Dans tous les commentaires sur les racines de l’extrémisme islamique qui a alimenté le 7 octobre, un élément important a été négligé : la façon dont les politiques éliminationnistes antijuives au cœur du Hamas et d’autres groupes terroristes palestiniens sont le produit d’un plan secret de l’après-Seconde Guerre mondiale exécuté par un financier suisse et d’anciens nazis pour inciter les Arabes à croire que l’indépendance de leurs propres pays n’était possible que sans les Juifs au Moyen-Orient.
Il ne s’agit pas d’une théorie du complot farfelue. Elle est basée sur deux années de recherche sur François Genoud, un banquier suisse qui a blanchi des trésors volés par les nazis.
C’est un renseignement fourni par un prêtre catholique au passé mouvementé – condamnations pénales pour contrebande d’œuvres d’art volées et trafic d’héroïne – qui a donné le coup d’envoi de notre enquête sur les efforts de Genoud pour faire des nationalistes arabes les nouveaux guerriers d’une guerre sainte contre Israël et tout ce qui est juif.

Originaire de Lausanne, Genoud était un fervent admirateur du national-socialisme lorsqu’il rencontra son idole, Adolf Hitler, en 1932.
Deux ans plus tard, lors d’un voyage en Palestine, il rencontra Haj Amin al-Husseini, le grand mufti de Jérusalem. Ils avaient un ennemi commun : les juifs. Genoud devint un militant partisan de l’indépendance panarabe.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Genoud a travaillé pour les services secrets suisses et l’Abwehr, le service de contre-espionnage allemand. Il a créé une opération clandestine pour faire circuler de l’argent, des diamants et de l’or – tout ce que les nazis ne voulaient pas voir figurer dans les registres officiels. Il a géré des caisses noires pour les généraux SS et les ministres nazis.
Lorsque le Grand Mufti a mis en place un « gouvernement palestinien en exil » à Berlin, Genoud a fourni un canal de financement aux insurgés arabes en Palestine.
Après la défaite nazie, Genoud s’est épanoui en tant qu’homme d’influence dans les coulisses, sachant comment faire sortir de l’Allemagne de l’argent et du butin volé. Le Grand Mufti, qui s’est enfui en Égypte, a nommé Genoud son représentant légal, chargé de contrôler ses intérêts financiers européens.
Après la guerre israélo-arabe de 1948, Genoud a commencé à recruter d’anciens officiers de renseignement nazis, des spécialistes de la propagande et des ingénieurs en armement pour aider les pays arabes à construire leurs services militaires et de renseignement. Les dossiers de renseignement américains déclassifiés montrent à quel point il a réussi.
Genoud envoya Johann von Leers, un propagandiste nazi, en Égypte pour diriger la propagande anti-israélienne. Le chef de la Gestapo pour les affaires juives en Pologne occupée créa le cadre de la police secrète.
L’ami de Genoud, Otto Skorzeny, conseiller militaire du gouvernement égyptien, dispensa une formation de commando dans des camps de fortune aux réfugiés palestiniens qui attaquaient Israël via la bande de Gaza à partir du milieu des années 1950. L’un d’eux était Yasser Arafat.
Genoud a également aidé des fugitifs nazis à échapper à la justice. Parmi ceux qu’il a fait libérer en Égypte ou en Syrie, on trouve les médecins des camps de concentration Hans Eisele et Albert Heim, le commandant de Treblinka Franz Stangl et Walter Rauff, inventeur des camions à gaz mobiles qui ont tué 97 000 Juifs. Alois Brunner, l’assistant d’Adolf Eichmann, est arrivé à Damas et en 1957, il a rejoint Genoud dans une entreprise qui faisait passer des armes à la résistance algérienne.
Au milieu des années 1950, il se lance dans une nouvelle activité : l’édition. Il fait fortune en obtenant les droits sur les archives de l’adjoint d’Hitler, Martin Bormann, conclut un accord avec la sœur d’Hitler et obtient également les droits sur les journaux intimes de Joseph Goebbels.
Genoud publie et diffuse également de la propagande antisémite et anti-israélienne dans tout le Moyen-Orient, notamment la première traduction arabe du célèbre faux tsariste Les Protocoles des Sages de Sion .
C’est à cette époque que les rapports des services de renseignements occidentaux mentionnent pour la première fois Genoud.
La CIA note qu’il envoie de l’argent au Front de libération algérien et qu’il ouvre des comptes bancaires suisses au nom de mouvements nationalistes arabes. Le Département d’État conclut qu’il est un « intermédiaire clé » qui rallie les anciens nazis et l’opposition de droite à l’OTAN. L’ambassade des États-Unis au Maroc rapporte qu’il est associé à d’anciens nazis de haut rang dans le cadre d’« investissements massifs ».
En 1958, Genoud ouvre sa propre banque à Genève, l’Arab Commercial Bank, et engage Albert Huber, un nazi suisse converti à l’islam (sous le nom d’Ahmed Huber), pour servir d’intermédiaire entre les Frères musulmans et la banque suisse Al Taqwa.
À la fin des années 1960, Genoud s’était lié d’amitié avec George Habash et Wadie Haddad, deux Palestiniens radicaux qui avaient fondé le Front populaire de libération de la Palestine. Des dossiers déclassifiés de la CIA obtenus par les auteurs révèlent que Genoud s’était également lié d’amitié avec Jacques Vèrges, un avocat français radical.
Le FPLP a organisé le premier détournement d’avion armé en juillet 1968. Genoud a payé Vèrges pour défendre les terroristes capturés.
L’année suivante, lorsque quatre terroristes du FPLP tuèrent à Zurich un pilote d’El Al et blessèrent grièvement une demi-douzaine de passagers, Genoud non seulement paya la défense et envoya de l’argent aux familles des terroristes, mais sortit momentanément de l’ombre pour s’asseoir à côté de Verges pendant le procès de Genève. Selon des câbles américains classifiés, Genoud était devenu le conseiller stratégique de Wadi Haddad. Haddad l’avait baptisé « Cheikh François ».
Paul Dickopf, l’agent de renseignement nazi de Genoud pendant la guerre, était devenu directeur de la police criminelle fédérale allemande en 1965. Un mois avant le premier détournement d’avion du FPLP, Dickopf avait été élu chef d’Interpol. Personne ne connaissait son passé nazi. Il avait conclu un accord avec Genoud : Interpol refusait d’enquêter sur les attentats terroristes palestiniens, les considérant comme des « questions politiques ».
L’année même de l’attentat des Jeux olympiques, cinq terroristes du FPLP détournèrent un 747 de la Lufthansa avec 188 passagers à bord à l’aéroport de Bombay. Le lendemain, une lettre de rançon de Cologne réclamait 5 millions de dollars et comportait des instructions explicites dignes d’un roman de John Le Carré.
Le FPLP libéra l’équipage et les passagers après avoir reçu la rançon de 5 millions de dollars. Genoud ne se contenta pas de financer le détournement. Il avait conduit toute la nuit jusqu’à Cologne avec sa femme, portant la lettre de rançon. Après l’avoir envoyée à la Lufthansa et une copie aux agences de presse, le couple s’envola pour les Ardennes belges pour des vacances.
Une agence de renseignement non identifiée en a eu assez de la montée du terrorisme et du rôle de Genoud. Elle a divulgué des informations sur le passé SS de Dickopf, le forçant à démissionner. Genoud avait perdu son contact le plus important avec la police.
Le Mossad a ouvert un dossier Genoud peu après le massacre des Jeux olympiques de Munich. Il était également dans le radar des services de renseignement d’une demi-douzaine de pays des blocs occidentaux et de l’Est. Les auteurs ont découvert que la NSA américaine avait intercepté un appel téléphonique qui laissait penser que Genoud aurait pu avoir connaissance à l’avance de l’attaque des Jeux olympiques.
Les agences de renseignement ont joué un jeu d’échecs complexe autour de Genoud dans les années 1970, car elles le soupçonnaient d’avoir financé des dizaines de détournements d’avion, d’assassinats, de voitures piégées et de prises d’otages. Genoud a encouragé les nationalistes arabes à coopérer avec des groupes terroristes européens tels que Baader-Meinhof en Allemagne et les Brigades rouges en Italie.
Dans les années 1980, le grand projet de Genoud de faire revivre le national-socialisme par les nationalistes arabes a été bloqué. Lorsque la Bolivie a extradé le fugitif nazi Klaus Barbie vers la France en 1983, Genoud a payé Jacques Vergès pour sa défense. Il a fait de même une décennie plus tard lorsque le principal agent du FPLP, Ilich Ramírez Sánchez (Carlos le Chacal), a été jugé en France.
En 1987, le cheikh Ahmed Yassine, membre des Frères musulmans, a fondé le Hamas. Genoud a confié à ses collègues qu’il appréciait l’engagement du Hamas à chasser tous les Juifs de la région.
« Une Palestine libre », aurait déclaré Genoud à un collègue, « est une Palestine sans Juifs ».
Genoud a échappé de justesse à une blessure lors de l’explosion d’une bombe dans sa maison de Lausanne en 1993. Mais ce qui l’inquiétait le plus, c’étaient les appels au secours des groupes de survivants de l’Holocauste et du Congrès juif mondial. Ils réclamaient des comptes sur les biens volés pendant la guerre aux banques suisses et aux pays alliés.
Le 30 mai, quatre semaines après que le Congrès juif mondial et les responsables bancaires suisses eurent annoncé la création d’une commission historique chargée d’examiner les dossiers secrets des banques gouvernementales et privées, Genoud emmena ses deux filles et quelques amis proches déjeuner dans son restaurant préféré au bord du lac de Lausanne. Ils rentrèrent chez eux après le repas. Là, l’un de ses amis prit un sachet de poudre fourni par un groupe suisse d’aide au suicide et fit dissoudre un poison dans de l’eau. Genoud, 80 ans, porta le verre à ses lèvres et but.
François Genoud, né le 26 octobre 1915 à Lausanne et mort par suicide le 30 mai 1996 à Lausanne, était un banquier suisse connu pour avoir détenu les droits d’auteur de Hitler et de Goebbels. Dès l’adolescence, il fait siennes les frustrations allemandes du traité de Versailles, et s’engage aux côtés des nazis. Après 1945 il proclame son entière fidélité à Hitler. Ce qui ne l’empêchera pas, en prenant parti pour le FLN et la cause palestinienne, de croiser les chemins de bien des militants de l’extrême gauche européenne…
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