Les jeux de guerre constituent un outil de planification essentiel. Différents experts militaires et politiques s’assoient autour de tables ou dans des salles séparées et simulent la prise de décision dans différents pays.
Les décisions du tour précédent sont ensuite reproduites en plusieurs tours. L’objectif n’est pas de faire gagner ou perdre les équipes, mais plutôt de forcer les analystes à confronter la pensée de groupe ou à anticiper des scénarios qu’ils n’avaient pas envisagés auparavant.
De temps à autre, des exercices militaires sponsorisés par des groupes de réflexion de Washington, voire par le gouvernement américain, font la une des journaux.
L’Iran ciblerait-il le quartier général de la Cinquième Flotte américaine à Bahreïn en représailles après une frappe israélienne sur des sites nucléaires iraniens, même si le Pentagone n’avait pas été impliqué ?
Un exercice militaire récent du Forum du Moyen-Orient, par exemple, a suggéré la possibilité que le régime iranien invite la Chine à stationner sa marine au terminal pétrolier de Kharg afin d’empêcher toute riposte américaine contre le principal débouché de l’Iran pour l’exportation de son pétrole.
D’autres exercices militaires ont envisagé la possibilité que la Chine frappe des installations américaines à Guam ou des dépôts de carburant de l’aéronavale à Singapour pour les neutraliser avant une invasion de Taïwan, ou se sont demandé quelle quantité d’armes l’Organisation du commerce nord-atlantique pourrait fournir à l’Ukraine avant que la Russie ne recoure à l’arme nucléaire.
Les manœuvres militaires présentent un autre avantage : elles obligent diplomates et décideurs politiques à renoncer aux vœux pieux et à affronter la réalité.
L’administration du président Donald Trump a misé gros sur la Turquie, non pas en se basant sur la réalité de cet État parrain du terrorisme, mais plutôt sur les promesses et les accords commerciaux potentiels que le président Recep Tayyip Erdoğan lui a soufflés à l’oreille.
Cela conduit à des incohérences. Il est impossible, par exemple, d’être à la fois pro-Turquie et anti-Hamas. Soutenir l’un revient à embrasser l’autre, d’autant plus que la majeure partie du terrorisme du Hamas est désormais planifiée non plus à Téhéran, mais à Istanbul, où la Turquie a offert refuge et soutien aux financiers et aux dirigeants du groupe.
Compte tenu de l’agressivité croissante d’Erdoğan envers l’État hébreu, notamment de ses appels à une action militaire et à un djihad violent contre lui, et du terrorisme qu’il soutient, il est temps de reconnaître le potentiel d’un conflit militaire.
L’étincelle pourrait provenir de la Syrie, surtout maintenant que la Turquie partage de fait une frontière avec Israël, alors qu’Erdoğan utilise Hay’at Tahrir al Sham pour transformer la Syrie en mandataire, tout comme l’Iran a utilisé le Hezbollah pour transformer le sud du Liban en colonie iranienne de facto.
Il pourrait également s’agir d’un différend concernant le programme nucléaire turc, alors qu’Erdoğan suit la voie du Guide suprême iranien Ali Khamenei en utilisant un programme prétendument civil pour assouvir une ambition nucléaire de longue date.
Les États-Unis doivent reconnaître ce qui était autrefois inconcevable : une guerre entre un membre de l’OTAN et l’État juif.
À quoi ressemblerait une telle guerre ? Impliquerait-elle des missiles et des essaims de drones ? Des engagements navals en Méditerranée orientale ? Des combats aériens avec les deux pays utilisant des armes fournies par les États-Unis ?
La Turquie tenterait-elle un débarquement pour couper Israël en deux à son point le plus étroit, à peine 13 kilomètres entre la Méditerranée et la Cisjordanie ?
Dans une telle situation, comment réagiraient les États-Unis ? Que feraient les voisins d’Israël ?
Le roi Abdallah II de Jordanie, lui-même impopulaire sur le plan intérieur, pourrait-il résister aux pressions de sa propre population, farouchement hostile à Israël ?
La Turquie utiliserait-elle des mercenaires djihadistes syriens et des vétérans de l’État islamique, comme l’a fait Erdoğan pour soutenir l’invasion du Haut-Karabakh par l’Azerbaïdjan ?
LE PARI INTELLIGENT DE TRUMP SUR LA SYRIE
Alors que l’administration Trump relance une éventuelle vente d’avions de combat interarmées F-35 à la Turquie, le Pentagone et le Congrès devraient tous deux réfléchir à l’effet que ces avions pourraient avoir si la Turquie les utilisait contre Israël.
Les diplomates se construisent trop souvent un cocon de confort et de réalités alternatives. Si cela peut paraître prometteur sur le papier, il ne s’agit pas d’un pas vers la paix, mais plutôt d’une négligence flagrante, qui consiste à refuser d’affronter la réalité.
Une guerre entre Israël et la Turquie n’est plus une possibilité lointaine, mais pourrait facilement éclater d’ici une décennie.
La question est désormais de savoir si Washington peut l’empêcher, quel effet les ventes militaires pourraient avoir sur son issue et qui les États-Unis souhaitent gagner.
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