Sadak Zibaklam, professeur à l’université de Téhéran, dévoile les sentiments profonds de la société iranienne et en particulier de la jeunesse.
Lors d’un congrès académique au Qatar, en anglais, il a confié sa frustration quant aux opinions de la jeunesse iranienne concernant le conflit israélo-palestinien.
Le site d’information de l’opposition iranienne qui se trouve en exil, Iran International, a publié ses propos:
»Depuis le 7 octobre, il s’est écoulé une année. Vous serez surpris d’entendre la quantité d’Iraniens qui détestent les Palestiniens. Qu’est-il arrivé à notre empathie? Elle a disparu. Elle s’est évaporée. Si quelqu’un m’avait dit qu’un jour les Iraniens détesteraient les Palestiniens et qu’ils encenseraient Netanyahou, qu’ils considèrent comme un héros, j’aurais pensé qu’il était fou. Mais je l’ai vu de mes propres yeux pendant les 15 derniers mois, le niveau de haine envers les Palestiniens chez les jeunes en Iran.
Et le héros c’est Netanyahou. Vous pensez qu’ils savent quelque chose sur Netanyahou, le parti du Likoud ou le Hamas? Non, certainement pas. Ils détestent les Palestiniens parce que les dirigeants iraniens les soutiennent ».
Rappelons que depuis le début de la guerre, le Premier ministre israélien Netanyahou, s‘est adressé au peuple iranien à plusieurs reprises. Son message, empreint d’empathie et de critique envers le régime iranien, vise à créer un lien avec les citoyens ordinaires d’Iran.
« Je parle beaucoup des dirigeants de l’Iran, mais en ce moment crucial, je veux m’adresser à vous, le peuple iranien. Je veux le faire directement, sans filtres, sans intermédiaires.
Chaque jour, vous voyez un régime qui vous subjugue, qui prononce des discours enflammés sur la défense du Liban, la défense de Gaza. Pourtant, chaque jour, ce régime plonge notre région plus profondément dans les ténèbres et dans la guerre. Chaque jour, leurs marionnettes sont éliminées. Demandez à Muhammad Deif, demandez à Nasrallah.
Il n’y a aucun endroit au Moyen-Orient que Israël ne puisse atteindre. Il n’y a aucun endroit où nous n’irons pas pour protéger notre peuple et notre pays.
À chaque instant qui passe, le régime vous rapproche, vous, le noble peuple perse, de l’abîme. La grande majorité des Iraniens sait que leur régime ne se soucie pas du tout d’eux. S’il se souciait de vous, il cesserait de gaspiller des milliards de dollars dans des guerres futiles à travers le Moyen-Orient. Il commencerait à améliorer vos vies.
Imaginez si tout l’argent que le régime a gaspillé en armes nucléaires et en guerres étrangères était investi dans l’éducation de vos enfants, dans l’amélioration de vos soins de santé, dans la construction des infrastructures de votre nation : l’eau, les égouts, toutes les autres choses dont vous avez besoin. Imaginez cela. Mais vous savez une chose simple : les tyrans iraniens ne se soucient pas de votre avenir. Mais vous, si.
Quand l’Iran sera enfin libre – et ce moment viendra beaucoup plus tôt que les gens ne le pensent – tout sera différent. Nos deux peuples anciens, le peuple juif et le peuple perse, seront enfin en paix. Nos deux pays, Israël et l’Iran, seront en paix.
Quand ce jour viendra, le réseau terroriste que le régime a construit sur cinq continents fera faillite, sera démantelé. L’Iran prospérera comme jamais auparavant. Des investissements mondiaux, un tourisme massif, une innovation technologique brillante basée sur les talents formidables qui existent en Iran. Cela ne sonne-t-il pas mieux qu’une pauvreté, une répression et une guerre sans fin ?
De Qom à Ispahan, de Chiraz à Tabriz, il y a des dizaines de millions de personnes bonnes et décentes, avec des milliers d’années d’histoire derrière elles et un avenir brillant devant elles. Ne laissez pas un petit groupe de théocrates fanatiques écraser vos espoirs et vos rêves. Vous méritez mieux. Vos enfants méritent mieux. Le monde entier mérite mieux.
Je sais que vous ne soutenez pas les violeurs et les meurtriers du Hamas et du Hezbollah, mais vos dirigeants le font. Vous méritez plus.
Le peuple d’Iran doit savoir : Israël est à vos côtés. Puissions-nous connaître ensemble un avenir de prospérité et de paix. »
Benjamin Netanyahu
Le parquet de la province de Téhéran a déposé une plainte à l’encontre du professeur Sadegh Zibakalam pour « déclarations non fondées ».
En mars dernier, le professeur de sciences politiques de l’Université de Téhéran, Sadegh Zibakalam, avait dit l’innommable. Lors d’un large débat de politique étrangère avec le journaliste conservateur Seyed Yasser Jebraily à l’Université islamique Azad de Mashhad, dont les vidéos ont largement circulé sur Internet, Zibakalam a fustigé l’objectif souvent affiché du gouvernement iranien de détruire Israël.
Assis avec Jebraily à une petite table truffée de micros, Zibakalam, vêtu d’une chemise à col ouvert et d’une veste de sport bleu foncé par-dessus ses bretelles emblématiques, a d’abord affirmé que la rhétorique anti-américaine des conservateurs portait atteinte aux intérêts nationaux de l’Iran. Puis il s’est tourné vers Israël, affirmant que les cris de « Mort à Israël » avaient le même effet.
« Qui a donné à la République islamique d’Iran la mission de détruire Israël ? », a-t-il demandé avec sarcasme, sous les applaudissements nourris de l’auditoire.
« Le peuple iranien a-t-il organisé un référendum et a-t-il dit qu’il voulait détruire Israël ?
Le parlement a-t-il voté une loi stipulant que nous devions détruire Israël ? »
Lorsque des perturbateurs radicaux ont tenté de les interrompre, ils ont été rapidement réprimandés par la foule. «
Vingt-quatre heures par jour, vous avez la radio, la télévision, le journal Kayhan, le parlement, les sermons du vendredi », a répondu Zibakalam avec audace.
« Nous avons deux heures ici, une pour moi et une pour Jebraily. Vous êtes tellement autoritaires et dictatoriaux que vous perturbez même cela. »
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