Phagocytée par sa frange extrémiste, une partie de la gauche refuse de venir au secours de l’écrivain emprisonné injustement en Algérie, déplore Gilles-William Goldnadel.
On peut me reprocher bien des choses, sauf d’idéaliser à l’extrême la gauche française. J’avoue cependant que dans mes pires cauchemars, je n’aurais pas imaginé qu’alors qu’un écrivain franco-algérien aussi pacifique et respecté que Boualem Sansal croupirait dans les geôles d’une dictature pour ses seules idées, la gauche française ne lui montrerait qu’au mieux son indifférence, au pire son hostilité.
Dans le même temps, Kamel Daoud, prix Goncourt, faisait les frais d’un méchant article du Monde, qui reprenait sans barguigner les accusations les plus grotesques du régime algérien.
Je la connais pourtant cette gauche. Elle a été phagocytée par son extrémité. Elle se caractérise par sa détestation de tout ce qui est national. Le Mal est blanc et occidental. Mais tout de même : Boualem Sansal ! Un Algérien. Un écrivain. Un prisonnier politique. Les ingrédients habituels du martyr idéal à défendre. Eh bien non.
La gauche politique d’abord. Rien. Personne. Quelques rares socialistes, du bout des doigts sur X. Quant à la France Insoumise, silence de mort dans ses rangs. La gauche médiatique de service public ne se sera pas mieux conduite. On me sait envers elle caustique. Il s’agit même de l’un de mes combats emblématiques. Mais je n’aurais pas hélas ici à forcer mon esprit critique.
De manière générale, la mise au cachot de Boualem Sansal n’aura pas encombré les antennes publiques.
Mais un authentique scandale, largement dénoncé, se sera déroulé sur France 5 le 24 novembre, dans le cadre d’une émission C Politique littéralement révoltante. Deux intervenants se seront particulièrement acharnés contre l’écrivain emprisonné, naturalisé français.
Le plus incroyablement virulent aura été un certain Nedjib Sidi Moussa, docteur en sciences politiques. Selon lui, ce serait lourdement se tromper que de prendre Boualem Sansal comme «un homme des Lumières». En réalité l’homme reprendrait les thèses d’Eric Zemmour ( médiocrement en sainteté sur le service public) en tenant un discours «hostile aux immigrés et aux musulmans». Ces soutiens seraient des «intellectuels du milieu culturel parisien aveugles ou complices» Le reste à l’avenant.
Le pire, bien entendu, gisait dans le fait que l’homme attaqué était dans l’incapacité de se défendre et de leur répondre pour cause d’embastillement pour délit d’opinion
Mais le pire était ailleurs que dans ces déclarations tellement inqualifiables que je me garderai de les qualifier. Le pire était dans l’attitude d’un Benjamin Stora – adoubé par Emmanuel Macron pour arbitrer le conflit mémoriel entre France et Algérie – qui plutôt que de critiquer le procureur de Boualem Sansal se permit de remarquer que certaines des positions de l’écrivain avaient pu «blesser le sentiment national algérien».
J’observe qu’en France, lorsque l’on blesse le sentiment français, on passe plus souvent son temps à la télévision qu’en prison.
Le pire aussi habitait dans l’attitude du modérateur Thomas Snégaroff qui à aucun moment n’estima nécessaire de modérer les ardeurs des contempteurs et qui fit même observer à un moment que Sansal avait pris le parti du colonisateur.
Mais le pire du pire, bien entendu, gisait dans le fait que l’homme attaqué était, et ses procureurs le savaient, dans l’incapacité de se défendre et de leur répondre pour cause d’embastillement pour délit d’opinion et crime de trahison dans les geôles d’une dictature chaque jour plus intolérante et chaque jour détestant la France davantage.
Le tout, je l’ai écrit, dans le cadre d’une émission diffusée sur des ondes nationales publiques et subventionnées. Je n’ai pas honte d’en faire un combat éthique. Et j’indique qu’Avocats Sans Frontières a saisi vendredi l’Arcom d’une réclamation documentée.
Reste à savoir pourquoi la gauche politique et médiatique laisse croupir sans un mot, sinon méchant, un écrivain innocent dans sa prison. Seul l’islamo- gauchisme qui la ronge est apte à expliquer la chose. Cet islamo-gauchisme dont elle nie bien sûr l’existence avec la même assurance que les inquisiteurs de Galilée niaient que la terre tournait autour du soleil.
Pour comprendre la détestation insensée de Sansal, je recommande l’édifiante lecture de la magnifique tribune signée par le journaliste d’origine syrienne Omar Youssef Souleimane publiée par le Figaro Magazine cette semaine.
Il montre que les critiques de la gauche française contre l’écrivain emprisonné se concentrent sur la mise en cause «d’un discours radical contre l’islam et pour le sionisme». Comme par hasard écrit -il, c’est la même accusation utilisée par l’agence de presse du régime algérien le 22 novembre : Paris serait gangrené par un lobby «anti algérien et pro-sioniste».
Mélenchon ne défendra pas l’anti-islamiste et philosémite Sansal pour ne pas courroucer les banlieues islamisées et anti-françaises
Pourquoi la gauche politique et médiatique ne prend pas Boualem Sansal pour Dreyfus innocent mais plutôt pour un traître ? La réponse est tristement simple : la gauche, extrémisée, n’a plus Jean Jaurès pour maître.
Et Souleimane, procureur et pédagogue, de faire le procès en règle de l’antisémitisme du monde arabe :
«Devons-nous expliquer à cette gauche le monde dans lequel nous avons grandi ? Que les adultes au Moyen-Orient admirent Hitler uniquement parce qu’il avait persécuté les Juifs ? Pour mon père, il était un grand homme, qui avait protégé l’humanité contre “les fils des singes”, comme le Coran nomme les Juifs. Certains parents appellent leur fils du nom du chef de l’État nazi, surtout dans le sud du Liban et en Palestine, uniquement pour défier Israël.»
Le reste à l’avenant… Détestation de la France, détestation des Juifs, détestation de l’Occident.
Dès lors, il n’est plus compliqué de comprendre les détestables et coupables raisons qui font détester un écrivain innocent. La gauche a été phagocytée par son extrémité Insoumise. Ce n’est plus Jaurès qui la guide mais Guesde.
Jules Guesde avait refusé de défendre le bourgeois Dreyfus pour ne pas désespérer le prolétariat des faubourgs.
Ils en sont là et nous sommes las.
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