L’une des meilleures tactiques de persuasion consiste à « penser au-delà de la vente ». Le vendeur ne se contente pas de vous dire que le produit ou le service est excellent et que vous obtenez un prix avantageux.
Il vous dit plutôt d’imaginer à quel point les choses seront merveilleuses une fois que vous posséderez ce produit ou ce service.
C’est ce que fait Trump avec sa proposition sur Gaza, qui envisage Gaza comme une « magnifique » station balnéaire sur la côte méditerranéenne.
Ce que seuls quelques journalistes avisés ont remarqué, c’est que son gendre, Jared Kushner, a déjà commencé à faire cette vente en 2019.
Trump ne voit pas les États-Unis comme un colonisateur mais comme un gestionnaire de projet.
Voici ce que Kushner proposait en juin 2019 :
Le plan « de la paix à la prospérité », qui doit être présenté par le conseiller principal de la Maison Blanche Jared Kushner lors d’une conférence internationale à Bahreïn la semaine prochaine, comprend 179 projets d’infrastructures et d’affaires, selon les détails du plan et des entretiens avec des responsables américains. Cette approche visant à relancer le processus de paix israélo-palestinien moribond a été critiquée par les Palestiniens samedi.
L’ambitieux plan de relance économique, fruit de deux années de travail de Kushner et d’autres collaborateurs, n’aurait lieu que si une solution politique aux problèmes de longue date de la région était trouvée.
Plus de la moitié des 50 milliards de dollars serait dépensée dans les territoires palestiniens en proie à des difficultés économiques sur une période de dix ans, le reste étant réparti entre l’Egypte, le Liban et la Jordanie.
Certains projets seraient réalisés dans la péninsule du Sinaï, où les investissements pourraient bénéficier aux Palestiniens vivant dans la bande de Gaza, une enclave côtière surpeuplée et pauvre.
Le plan propose également près d’un milliard de dollars pour développer le secteur touristique palestinien, une idée apparemment peu pratique pour l’instant étant donné les affrontements fréquents entre les forces israéliennes et les militants de la bande de Gaza contrôlée par le Hamas, et la sécurité précaire en Cisjordanie occupée.
L’administration Trump espère que les États riches du Golfe et les nations d’Europe et d’Asie, ainsi que les investisseurs privés, paieront une grande partie de la facture, a déclaré Kushner à Reuters.
Je me souviens qu’en 2019, Scott Adams, lui-même un maître de la persuasion, avait déclaré à quel point Kushner avait brillamment présenté ce plan. Pour reprendre une expression très Kamala, Kushner proposait « ce qui peut être, sans être alourdi par ce qui a été ».
Cependant, contrairement à Kamala, qui proposait de transformer l’Amérique judéo-chrétienne, du libre marché et de la liberté d’expression en un paradis communiste utopique, Kushner proposait une idée pratique de « bottes sur le terrain ». Mais l’important, dans le cas de Kushner, c’est que les bottes qu’il proposait n’étaient pas des bottes militaires, mais des bottes d’ouvriers du bâtiment.
Cette fois, ce qui est utile, c’est que grâce aux efforts du Hamas et à ses découvertes, une grande partie des démolitions nécessaires à la reconstruction ont déjà été effectuées. De même, grâce aux décisions peu judicieuses du Hamas, les anciens habitants de la région ont déjà été relogés, que ce soit temporairement ou définitivement. Cela rend la reconstruction facile, d’autant plus qu’il n’y aura pas de réglementations environnementales de type californien qui transformeraient le projet en une odyssée de 25 ans.
Trump n’est pas un imbécile. Il reconnaît que Gaza est un bébé goudronné (cadeau empoisonné), et que la dernière chose au monde qu’il souhaite est d’y établir une colonie américaine avec tous les maux de tête que cela implique.
Au lieu de cela, il dit aux pays arabes voisins qu’ils peuvent eux aussi améliorer leur situation s’ils acceptent de développer la région au lieu de la laisser exister comme une escarboucle purulente sur le derrière du monde musulman.
Il les aide à « penser au-delà de la vente » et leur promet que, s’ils le font, ils auront à leurs côtés le meilleur gestionnaire de projet du monde.
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