Mystique

L’mmortalité alchimique

L’immortalité a son prélude qui n’est autre que l’initiation dans le sens psychologique, spirituel et mystique. Ce prélude initiatique est la conquête de la liberté menant à l’éveil. Quand ce prélude est acquit nous sommes aux porte du temple et l’alchimie peut alors déverser sur l’adepte sa corne d’abondance pour en faire un Adepte (avec un A majuscule en initiale) dans le sens plein du terme de celui qui jouit d’une triple félicité : connaissance, santé, richesse… Léon Gineste

Ne rêvons pas et commençons donc par le commencement, là où se trouve « l’homme de la rue » dans ses misères journalières…

Que l’immortalité existe ou pas, là n’est pas la question. Les alchimistes y croyaient voici ce qu’en dit Salmon en sa bibliothèque des Philosophes chimiques :

« Nous ne saurions entrer dans ce riche jardin des Hespéride pour y voir ce bel arbre d’or et en cueillir les fruits si précieux qu’après avoir défait le dragon qui veille toujours et en défend l’entrée. Nous ne pouvons enfin aller à la conquête de cette toison d’or que par les agitations et par les écueils de cette mer inconnue en passant entre les rochers qui se choquent et se combattent, et après avoir surmonté les monstres épouvantables qui nous gardent. »


Telle est la traduction concernant l’alchimie interne inséparable de celle du laboratoire.

Voilà donc un programme facilement compréhensible si l’on entend par « agitation » notre propre agitation qui sont des « écueils » en passant par nos « conflit à combattre »… après avoir surmonté les monstres qui nous gardent !

Et oui il y a plusieurs monstres à vaincre. Ma vénérable concierge, cuisinière émérite, dirait en sa sagesse gouailleuse éprise de raccourcis : « C’est pas de la tarte ».

Ne croyez surtout pas que je vais m’embarquer dans un système psychologisant, ce n’est pas mon tempérament (je suis un inachevé un peu béotien) et je n’ai pas l’intention de vous fatiguer en essayant de comprendre un puzzle psychologique plus ou moins séduisant et surtout plus ou moins lié au vrai.

Abordons donc le cœur du sujet qui s’avère en étroite harmonie avec mon livre Holoscopie de la spiritualité occidentale.


L’immortalité n’est, pour la plupart des hommes, qu’un espoir, un remède à la terreur qu’ils éprouvent à la pensée d’un anéantissement total.

Notre bon Lafontaine a su immortaliser l’angoisse de Louis XIV vieillissant dans sa fable Le lion le loup et le renard:

« Un lion décrépi, goutteux n’en pouvant plus voulait que l’on trouva remède à la vieillesse… »

Non ! ne croyez surtout pas que je vais vous apporter, au sujet de l’immortalité, des assurances solennelles, autoritaires et surtout fallacieuses sorties de « derrière les fagots » (sic, c.f. ma concierge). Je n’ai aucune prétendue certitude, à l’évidence marécageuse, à vous offrir.

Je ne vais donc pas jouer au gourou ou au sage philosophe pour tenter de vous « monter le bourrichon » (re sic toujours ma concierge) en vous assénant avec la dernière vigueur, des trucs un peu déjantés qui se réduiraient à des articles de foi passionnant, à des affirmation invérifiables qui exaltent la baudruche mais ne peuvent éclairer. Je vous dis cela en connaissance de cause car j’en ai entendu des allumés !

Certes je ne suis ni rationaliste ni néo-cartésien mais ne poussons pas le bouchon trop loin, restons dans les limites de la clarté et du vrai.

En résumé l’immortalité existe mais n’est point celle que vous croyez, ni celle que votre curé vous a insufflée au catéchisme si éloigné de celle des premiers chrétiens.

Je vous propose, non pas une réponse qui se voudrait décisive au problème de l’immortalité, tel qu’on le pose communément et inconsidérément mais d’une manière alchimique et donc initiatique du terme. De ce fait cela paraîtra insolite et neuf à ceux qui ignorent ce que sont l’initiation et l’alchimie dans leurs substructures spirituelles.

Donc, je ne vous dirais pas que l’immoralité telle que vous l’entendez, l’imaginez ou la rêvez, existe ou n’existe pas. C’est à vous de découvrir cela.

Je l’aborderais en fonction du temps, c’est-à-dire de notre expérience courante du temps dans lequel s’inscrit notre naissance et notre mort, nos attentes et regrets.

L’immortalité désigne un état et une prise de conscience et non une affirmation intellectuelle destinée à dissimuler, à tranquilliser une angoisse profonde…

Non je ne joue pas sur les mots en disant que le vécu, au moment où vous lisez ces mots, a un goût d’éternité.

Les chrétiens non instruits des vues théologiques ou mystiques plus profondes, ce qui est souvent le cas puisque l’ignorance est savamment entretenue, confondent volontiers éternité et survie.

Pour eux l’éternité leur vie, indéfiniment prolongée. Ils sont attachés à l’aspect durée de cette « éternité ». Ils veulent faire de cette éternité une continuité d’eux-mêmes, de la conception qu’ils se font d’eux-mêmes.

Voilà l’erreur car la continuité est une garantie de déclin.

Elle ne peut donc entrer dans l’éternité. Faire « comme avant » où « comme d’habitude » nous enferme dans le fameux « couloir de la mort ». C’est une expression carcérale et mortelle.

En effet, qu’arrive-t-il à quelque chose qui continue ? Il s’use, il tombe en ruine et devient une routine. Oui la continuité est une garantie de dégradation, d’entropie généralisée.

J’en sais quelques choses avec ceux qui m’entourent et veulent à tout prix pérenniser une seule manière de pratiquer et de comprendre la spiritualité et l’alchimie. Au point de devenir non pas des sans culottes mais des culottes à l’envers puisqu’il ne s’agit pas d’une révolution mais d’une antirévolution…

C’est souvent le drame des traditionalistes, de tous ceux qui se rattachent compulsivement à un maître « canonisé » et statufié oubliant que tradition rime essentiellement avec libération et évolution.

Tel est l’art de trahir un maître… car les fondements qu’il a posés s’avèrent de la plus désolante inutilité puisque son œuvre n’est plus extrapolée et enrichie.

C’est ainsi que nos traditionalistes meurent, par suffisance, aux portes du futur.

Ils s’enfoncent dans le marécage de leurs désirs ronronnants. Roue sans fin qui est celle de l’éternel retour, celle qui nous fera éternellement recommencer ce que nous avons fait en un cycle infernal de « réincarnations » qui ne nous fera point avancer.

Le futur étant le reflet d’un passé défunt.

Cela me rappelle le titre d’un ouvrage à connotation politique qui ne nous intéresse pas ici : La France aux ordres d’un cadavre. Le cadavre en question étant ici le défunt communisme qui continue, au-delà de sa tombe, d’animer l’action de certains syndicats.

Il est remarquable que l’éternité n’apparaisse pas seulement comme une continuité mais encore comme une éternelle jeunesse.

Mais, précisément, ce qui caractérise psychologiquement la jeunesse, proprement dite (comme, du reste cette autre forme de jeunesse qu’est l’amour), c’est son merveilleux pouvoir de renouvellement.

La conception commune de l’immortalité est contradictoire, parce que là où existe une soif impérieuse de continuité, il ne peut y avoir de renouvellement et fraîcheur. Notre vie ne peut être à la foi, une répétition d’elle-même et un perpétuel renouveau.

Vouloir persévérer dans l’identique, et vouloir se RECREÉR sont deux exigeantes incompatibles.

En voulant la continuité d’une idée, d’un effort, nous appelons sur nous l’accablement du temps, nous nous jetons dans les griffes de la fatigue, de la discorde et de l’ennui… et de la mort comme le dit l’expression : « mortellement ennuyeux ! » nous sommes donc aux antipodes de l’immortalité.

Face à cet ennui mortel nous prend un désir de fraîcheur, de renouveau, de plénitude, mais surtout nous ne voulons pas mourir à nos ambitions, à nos projets. Nous ne voulons pas renoncer à faire le bilan de notre vie le total de nos expériences et acquisitions. Or nous ne pouvons consentir à cette mort. Nous n’en avons pas l‘audace. Nous voulons prolonger, poursuivre, ajouter aux résultats d’hier les résultats d’aujourd’hui. Nous sommes attachés à nos œuvres.

Vanité ! Comprenez-vous pourquoi autant la tradition Occidentale qu’Orientale prônent le détachement comme voie de renouvellement ? Nous ne voulons pas renoncer aux fruits des efforts et ignorer le passé, admettre que nos poursuites anciennes furent des égarements. Nous ne voulons pas nous dédire, nous renier. Nous avons peur de perdre notre définition.

En cela l’Église catholique, qui ne se dédie jamais même dans l’erreur et perpétue la même idéologie sous différentes défroques, est une parfaite illustration et nous montre donc un chemin qu’il est préférable de ne pas suivre si nous voulons progresser.

Cette opinion vis-à-vis de l’Église n’enlève rien à la magnifique valeur du christianisme véritable.

Or, si nous ne voulons pas mourir d’abord, comment pourrions-nous renaître ? Comment chaque moment pourrait-il nous apparaître frais et neuf si nous le condamnons à servir les intentions du passé, si nous l’enchaînons à des moments révolus ?

En conséquence, une éternité de fraîcheur et de jeunesse ne saurait être une éternité de continuité.

Enfin, l’éternité n’est autre que l’absence de temps !

L’éternité, indissociable de l’immortalité, ne peut se concilier avec cette continuité voulue et préméditée qui est nécessairement enlisée dans le temps.

Elle ne saurait non plus apparaître comme un prolongement indéfini. Ce qui se prolonge indéfiniment ou non c’est une durée. L’ÉTERNITÉ NE SE PROLONGE PAS. ELLE EST.

En conclusion, si nous sommes contraints de mourir, quand sonne l’heure de la désintégration biologique, c’est parce que nous n’avons pas su mourir à chaque instant de notre vie, parce que, toute notre vie durant, nous sommes restés empêtrés dans le conflit entre la mort et la vie, sans parvenir à le dépasser en perdant le sens et la soif de notre continuité personnelle…

Si nous ne parvenons pas à vivre au-delà du temps, alors inutile de pratiquer l’alchimie, car le résultat du grand œuvre ne s’obtient pas si nous n’avons pas appris à nous détacher de l’écoulement du temps, si nous n’apprenons à vivre dans l’éternel présent. Voilà pourquoi la réussite du grand œuvre est un don de Dieu. Car c’est lui qui fait pour nous la moitié du chemin en nous menant de l’éternité à l’immortalité.

Nous n’avons qu’à sortir de nos cycles infernaux de perpétuels recommencements…

L’immortalité est à la porte de l’éternité, mais entre nous et cette porte, nous avons à rompre l’écoulement illusoire du temps qui crée la continuité et la répétition, cette répétition qui donna naissance,— à l’image de notre manière d’être — aux « réincarnation » sans horizon.

Apprenons donc à nous réveiller chaque matin dans un jour nouveau et ainsi le vieil homme perdra peu à peu sa défroque pour notre plus grand bonheur.

Avec toute mon amitié, je vous souhaite un soleil nouveau chaque jour de votre vie.

Léon Gineste

Que signifie l’épitaphe « Je cherche l’or du temps » que fit graver André Breton sur sa tombe ? Quel sont les rapports de l’alchimie, de l’ésotérisme et du temps ?

Dans cet exposé de 40 minutes, Léon Gineste tente de lever le voile sur ce qu’est l’Alchimie : ses origines, ses premiers manuscrits (–200 AV JC à Alexandrie), ses grandes figures historiques, ainsi que ses rapports avec la mystique et les neurosciences actuelles.

A partir de la vie de Nicolas Flamel (1360), ses songes, ses voyages et l’amour qui l’unit à Dame Pernelle (de l’amour de polarité contraire naitrait-il l’exaltation de la matière ?), Léon Gineste nous emmène, avec beaucoup de retenue, à entrer dans ce monde très fermé qu’est l’Alchimie et de nous rappeler le principe: « les richesses obtenues ne sont jamais employées à des fins personnelles ».


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ELISHEAN 777 Communauté pour un Nouveau Monde

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