L’OTAN encourage l’utilisation de l’IA pour les opérations psychologiques contre les civils. On suit ici les réflexions et avancées de l’OTAN dans le contrôle et la manipulation des populations.
Le dernier rapport en date marque un pas : c’est la doctrine en matière d’utilisation de l’intelligence artificielle pour mieux manipuler les populations civiles occidentales. Ce qui est inquiétant, c’est qu’aucune contrainte légale ou éthique ne peut être imposée à l’OTAN.
Rappelons d’abord que jusqu’à la guerre en Ukraine, l’OTAN ne pouvait pas mener d’opérations psychologiques sur la population civile européenne : elle ne pouvait officiellement agir que contre les populations civiles « ennemies ». Changement de doctrine radical après le covid : maintenant l’OTAN cible en premier lieu sa propre population (on en avait parlé ici et ici notamment).
L’IA, un potentiel énorme en termes de surveillance et de manipulation
Dans la continuité de cette mobilisation des moyens militaires pour contrôler les masses occidentales, le rapport « AI in Support of StratCom Capabilities » (L’IA en appui des capacités de StratCom) ne présage rien de bon et mérite qu’on s’y arrête quelques minutes.
L’objectif de ce document est de « guider les praticiens de l’évaluation de l’environnement de l’information (IEA – information environnement assessment) » . Il a été rédigé par STRATCOM le département de la « communication stratégique » de l’OTAN, qui produit des rapports sur les moyens de contrôler les réseaux sociaux et d’orienter l’opinion publique européenne.
STRATCOM comprend la communication stratégique, les Info Ops (opérations d’information), le Mil PA les affaires publiques militaires, et les opérations psychologiques PsyOps qui font l’objet de ce rapport et sont censées consister en la diffusion d’informations que le public doit pouvoir attribuer à l’OTAN ou à ses alliés.
Dans les faits, comme c’est écrit dans le rapport,
En langage STRATCOM, ça donne :
« informer et influencer de manière appropriée les attitudes et les comportements d’un public par le biais d’une approche narrative et centrée sur le comportement, en vue d’atteindre l’état final souhaité ».
- Que veut dire « de manière appropriée » dans le chef des génies de l’OTAN, dirigée par l’armée américaine ?
- Le terme « un public » est hypocrite : il s’agit clairement de la population civile en france et dans le reste de l’OTAN
- Quelle est cette « approche narritive » ? Une réalité travestie, des mensonges annônnés sans fin, la censure des informations divergentes ?
- Et pourquoi « centrée sur le comportement » ? Le but est-il de mofdifier les comportements des citoyens en plus de leur laver le cevreau ? Dans ce cas il s’agit de contrôle des masses avec des moyens militaires et de haute technologie.
- Et quel est cet « état final » dont parle STRATCOM ? La léthargie ? L’adhésion totale au délire otanesque ?
Ce rapport porte donc sur les « campagnes en ligne » de propagande à destination de la population civile, c’est-à-dire nous, en s’appuyant sur l’IA, et aborde l’épineuse question du cadre juridique : en effet, comment condamner chez les russes des pratiques qu’on a soi-même contre sa propre population ?
D’ailleurs, on sent depuis 1 an ou 2 que l’OTAN cherche à faire évoluer la doctrine pour pouvoir mener des actions psychologiques envers les populations des pays de l’OTAN alors que jusque là ce type d’opération n’était autorisé que sur les populations « ennemies ».
Doit-on comprendre que désormais l’ennemi, c’est la population des pays de l’OTAN ?
On dirait :
Le rapport présente les « connaissances actuelles pour améliorer la capacité des praticiens à naviguer dans un environnement d’information piloté par l’IA de manière sûre, efficace et conforme aux exigences légales », en attendant qu’elles évoluent plus favorablement.
En gros, l’IA offre de nombreuses perspectives pour augmenter la portée des opérations psychologiques :
- Analyse de données, notamment pour la compréhension des cibles des opérations psychologiques.
- Reconnaissance des modèles, des schémas
- Mise en œuvre des opérations psychologiques dans le domaine numérique.
Et l’évolution et les capacités techniques de l’IA à des fins militaires n’ont pas besoin d’être transparentes, comme le dit le rapport. Et elles vont bien au-delà des capacités de l’IA utilisée dans le marketing civil.
Il s’agit de profilage psychologique, au-delà de la « segmentation psychographique », des publics ou organisations cibles, pour mieux modifier l’opinion ou modifier le comportement. L’ambition est de prendre en compte les facteurs externes qui impactent la formation de l’opinion comme les événements mondiaux, les normes culturelles en construisant des modèles comportementaux tels que le modèle capacité-opportunité-motivation-comportement (modèle COM-B).
STRATCOM veut donc collecter systématiquement et analyser des masses de données « sur des processus et des phénomènes qui ne sont pas directement observables« , comme les attitudes des individus et de segments, de groupes d’individus. Evidemment, ils sont déjà en train de le faire, mais il est important de poser le cadre conceptuel et méthodolgique pour les années à venir, en tenant compte des évolutions technonologiques, qu’elles soient ou non connues du public.
Selon ce rapport, pour que les campagnes aient du succès elles doivent cibler finement les bons groupes de population. Et la démarche, si elle s’appuie bien sur de la communication, vise bien à modifier l’environnement des individus cibles pour influer sur les opinions et donc les comportements.
Le rapport explique qu’il faut identifier les capacités de l’audience visée, c’est-à-dire :
- identifier les connaissances, les compétences et les aptitudes actuelles du public par rapport au changement de comportement souhaité ;
- évaluer les lacunes et les obstacles qui peuvent empêcher le public d’adopter le comportement souhaité ;
- élaborer des stratégies de communication pour remédier à ces lacunes et à ces obstacles, y compris du matériel éducatif, des formations et des ressources.
Ensuite il faut identifier les opportunités, c’est-à-dire :
- identifier les facteurs sociaux, culturels et environnementaux qui influencent le comportement du public ;
- évaluer comment ces facteurs peuvent favoriser ou entraver le changement de comportement souhaité ;
- élaborer des stratégies de communication qui tiennent compte de ces facteurs, par exemple en créant des réseaux sociaux de soutien ou en modifiant l’environnement.
En plus de cela il faut comprendre les motivations : le système de croyances, les valeurs et les « émotions » des cibles. Le rapport préconise de construire des « stratégies sur mesure qui s’attaquent aux obstacles et aux facilitateurs spécifiques nécessaires pour susciter un changement de comportement du public ». Et l’IA sera un outil parfait pour tracer et anlyser les idées, les émotions, et injecter automatiquement la propagande sur les bons canaux au bon moment.
La difficulté étant d’abord de pouvoir identifier les messages utiles dans le flot de contenus, puis de trouver les canaux « de confiance » par lesquels diffuser la propagande vers les cibles. Ca a l’air basique, mais c’est un maillage beaucoup plus fin que les campagnes de marketing classiques.
Aucune limite pour l’OTAN
Parmi les données que cette IA moulinerait, il y aurait les données de la recherche, les données d’utilisation d’internet, celles concernant l’éducation et la formation (maintenant que tous les enfants sont tracés par un dossier de la maternelle à l’université), ainsi que de la santé (maintenant que Microsoft gère les données de santé des français), des données d’observation telles que la reconnaissance faciale, des objets ou des gestes, l’utilisation d’ « algoritmes de détection des émotions », les données des médias …
L’objectif est d’identifier grâce à l’IA, notamment l’IA générative, « les principaux messages ou récits » qui contribuent à un narratif et de les évaluer par rapport à des « informations vérifiées » (c’est-à-dire des informations confirmées par des sources officielles, principales désinformatrices aujourd’hui) pour déterminer s’il s’agit de « désinformation ».
Avec cette logique, toute information qui n’est pas « vérifiée » est considérée comme de la désinformation, et ce qui est « vérifié » est considéré comme vrai. Le tampon magique de la parole officielle, qui transforme le mensonge en vérité et la vérité en mensonge.
En plus des sentiments, il s’agit aussi d’identifier les réseaux, la manière dont l’information se répand, les communautés et utilisateurs influents.
« L’analyse des réseaux est essentielle pour comprendre les dynamiques au sein des communautés en ligne des médias sociaux. En identifiant les comptes et les communautés, les modèles d’IA générative peuvent distinguer des modèles basés sur le contenu et détecter les récits hostiles » comme ceux des méchants russes, des méchants chinois précise le rapport, mais aussi évidemment des vilains opposants en général.
« L’utilisation d’algorithmes qui évaluent la structure et le contenu des réseaux permet de révéler les affiliations cachées ou les campagnes de désinformation. Ces informations permettent de formuler des stratégies de lutte contre la désinformation, de favoriser la transparence et de renforcer les valeurs démocratiques dans les communications » dit le rapport. Lol.
L’IA générative, qui s’adapte aux données qu’elle lit et peut générer des contenus, offre de nombreuses possibilités et promet un véritable changement d’échelle dans le flicage et l’intoxication en ligne :
- identifier les thèmes dominants, et prédire les thèmes émergents sur la base des tendances actuelles.
- générer des récits ou des intrigues potentiels susceptibles de trouver un écho auprès d’un public cible, sur la base des données sur lesquelles elle a été entraînée.
- prédire comment un certain contenu peut être reçu émotionnellement par différents segments du public.
- organiser et même combler les lacunes dans les ensembles de données, en faisant des prédictions basées sur les modèles qu’elle identifie.
- créer des profils d’audience détaillés et dynamiques, en les adaptant au fur et à mesure que de nouvelles données sont disponibles.
- Génération automatique de contenus.
Il reste cependant deux détails à régler : d’abord, homogénéiser les données. D’où l’intérêt de pouvoir influer sur les producteurs de données (fournisseurs de plateformes etc.). Ce sera une des prochaines étapes. Le rapport explique :
« Il s’agit de s’assurer que les données sont collectées, stockées et gérées de manière homogène et cohérente sur l’ensemble des canaux et plateformes de communication. En adoptant des pratiques normalisées en matière de données, les communicateurs peuvent supprimer les cloisonnements, favoriser la collaboration et acquérir une compréhension globale des préférences et des comportements de leur public. L’échange transparent d’informations entre les différents systèmes de communication, l’élimination des silos de données et l’agrégation de données provenant de sources multiples offrent une vision holistique du paysage de la communication, permettant aux communicateurs d’identifier des tendances, des modèles et des idées qui étaient auparavant invisibles. Par conséquent, parallèlement aux capacités d’IA, la normalisation, le stockage et le partage des données doivent être prioritaires pour garantir une infrastructure de données robuste à long terme qui alimente l’innovation et améliore l’efficacité des stratégies de communication. ».
Finies les messageries cryptées, tout ce qu’on dit et fait en ligne doit pouvoir être capté, compris, enregistré et réutilisable.
« Cela ouvre la voie à des expériences prospectives, qui débouchent sur une boîte à outils de communication IA raffinée, conçue pour un microciblage précis. », s’enthousisament les auteurs du rapport.
Deuxième détail : veiller à ce que le cadre réglementaire reste favorable pour pouvoir faire tout cela. L’Europe est en train d’essayer de réguler les usages de l’IA, mais l’OTAN n’est pas concernée : l’AI Act que prépare le commission et ses principes éthiques ne s’appliqueront pas aux objectifs militaires et ne seront pris en compte qu’à titre purement indicatif.
Quand aux lois nationales, l’OTAN n’est pas obligée de les respecter.
Mais le rapport préconise quand-même de rentrer autant que possible dans le cadre éthique défini pour l’utilisation de l’IA, et de surveiller les évolutions de la loi pour pouvoir continuer à « innover » ou « mettre en oeuvre » l’IA.
Bref: la liberté d’expression, qui consiste d’une part à pouvoir diffuser des informations et opinions, et d’autre part à pouvoir rechercher de l’information, est terminée et c’est officiel. Je ne reviens pas sur les mesures prises au niveau européen, hors de tout cadre légal, pour censurer les informations qui ne plaisent pas au grand capital et même les médias qui ne plaisent pas. Et même dans les derniers recoins d’échanges libres, préparons-nous à supporter des quantités d’intox et de propagande, doublées d’une invisibilisation voire d’une censure complète.
Il y a 5 critères psychographiques : personnalité, style de vie, statut social, activités, intérêts et opinions et attitudes.
« L’IA peut être utilisée pour analyser les dossiers médicaux afin d’obtenir des informations sur les capacités physiques et mentales d’un individu ou d’une population. L’IA peut extraire des informations clés à partir de données structurées et non structurées, telles que les codes de diagnostic ou les notes du médecin. L’IA peut également automatiser la collecte de données en s’interfaçant avec les systèmes de dossiers médicaux électroniques et en extrayant les données pertinentes à des fins d’analyse ».
L’IA générative est considérée comme un « outil puissant » par STRATCOM car elle est « conçue pour créer et générer du contenu, des modèles ou des données qui ne figuraient pas auparavant dans son ensemble d’apprentissage ».
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