque les suffragettes réclamaient le droit de vote, elles ne déchiraient pas les affiches d’opposition ; elles présentaient leur point de vue au peuple. Cet esprit a permis à une nation déchirée de se reconstruire – avec le temps –.
Nous devons nous demander : sommes-nous toujours cette nation ? Croyons-nous toujours au pouvoir des mots pour guérir et persuader ? Ou avons-nous succombé à l’idée désespérée selon laquelle la force fait loi, que la voix la plus forte l’emporte, que le tranchant d’un cutter – un outil qui a autrefois apporté une violence inimaginable sur nos côtes – peut réécrire l’histoire et effacer la mémoire d’innocents de notre conscience collective ?
Je dis à ceux qui dégradent ces affiches : parlez si vous pensez que le message est faux. Écrivez. Rassemblez-vous pacifiquement. Exposez vos idées sur la place publique et laissez-les être évaluées. Mais ne confondez pas destruction et débat. Ne confondez pas l’annulation d’autres affiches avec l’élévation de votre cause.
Dans une société libre, les idées doivent tenir ou tomber en fonction de leurs mérites, et non de la force de ceux qui les effacent. Bien que manifestement puissante, la liberté n’a plus de sens si elle est réservée uniquement à soi-même.
Et pour nous tous, qui regardons ces actes avec un mélange d’indignation et de résignation, l’appel est clair : défendons les voix qui réclament justice. Défendons fermement les droits de ceux dont la voix ne peut être entendue. Défendons le principe selon lequel la réponse aux mauvais discours en Amérique est un meilleur discours, et non pas l’absence de discours du tout, ou le silence sur le discours.
Alors que cette crise des otages touche enfin à sa fin, nous pouvons tous en tirer des leçons durables. Il s’agit d’une épreuve humaine, crue et urgente, qui nous oblige à réfléchir aux principes de la liberté d’expression et à l’impératif moral de donner la parole à ceux qui sont réduits au silence.
Les visages sur ces affiches nous rappellent que derrière chaque conflit politique se trouvent de vraies personnes – des mères, des pères, des enfants – dont la vie est en jeu. Détruire ces images, c’est nier leur réalité, leur humanité commune, et se détourner de leur souffrance.
Nous avons vu cet épisode comme un nouvel aperçu de l’âme d’un ennemi qui ne partage pas nos valeurs. Nous ne pouvons pas nous permettre l’indifférence, et encore moins une haine qui prive l’humanité d’innocents en danger pour s’enraciner davantage et détruire tout sur son passage.
Une société qui détruit les images des otages à l’autre bout du monde risque de détruire son âme.
Se souvenir de ces otages est un impératif moral pour nos citoyens, conscients de notre cause commune avec ceux des pays lointains qui partagent notre croyance dans la simple dignité de la liberté. Le prix à payer pour se détourner de l’injustice – que ce soit dans ce conflit ou dans les conflits à venir – pourrait bien s’avérer rien de moins que la liberté sacrée.
Nous devons être à la hauteur de la situation. Soyons le genre de personnes qui, face aux cris des opprimés dans notre propre pays, ne détournent pas le regard mais se lèvent et répondent. Soyons, comme nous avons toujours aspiré à l’être, une nation qui croit au pouvoir des mots et à la force durable de la liberté pour tous.
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