Nouveau paradigme

L’étoile montante du ciel politique américain

Nikki Haley, l’étoile républicaine qui monte face à Donald Trump.

Si l’ancien Président demeure largement favori dans la course à l’investiture du Parti républicain pour l’élection de 2024, la candidate Nikki Haley monte dans les sondages. D’origine indo-américaine, elle incarne un rêve américain classique et prône une Amérique alliée avec l’Europe.

« Je suis la seule candidate qui puisse gagner l’élection présidentielle contre Joe Biden. »

Nikki Haley résume elle-même son principal atout au sein du Parti républicain.

Alors que les primaires républicaines démarrent dans deux mois, elle peut, contrairement à tous les autres candidats, appuyer cette affirmation sur des sondages. Selon le site d’information politique RealClearPolitics, elle battrait effectivement Joe Biden si l’élection avait lieu ces jours-ci (avec 44,3 % contre 42,7 %) et elle ferait mieux que Donald Trump (45,6 % contre 44,7 %), ce qu’aucun autre candidat de son camp n’est en mesure de faire en l’état actuel des sondages.

Elle gagne les débats

Bien entendu, il serait absurde de faire des pronostics précis à partir de sondages un an avant l’élection présidentielle américaine, mais les tendances sont là. Et au sujet de Nikki Haley, seule femme candidate républicaine, une chose est sûre : tous les sondages montrent qu’elle est une des étoiles montantes de la politique américaine. Il y a encore six mois, peu d’Américains connaissaient le nom de celle qui avait été ambassadrice des États-Unis à l’Onu pendant 18 mois au début du mandat de Donald Trump.


Mais aujourd’hui, elle fait figure d’un des principaux challengeurs de l’ancien Président. Après les deux débats publics entre les candidats républicains qui ont eu lieu devant des dizaines de millions de téléspectateurs en août et en septembre, c’est son nom que les médias ont mis en avant. Le 8 novembre 2023, lors du troisième débat, elle sera la candidate la plus en vue parmi les huit qui restent en lice.

Un modèle thatchérien

À écouter les observateurs, sa maîtrise des dossiers et l’efficacité de ses arguments seraient ses principales qualités. Ses idées sont jugées à la fois modérées et conservatrices.

« Elle a adopté ce modèle coriace et décomplexé « thatchérien » qu’une femme politique devrait incarner et qui résonne tant pour les Républicains », résume Rich Lowry, rédacteur en chef de National Review, un média conservateur de référence et critique à l’égard de Trump.

En politique étrangère, qui est une de ses spécialités (l’économie étant l’autre), elle rassure surtout les Républicains non Trumpistes en défendant le rôle et la présence militaire des États-Unis dans le monde, alors que l’ancien président était et demeure sur une ligne plutôt isolationniste.

Elle défend notamment l’Otan et elle affiche une ligne sans concession à l’égard des régimes autoritaires, comme la Russie et la Chine.


En particulier, elle soutient l’aide américaine massive à l’Ukraine, alors que Donald Trump et d’autres candidats voudraient la diminuer. Pour cette raison, elle rassure aussi l’Union européenne.

Sur des sujets sociétaux, elle se décrit elle-même comme une « conservatrice normale ». Elle s’est toujours affichée pro-vie, « comme mère de famille » et parce que son mari a été adopté, comme elle le précise. Mais face aux Républicains qui défendent des restrictions ou même une interdiction de l’avortement au niveau fédéral, elle opte elle pour des compromis politiques « bipartisans », au nom du réalisme.

Elle se démarque ainsi de plusieurs autres candidats au sein d’un parti très engagés dans la guerre culturelle contre l’avortement, dont elle veut sortir. Elle se dit aussi favorable à l’accès à la contraception. De même, sur les questions environnementales, elle se montre ouverte à l’exploitation pétrolière, mais elle a un profil moins climatosceptique que les candidats Trump et DeSantis.

Elle critique Donald Trump

Si elle a longtemps défendu Donald Trump et si elle a refusé de voter pour sa destitution une semaine après l’attaque des supporteurs pro-Trump contre le Congrès en janvier 2021, elle n’a jamais été une proche, ne l’a pas soutenu en 2016 et elle fait désormais partie de ceux qui dénoncent le côté excessif du personnage. Le 28 octobre, devant un public de Républicains juifs pro-Israël, elle a mis en garde contre une politique étrangère de Donald Trump qui serait marquée par le « chaos, les vendettas et le drame ».

Mais son obstacle le plus sérieux est l’extrême popularité dont bénéficie encore aujourd’hui l’ancien président au sein de son parti. Dans la course à la nomination républicaine qui se tiendra l’été prochain, les sondages montrent qu’elle a un retard énorme à combler dans l’ensemble des élections primaires d’ici là. Au niveau national, Donald Trump est crédité de presque 60 % au sein du parti, alors que Nikki Haley ne dépasse pas les 10 %. Elle n’a même pas rattrapé son retard sur Ron DeSantis, le gouverneur de Floride, dont la candidature fut longtemps jugée comme la seule pouvant mettre en danger Trump, mais qui, depuis six mois, s’effondre.

Mais cet écart sur Donald Trump n’est pas jugé insurmontable par les observateurs à ce stade de la campagne présidentielle, qui soulignent sa percée. Ainsi, dans l’État de New Hampshire, qui sera un des premiers à se prononcer en janvier, Nikki Haley est créditée de 19 %, loin devant DeSantis à seulement 10 %, mais encore distancée par Trump, à 49 %. Or il y a six mois, elle était créditée de 4 % dans ce même État.

Qui est-elle donc ?

Comme personnage politique, elle est à l’extrême opposé de Donald Trump et, plus généralement, du modèle populiste et ultra-clivant des leaders que son parti a tendance à voir émerger depuis quelques années. Contrairement à eux, elle ne joue jamais sur la nostalgie ou sur les réflexes identitaires. Unique femme dans la course à l’investiture républicaine, elle est en outre d’origine immigrée, tout en étant issue de l’Amérique moyenne.

À l’instar de l’actuelle vice-présidente Kamala Harris, également née de parents immigrés, elle incarne à merveille le « rêve américain ». Le sien a commencé en 1972 à Bamberg, une petite ville assez pauvre au cœur de la Caroline du Sud. Elle y est née Randhawa, le nom de famille de ses parents, tous les deux enseignants, immigrés du Pendjab en Inde et de confession sikh. Après s’être formée en comptabilité à l’université de Clemson, elle a fait ses preuves dans l’important magasin de vêtement que sa mère avait fondé dans les années 1970.

Après avoir épousé en 1996 Michael Haley, qui est officier dans l’armée, et s’être convertie au christianisme en 1997 (le couple fréquente l’Église méthodiste), elle s’est fait connaître au sein de la chambre de commerce locale comme quelqu’un pouvant défendre, avec efficacité, des dossiers, par exemple ceux des petits commerçants face aux grosses sociétés. Par ce biais, elle a découvert la politique. Elle a également affirmé s’être inspirée de Hillary Clinton, en tant que femme politique. En 2004, elle a été élue pour la première fois en 2004 à la Chambre des représentants de la Caroline du Sud sur un programme revendiquant une baisse des impôts et une réforme libérale de l’éducation.

Quand elle parle de cet événement, elle précise qu’elle fut alors « la première femme indo-américaine » à avoir réussi ce pari dans cet État du Sud. Réputée efficace, ayant le souci de défendre les « gens ordinaires », elle est élue gouverneure de la Caroline du Sud en 2010. Réélue en 2014, elle démissionne en janvier 2017, quand Donald Trump l’appelle pour lui proposer la fonction prestigieuse d’ambassadrice des États-Unis à l’Onu. Le fait qu’une personne « sans expérience de la politique étrangère » puisse accéder à un poste aussi important (égal à celui d’un ministre aux États-Unis) a beaucoup surpris, à l’époque.

Aux reins solides

Or Donald Trump avait besoin d’un représentant et d’un négociateur aux reins solides, qui puisse défendre ses positions peu populaires sur la scène internationale. Nikki Haley fut cette personne. C’est elle qui a porté, sans fléchir, la parole des États-Unis, à l’Onu, quand son pays est sorti de l’accord de Paris sur le climat, ou de celui sur le nucléaire iranien et du Conseil des droits de l’homme.

Elle a également défendu une position pro-Israélienne proche de celle de Benyamin Netanyahou quand Donald Trump a décidé de transférer l’ambassade américaine en Israël de Tel Aviv à Jérusalem, considérant que cette ville était la capitale de l’État hébreu. Une décision qui a aggravé le sentiment d’humiliation des Palestiniens et suscité des condamnations sévères à travers le monde.

Nikki Haley aime Israël

Interrogée sur son amour envers l’Etat hébreu, Mme Haley veut « que tout le monde aime Israël autant que je l’aime. Je veux que tout le monde voit que c’est un point positif dans un milieu assez rude. Il représente la démocratie, la liberté et tout ce qui est merveilleux ».

« Une solution à deux États n’est pas une vraie conversation »

Nikki Haley, a fait valoir que les appels à une solution à deux États ne constituaient pas une « vraie conversation ». L’ancien ambassadeur à l’ONU a également affirmé que les Palestiniens et l’Iran « n’en veulent pas »

« Les Palestiniens devraient s’installer dans des pays pro-Hamas comme le Qatar, l’Iran et la Turquie »

« Pourquoi l’Égypte ne veut-elle pas d’eux ? Parce qu’elle ne sait pas vraiment qui est terroriste et qui ne l’est pas »

« Au lieu de laisser le monde faire pression sur Israël, mis à genoux par le pire massacre depuis la Shoah, pourquoi ne pas parler à l’Égypte, à la Turquie, au Qatar ou à l’Iran ? Pourquoi ne font-ils pas quelque chose pour aider les Palestiniens ? », a demandé Mme Haley.

« Ils viennent tous aider Israël lorsqu’il est blessé, mais ils (les pays alliés) le blessent lorsqu’il riposte. Si cela arrivait à l’Amérique, pensez-vous que nous ne riposterions pas ?! Où sont les amis de Gaza ? Ce sont eux qui devraient faire quelque chose pour les sauver. Cela ne devrait pas concerner Israël », a-t-elle estimé.

« Laissez Israël en finir avec le Hamas »

Nikki Haley a vivement critiqué la politique du président américain Joe Biden, estimant qu’il se comportait avec Israël de la même façon qu’avec l’Ukraine.

Elle a ajouté que « s’il se tenait aux côtés d’Israël, il devait le faire sans conditions ».

« Pourquoi prenez-vous le parti du Hamas contre Israël ? », a-t-elle demandé. « Si vous dites que vous êtes en faveur d’Israël et que vous le soutenez, alors faites-le. Mais vous ne pouvez pas poser vos conditions sur ce qu’ils peuvent faire ou ne pas faire ».

Elle a ensuite déclaré :

« C’est un pays qui est tombé à genoux après avoir subi la pire attaque depuis l’Holocauste et maintenant, ils tentent d’éliminer le Hamas. Et cessez de vous demander quelle est la situation du Hamas et des habitants de Gaza et arrêter de vous préoccuper de la sécurité. D’ailleurs, vous devriez vous sentir concernés personnellement parce que 33 ressortissants américains ont été massacrés par le Hamas ce jour-là et ils détiennent également des otages américains. Laissez Israël finir le travail ! Laissez-le en finir avec le Hamas une fois pour toutes sans leur dire ce qu’ils ont à faire ».

Lors de son mandat à l’ONU, Haley a soutenu le retrait de son pays de l’accord de 2015 sur le nucléaire iranien, dont le gouvernement dirigé par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, estimait qu’il menaçait la sécurité d’Israël.

Elle a également fait pression pour que les États-Unis se retirent du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU, une décision soutenue par Israël en raison de la partialité de cet organe à l’égard de l’État juif.

Conciliante sur certains points

Si elle maintient encore aujourd’hui la plupart de ces positions qualifiées de « dures », elle se montre plus conciliante sur certains points, comme l’accord de Paris (que les États-Unis ont réintégré sous Joe Biden). Sur d’autres décisions de l’administration Trump qui ont scandalisé une grande partie de la « communauté internationale », elle avait déjà à l’époque adopté une attitude plus consensuelle.

À titre d’exemple, elle s’est opposée ouvertement en 2017 au projet de Donald Trump de bannir l’immigration de musulmans aux États-Unis en qualifiant ce projet de « non-américain ». Par ailleurs, un peu comme Joe Biden, mais contrairement à Trump, elle défend l’idée d’un conflit de fond entre les démocraties et les régimes autoritaires dans le monde.

Nikki Haley a tenu ce rôle de « dure » à l’Onu jusqu’en octobre 2018. Elle a ensuite pris de la distance par rapport à l’administration Trump en se lançant dans le privé. Sa candidature à l’investiture suscite le soutien des puissants réseaux d’influence au sein du patronat américain, des milieux financiers et d’une partie de la presse.

Peu de spécialistes pensent cependant qu’elle pourrait réussir à s’imposer au sein du Parti républicain, face à la mainmise de Trump. Pour l’instant, elle séduit surtout les anti-Trump et les indépendants. Mais le temps travaille pour elle : l’ancien président a de en plus de mal à attirer un vote au-delà de son camp et, à 77 ans, son âge peut être un handicap. Sans parler du président actuel, qui fêtera bientôt ses 81 ans. Face à une classe politique, à Washington, vieillissante, Nikki Haley n’hésite d’ailleurs plus à mettre en avant la question générationnelle. Elle dit souvent :

« On ne peut pas gagner les batailles du XXIe siècle avec des leaders du XXe siècle. »


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