Dans le silence assourdissant des chancelleries occidentales qui ne refusent rien à leur allié, membre de l’Otan, Ankara a lancé ses troupes au Kurdistan.
Les couvre-feux sont imposés dans de nombreuses villes. Les forces spéciales sont en action contre le PKK, faisant de nombreux morts.
Pendant que les projecteurs sont braqués sur Israël, la Turquie, membre de l’OTAN, poursuit ses bombardements contre les Kurdes dans le nord de la Syrie dans un silence total. Aucun mouvement de protestation international, pas de couverture médiatique, ni condamnation de l’ONU, et aucune procédure juridique à l’encontre d’Erdogan. Alors que les appels au cessez-le-feu et les condamnations pleuvent contre Israël, ce double standard souligne une hypocrisie profonde envers les populations kurdes, victimes de massacres passés sous silence.
Qui ou quoi pourrait arrêter la Turquie de Reçep Erdogan ?
S’abritant derrière son statut de membre de l’Otan, fort d’une reprise des négociations en vue d’une possible adhésion à l’Union européenne, satisfait du silence assourdissant des chancelleries occidentales, Ankara hausse la duplicité au rang de règle diplomatique.
Mais pour l’heure, ce sont d’abord les populations du sud-est de la Turquie, c’est à dire essentiellement les Kurdes, qui font les frais de cette politique terrible, qui n’est pas sans rappeler les heures sombres de l’Empire ottoman et du génocide opéré contre les Arméniens.
Mais si nous parlions du génocide contre les kurdes ?
Erdogan et son premier ministre, Ahmet Davutoglu, ont annoncé la couleur depuis plusieurs mois. Entre le mois de juin et le 1er novembre, entre les deux élections législatives – manipulation visant à renforcer leur pouvoir –, ils n’ont eu de cesse de relancer une guerre contre les représentants du peuple kurde.
Sur le plan politique, la répression s’est opérée en deux temps. D’abord en utilisant tous les moyens constitutionnels pour rendre le pays ingouvernable et en convoquant de nouvelles élections parce que le HDP (Parti démocratique des peuples) avait réussi à envoyer 80 députés au Parlement, en manipulant des groupes islamistes pour provoquer des attentats en Turquie même, à Suruç puis à Ankara, contre le mouvement kurde mais également contre la gauche turque.
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L’aviation turque a mené ce mardi 22 octobre, une série de frappes contre des positions kurdes dans le nord-est de la Syrie, tuant plusieurs combattants, ont indiqué une force kurde et l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
« Les avions turcs ont mené une vaste offensive contre une base qui abrite un centre de communication pour les médias et des installations militaires », ont précisé les Unités de protection du peuple kurde (YPG), bras armé d’un des partis kurdes syriens.
« Cette attaque traître a tué et blessé des combattants » ont-elles ajouté. Les bombardements turcs ont eu lieu près de la ville syrienne d’Al-Malikiyah, proche de la frontière turque, vers 2h locales mardi (23h GMT lundi), selon les YPG.
La Turquie a mené « des dizaines de frappes simultanées » sur des positions des YPG dans la province de Hassaké (nord-est) et un centre de communication pour les médias, a de son côté indiqué l’OSDH, une organisation qui dispose d’un vaste réseau de sources dans le pays en guerre.
« Trois membres des YPG travaillant dans ce centre ont été tués », a indiqué l’OSDH.
Lancée en août, cette opération visait à combattre la milice kurde YPG qu’Ankara considère comme « un groupe terroriste » car alliée aux Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
Un génocide oublié : 100 ans de solitude pour les Kurdes
Trente-cinq ans après l’opération Anfal, le génocide kurde perpétré en Irak par le régime baasiste de Saddam Hussein n’a toujours pas été officiellement reconnu par la communauté internationale.
« La solution finale à la question kurde » a causé la mort de 182.000 personnes en 1988. Elle n’était pourtant que l’aboutissement d’une politique génocidaire entamée 20 ans plus tôt avec la déportation des Faylis, des Kurdes de confession chiite, par des Arabes sunnites minoritaires dans le pays.
Pour comprendre le sort réservé au plus grand peuple du monde sans État, il faut remonter aux discussions qui ont précédé la signature du Traité de Lausanne, le 24 juillet 1923.
Au cœur du nouvel échiquier géopolitique, il y a un siècle, se trouvaient les Kurdes, principalement sunnites. À la fin de la Première Guerre mondiale, ils représentent déjà une importante minorité prise en étau entre les voisins iraniens, arabes et turcs, sur un territoire dont la superficie varie entre 503.000 et 640.456 km2 selon les sources, soit approximativement la superficie de la France.
Lorsque les premiers coups de canon retentissent sur le front européen, quelques années plus tôt, les nationalistes kurdes voient une opportunité à saisir. Cependant, les Arabes nourrissent le même espoir.
Dès 1915, le haut-commissaire britannique en Égypte, Henry MacMahon, entame une correspondance avec le chérif de La Mecque, Hussein ben Ali, concernant la création d’un éventuel « Royaume d’Arabie » englobant la Syrie intérieure et la Mésopotamie, à l’exception des vilâyets de Bagdad et de Bassorah. Dans un courrier daté du 24 octobre 1915, il lui assure que « la Grande-Bretagne est prête à reconnaître et à soutenir l’indépendance des Arabes dans toutes les régions à l’intérieur des limites demandées par le Chérif de La Mecque », à condition que ses hommes se révoltent contre « la Sublime porte », alliée à l’Empire allemand. C’est chose faite en 1916.
Dans le même temps, Sir Mark Sykes et François Georges-Picot ont engagé des pourparlers. Ignorant l’existence d’un accord secret entre Anglais et Français, les Arabes respectent leur part du contrat. Forts de plusieurs victoires militaires face à l’Empire ottoman, ils plaident leur cause devant les vainqueurs de la Première Guerre mondiale le 6 février 1919.
Un Kurde originaire de Souleimaniye est également présent, ce jour-là, lors de la Conférence de la Paix de Paris, pour défendre « les revendications de la nation kurde ». Il s’agit de Mohammed Chérif Pacha Babanî, ex-général de l’armée ottomane, formé à Saint-Cyr, et mis au ban de la diplomatie turque pour avoir désapprouvé l’alliance avec l’Allemagne. Mais les Anglais le négligent.
Qu’à cela ne tienne, l’ancien ambassadeur de « la Sublime porte » en Suède s’adresse à Georges Clemenceau, le président du Conseil des ministres français, c’est l’occasion d’évoquer le projet d’autonomie kurde réunissant le sandjak d’Urfa (Turquie), les vilâyets de Mossoul (Irak), Diyarbakir et Karpout (Turquie), auxquels il envisage de joindre le vilâyet d’Erzerum (Turquie) et le Kurdistan d’Iran. Un tracé qui se rapproche de la carte du « Grand Kurdistan » dont le contour hante encore les mémoires Kurdes.
À l’époque, la création de l’Arménie et du Kurdistan semble acquise, selon le principe du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes cher au président américain, Thomas Woodrow Wilson. Naïvement, Chérif Pacha ne s’inquiète donc ni des Arabes ni des Turcs mais plutôt des Arméniens qui revendiquent, pour l’essentiel, les mêmes terres que les Kurdes. Il reconnaît volontiers leur droit légitime à une Arménie indépendante, d’autant plus qu’il est l’une des rares personnalités ottomanes à avoir protesté publiquement contre le génocide des Arméniens, en 1915.
Cependant, la diplomatie n’exclut pas le calcul. Il cherche donc le soutien des délégués arméniens dont la cause semble davantage appréciée par les Anglais, tout en expliquant pourquoi leurs prétentions territoriales sont exagérées dans un « mémorandum sur les revendications du peuple kurde » daté du 22 mars 1919.
Seule concession, qui lui sera reprochée par les siens, il n’intègre pas une grande partie des vilâyets de Bitlis et Van dans la carte du Kurdistan, considérant que les Arméniens (principalement chrétiens) y sont proportionnellement plus nombreux que dans les autres vilâyets, atteignant près de 40 % de la population dans ces deux districts de l’actuelle Turquie.

En échange de ce geste, il espère s’attirer les bonnes grâces de la délégation arménienne menée par Boghos Nubar Pacha. Son objectif demeure la création d’un Kurdistan formant un tout indivisible sur le reste des territoires revendiqués. De fait, le 20 novembre 1919, il parvient à obtenir la reconnaissance de l’existence du Kurdistan dans une déclaration collective adressée à la présidence de la Conférence de la Paix. Cependant, les concessions concernant le tracé des frontières suscitent de vives réactions parmi les Kurdes de Turquie, qui craignent d’être dépossédés de leurs terres au profit des Arméniens.
Le Grand Kurdistan défendu par Chérif Pacha
Ainsi, le 1er mars 1920, à quelques semaines de l’ouverture de la conférence de San Remo chargée de préparer le traité de paix avec l’Empire ottoman, Chérif Pacha rédige un nouveau mémoire qu’il adresse au président du Conseil suprême de la Conférence de la Paix. Cette fois, la carte du Kurdistan intègre les vilâyets de Bitlis, de Van ainsi qu’un accès à la Méditerranée au niveau du golfe d’Alexandrette, « pour l’écoulement de son pétrole et de ses autres richesses minières et forestières », écrit-il dans ce document dont l’original est conservé à la Bibliothèque nationale de France.

Chérif Pacha promet en échange aux minorités « allogènes » un « statut particulier, conforme à leurs traditions nationales ». Ce faisant, il empiète sur les plates-bandes de l’Angleterre, qui s’appuie sur les mêmes arguments pour défendre l’idée d’un futur royaume d’Irak viable, tant sur le plan économique que politique, entre l’Iran et la Syrie.
Ainsi, lors de l’ouverture des débats à San Remo le 19 avril 1920, Chérif Pacha se rend rapidement compte que le Kurdistan libre et indépendant sera réduit à la portion congrue, privé de ses provinces du Sud et de l’Est. Lassé par cette situation, il se retire des négociations fin avril, tandis que l’Empire ottoman s’effondre et que l’accord Sykes-Picot est entériné avec les modifications négociées lors de la conférence de San Remo.
Finalement, France et Royaume-Uni bénéficient de la charte de la toute jeune Société des Nations, qui met en place le système des mandats.
Le traité de Sèvres, signé le 10 août 1920, n’est pas très différent de ce qui avait été décidé en catimini en 1916. Il n’y aura pas de grand Royaume d’Arabie. La France obtient un mandat pour gouverner la Syrie et le Liban, tandis que la Grande-Bretagne en obtient un pour l’Irak, et la Palestine. Cependant, pour le vilâyet de Mossoul, qui devait initialement revenir à la France, les Anglais devront attendre.
En effet, les Turcs poursuivent la lutte, refusant que leur pays soit réduit à peau de chagrin dans la région de l’Anatolie en raison de la création d’un micro Kurdistan entérinée par le traité de Sèvres. Inconcevable pour les nationalistes qui continuent de se battre sous les ordres de Mustafa Kemal, le futur Atatürk, avec le soutien de la jeune Russie communiste issue du Parti bolchevique.
Et les Kurdes dans tout ça ? Ils sont divisés. Les plus religieux rejoignent les combattants kémalistes au nom de la fraternité sunnite. Les autres se contentent de la promesse d’un État kurde couvrant 25 % du territoire demandé par Chérif Pacha.
L’article 64 prévoit « le droit des populations kurdes habitant ce territoire de choisir librement – avec le consentement du Conseil de la Société des Nations – le statut politique de leur pays, y compris l’indépendance et l’adhésion de la population du Kurdistan méridional à cet État ». Pour les nationalistes kurdes, il s’agit d’un premier pas. Cependant, tout comme les Arabes qui n’ont pas obtenu l’État étendu qu’ils espéraient, ils vont rapidement perdre leurs illusions.
Le Kurdistan divisé entre quatre pays par le Traité de Lausanne
L’impétuosité du mouvement national turc ne permet pas d’appliquer le traité de Sèvres. Le 24 juillet 1923, il est remplacé par le traité de Lausanne qui marque la naissance de la République de Turquie, dans ses frontières actuelles.

L’idée d’un État kurde est abandonnée.
Ce peuple, uni par une même culture, est désormais divisé entre quatre pays : la Turquie, l’Iran, l’Irak et la Syrie, dont trois ont été créés de toutes pièces conformément au principe de l’uti possidetis juris, qui consacre les frontières héritées de la colonisation.
Des frontières tracées sans tenir compte des réalités ethniques (Arabes/Kurdes) ou religieuses (chiites/sunnites).
En présence des Occidentaux, Mustafa Kemal cherche à rassurer quant à l’amitié turco-kurde.
Cependant, le 3 mars 1924, le jour même de l’abolition du califat, un décret interdit toutes les écoles, associations et publications kurdes, ainsi que les confréries religieuses et les madrassas. Un coup dur, y compris pour les Kurdes qui ont combattu aux côtés des kémalistes. Ils sont désormais privés du droit de parler leur langue, les citoyens non turcophones étant considérés comme des ennemis potentiels de la nation. Le sentiment de trahison est palpable.
Chute de l’Empire ottoman : l’argument ethnique penchait en faveur de la création d’un État kurde pour la Société des Nations
L’inquiétude grandit parmi les Kurdes du vilâyet de Mossoul, pourtant majoritaires jusqu’à la frontière iranienne. Ce territoire est convoité par les Britanniques – qui ont négocié un accord pétrolier avec la France, pour apaiser son ressentiment après la perte d’une région qui lui était initialement destinée – ainsi que par des Turcs. Ces derniers n’oublient pas que ce vilâyet s’étend jusqu’à Kirkouk et Kifri, des villes à majorité kurde certes, mais avec de fortes minorités turkmènes, comme en témoigne un recensement effectué par les Anglais en 1921.
La Société des Nations est chargée de résoudre ce différend. Le 30 septembre 1924, elle décide de créer une commission d’enquête qui, dans son rapport de 90 pages rendu le 16 juillet 1925, esquisse une troisième voie entre la solution irakienne sous mandat britannique et la solution turque.
En effet, les trois commissaires conviennent qu’il « n’existe pas de sentiment national irakien » et que « parmi les Kurdes, on trouve une conscience nationale croissante qui est nettement kurde et non irakienne ».
Les auteurs du rapport estiment donc que, « s’il fallait tirer une conclusion de l’argument ethnique, elle conduirait à préconiser la création d’un État kurde, indépendant, les Kurdes formant les cinq huitièmes de la population.
Si une telle solution était envisagée, il conviendrait de joindre au chiffre précédent les Yézidis, Kurdes de religion zoroastrienne, et les Turcs dont l’assimilation par l’élément kurde serait aisée. Dans une évaluation ainsi faite, les Kurdes formeraient alors les sept huitièmes de la population du vilâyet ».
Une hypothèse présomptueuse qui ne tient pas compte des divisions entre les Kurdes auxquels les Anglais reprochent leur immaturité politique. Ils lui opposent la nécessité d’offrir au futur Royaume d’Irak un territoire viable économiquement, une opinion partagée par les trois commissaires enquêteurs.
Ces derniers concèdent ainsi que l’Irak a « le droit moral d’exiger que, puisqu’on l’a créé, on lui donne des frontières lui permettant de vivre, tant au point de vue politique qu’au point de vue économique ». Or, la géographie montagneuse du Kurdistan offre une frontière naturelle avec la Turquie, mais aussi une terre riche en pétrole, en eau et en blé plus au Sud.
Ismet Inönü, le représentant d’Ankara lors des négociations de Lausanne, ne se laisse pas duper. Il affirme que, pour les Anglais, le sort du vilâyet de Mossoul est d’abord « une question de pétrole ». Il n’a pas tort !
Que deviendrait l’Irak (et la Turkish Petroleum Company, sous contrôle britannique) privé d’une grande partie de ses ressources ?
La mise en garde de Chérif Pacha vérifiée 80 ans plus tard par les États-Unis
Le 16 décembre 1925, la Société des Nations attribue donc le vilâyet de Mossoul à l’Irak sous mandat anglais, à condition que l’Angleterre et l’Irak accordent une certaine autonomie culturelle et administrative aux Kurdes.
Une condition jamais respectée, au point de devenir une source d’instabilité. Chérif Pacha avait pourtant mis les grandes puissances en garde dans son mémoire du 1er mars 1920.
« La répartition des richesses du sol dans les pays kurdes ne peut servir d’aucune façon de prétexte à la séparation du Kurdistan en plusieurs zones d’influence, ni à sa division »
Faute de quoi, « le désordre règnera à l’état endémique, à moins que les Alliés veuillent y entretenir à perpétuité une forte armée qui sera elle-même exposée à toutes les attaques d’une guerre de guérilla », avait ainsi averti le chef de la délégation kurde, en pointant du doigt des populations « guerrières et jalouses de leur indépendance nationale ».
Quatre-vingt ans après la signature du Traité de Lausanne, l’armée américaine – autoproclamée gendarme de l’Irak – a été confrontée à la guérilla annoncée, même si elle se méfie aujourd’hui davantage des Arabes, chiites ou sunnites, que des Arméniens, qui ont acquis leur indépendance en 1991, ou des Kurdes, ces derniers s’étant finalement révélés des alliés fidèles, bien qu’ils n’aient pas toujours été récompensés.
Il faut dire qu’ils ont un handicap de taille, leurs ressources naturelles et en premier lieu le pétrole sous leurs pieds, qui constitue un obstacle à toute aspiration à l’indépendance.
Dans l’impossibilité de l’obtenir, les Kurdes ne demandent qu’une chose, que la communauté internationale suive l’exemple de la justice irakienne et qualifie officiellement de génocide les crimes de masse dont ils ont été victimes lorsque le parti Baas de Saddam Hussein dirigeait le pays.
Les arguments ne manquent pas. Preuve en est, le 1er mars 2010, la Haute Cour pénale irakienne a reconnu que le bombardement chimique d’Halabja le 16 mars 1988 était bel et bien un acte de génocide. Le 24 juin 2010, le Parlement irakien a enfoncé le clou en reconnaissant l’opération Anfal comme un génocide à part entière perpétré par l’ancien régime quinze ans avant la chute de Saddam Hussein survenue en 2003.
Mais aussi symboliques que soient ces décisions, elles n’ont été suivies d’aucune indemnisation pour les familles des 182.000 victimes, ni même d’excuses officielles de la part du nouveau régime, à l’instar de celles prononcées par Jacques Chirac en 1995, lorsqu’il a reconnu la « dette imprescriptible » de l’État français envers les Juifs déportés, alors que la République française avait depuis longtemps tourné la page du régime de Vichy.
Un chemin que n’a pas suivi l’État irakien, jusqu’ici. Pire, la politique d’arabisation menée depuis des décennies par l’État à majorité sunnite se poursuit avec l’État à majorité chiite, sous l’influence des milices soutenues par l’Iran.
Aux origines de la politique d’arabisation des terres kurdes
Aussi, faut-il revenir aux sources du problème pour comprendre que rien ne changera pour les Kurdes sur le long terme, à moins que leur génocide ne soit officiellement reconnu par la communauté internationale et que leur territoire soit sanctuarisé.
Difficile, en effet, de ne pas tenir compte des leçons de l’histoire en Irak, un pays soumis à l’influence conjointe de la Turquie et de l’Iran depuis le démantèlement de l’Empire ottoman, pour le plus grand malheur des Kurdes.
En atteste la loi sur la nationalité, adoptée dès 1924 par un Parlement irakien influencé par quatre siècles d’occupation ottomane. Cette loi introduit dès lors une discrimination entre les descendants des citoyens ottomans et les citoyens considérés comme d’origine perse, autrement dit les chiites, qui boycottent les institutions gouvernementales suite à l’échec de la révolution de 1920 menée par le mouvement islamique indépendantiste.
Alors que les premiers, de confession sunnite, étaient considérés comme des Irakiens « authentiques » et bénéficiaient de facto de la citoyenneté irakienne, les seconds devaient formaliser leur demande officiellement pour en jouir. Une situation qui perdure après l’indépendance de l’Irak, en 1932. Cependant, la minorité sunnite au pouvoir et les chiites, qui représentent 60% de la population irakienne, ont l’arabité en commun. Ce n’est pas le cas des Faylis qui deviennent une cible facile dès lors que les Arabes sunnites se fédèrent au sein du Parti socialiste de la résurrection arabe, connu sous le nom de parti Baas.
Après le coup d’État qui les a portés au pouvoir en 1968, ils ciblent donc les Kurdes de confession chiite, dispersés le long de la frontière avec l’Iran et plus aisément stigmatisés que les Kurdes sunnites majoritaires au Nord. Pas moins de 70.000 d’entre eux sont progressivement expulsés vers l’Iran dès le début de l’année 1969. Toutefois, Saddam Hussein, qui cumule les fonctions de vice-président du Bureau révolutionnaire et de responsable des services de sécurité, se révèle également un fin stratège. Il engage des négociations avec le Parti démocratique du Kurdistan, dirigé par Mustafa Barzani, figure emblématique du mouvement d’émancipation kurde.
L’homme de confiance du président de la République propose aux « frères Kurdes du Kurdistan » de leur accorder « l’autonomie » en 1974. Cet accord est officiellement scellé le 11 mars 1970 par le Président Ahmad Hasan al-Bakr, en présence de Massoud et Idriss Barzani, deux des fils du général Mustafa Barzani. Cependant, onze clauses secrètes sont dissimulées, parmi lesquelles figure la gestion de la ville de Kirkouk, souvent considérée comme « la Jérusalem des Kurdes ».
Est-ce la raison de l’absence de réaction, face aux déportations des Faylis ? Toujours est-il que les promesses n’engagent que ceux qui les croient. Les Kurdes ne tardent pas à percevoir les premiers signes de la trahison à venir, notamment lors de la fête du parti Baas. En 1971, la nouvelle charte décrète que « les Kurdes irakiens doivent dorénavant adhérer à l’unité politique et sociale du pays et accepter l’Irak dans le cadre de la Patrie arabe ». Pour couronner le tout, « l’identité arabe de la terre kurde » est proclamée lors de la troisième Conférence du parti Baas.
Dès lors, la logique génocidaire du parti Baas à l’encontre des Kurdes commence à être méthodiquement mise en en place. Elle consiste initialement à les diviser en sous-groupes pour les éliminer les uns après les autres, jusqu’à la « solution finale » qu’Ali Hassan al-Majid va théoriser au printemps 1987.
Première étape, stigmatiser les Kurdes afin d’éliminer toute possibilité d’empathie au sein de la population irakienne. Les Faylis, qui détiennent de nombreux commerces et entreprises à Bagdad, sont désignés comme des agents de l’étranger, à l’instar des juifs par les nazis dans les années 30. Ils sont accusés de contrôler l’économie irakienne et de s’approprier les richesses du pays.
Deuxième étape, Bagdad nationalise le champ pétrolier de Kirkouk le 1er juin 1972. Du jour au lendemain, 2 500 employés kurdes de l’Iraqi Petroleum Company sont licenciés et remplacés par des Arabes sunnites venus du sud du pays, voire de l’étranger. Dans la foulée, les gisements autour de Bassorah, région principalement peuplée d’Arabes chiites, sont également intégrés à l’État. Ainsi, entre 1972 et 1973, l’Irak récupère 100 % de sa production pétrolière. Cette manne financière permettra de soutenir la future guerre contre l’Iran, tandis que les biens volés aux déportés serviront à financer l’arabisation des terres kurdes.
Il va sans dire que la loi sur l’autonomie kurde proclamée le 11 mars 1974 ne respecte ni l’esprit ni la lettre de l’accord signé quatre ans plus tôt. Le gouvernement irakien s’en prend immédiatement au clan Barzani qui a relancé l’insurrection. Avec l’accord d’Alger signé le 6 mars 1975, Bagdad renonce à la région du Chatt el-Arab et, en échange, les Iraniens promettent de ne plus soutenir les Kurdes irakiens. Le général Barzani et ses hommes sont contraints de reprendre le chemin des montagnes.
S’ensuit une répression féroce : 200.000 à 300.000 Kurdes sunnites de la région de Barzan (district de Mergasur) sont déportés dans des camps au sud de l’Irak lors de trois vagues successives en 1975, 1978 et 1982.
Dans le gouvernorat de Kirkouk, redécoupé et rebaptisé gouvernorat de Tameem le 1er janvier 1976, le Dr Mohammed Ishan recense avec précision 243.154 familles spoliées et contraintes de se replier sur Chamchamal, la région de Garmian, Souleymanieh ou Erbil.
Si bien qu’en 1977, les Kurdes ne représentent plus que 37 % de la population dans ce gouvernorat riche en pétrole, alors qu’ils étaient proportionnellement bien plus nombreux vingt ans plus tôt.
Inversement, au milieu des années 70, la population arabe atteint 44 % dans le gouvernorat de Tameem, dépassant ainsi le chiffre enregistré en 1921, durant le mandat britannique en Mésopotamie, ainsi que lors du recensement de 1957, grâce notamment au redécoupage administratif.
Ce processus est observé dans bien d’autres régions, comme dans le gouvernorat de Diyala, au cœur de la zone faylie, où 92.592 familles kurdes sont également expulsées de chez elles sans compensation, selon les recherches du Dr Mohammed Ihsan.
Cependant, les Faylis n’ont encore rien vu. Pour eux, tout s’accélère après l’adoption d’un nouveau décret le 26 mai 1980. Ce décret permet de déchoir 450.000 Faylis supplémentaires de leur nationalité, le temps de la guerre Iran Irak.
Entre ceux qui ont été victimes des mines en traversant la frontière à pied et les Faylis retenus en otage en Irak pour exercer une pression sur leurs familles, Sami al-Fayli, un responsable de la communauté, estime que près de 23.000 Kurdes chiites ont disparu durant cette période. Ce génocide ne sera reconnu par l’État irakien qu’en 2011.
Nouvelle étape du génocide : « Les 8000 de Barzan »
Les membres de la tribu Barzani ne sont pas logés à meilleure enseigne. Les plus vulnérables sont morts en déportation, dans le désert, pendant les cinq années d’exil loin de leurs chères montagnes. Et si le gouvernement irakien autorise le retour des survivants dans des camps de regroupement près d’Erbil à partir de 1980, c’est pour faciliter l’arrestation des garçons âgés de 9 ans et plus durant l’été 1983. Personne n’entendra plus jamais parler de ceux que l’on a appelé « les 8000 de Barzan ».
L’arabisation va se prolonger ainsi jusqu’à la nomination d’Ali Hassan al-Majid en tant que secrétaire général de la région Nord, en mars 1987. Ali Hassan al-Majid, qui ne tarde pas à être surnommé « Ali le chimique », autorise les premiers bombardements chimiques sur des civils le 16 avril, dans la vallée de Balisan.
Le 3 juin, le général al-Majid signe une directive délimitant les « zones interdites », au nombre de huit, dans la région du Kurdistan.
Et dans sa note n° 28/3650, il précise que « les forces armées doivent tuer tout être humain ou animal présent dans ces zones ».
Le 20 juin 1987, il ne lui reste plus qu’à signer le décret 4008, véritable feuille de route du génocide, laissant aux forces armées la possibilité de se nourrir sur la « bête », comme le permet la 8e sourate du Coran, nom de code donné à l’opération.

Recours à un corpus législatif pour légitimer le génocide
C’est une autre caractéristique du génocide kurde depuis sa mise en œuvre dès l’accession au pouvoir du parti Baas : tout est fait pour déculpabiliser les acteurs de la bureaucratie génocidaire ainsi que les exécutants des basses œuvres, qu’ils appartiennent à la police, à l’armée ou aux services de renseignement.
Le chercheur Michel Isidore, également connu sous le pseudonyme d’Émile Bouvier lorsqu’il écrit dans « Les Clés du Moyen-Orient », l’a parfaitement expliqué lors de son intervention sur le cas des Faylis lors du premier colloque international sur le génocide kurde organisé à Erbil, du 2 au 4 mai 2023.
Pendant vingt ans, la déculpabilisation mais aussi la légitimation du génocide ont reposé sur « la mobilisation systématique d’un corpus législatif ».
Autrement dit, chaque action menée par les autorités irakiennes à l’encontre des Kurdes, qu’ils soient faylis, chrétiens, yézidis ou sunnites, « a systématiquement été encadrée par un texte de loi, un décret ou un règlement édicté par les autorités irakiennes, de manière à pouvoir légitimer du point de vue du peuple irakien les actes commis contre les Kurdes ».
En atteste le décret 666, qui a fait des Kurdes faylis des Irakiens sans nationalité, justifiant ainsi les arrestations, les spoliations, les tortures et les déportations, ainsi que d’autres décrets ou règlements. Michel Isidore a notamment mentionné celui qui encourageait les citoyens irakiens ayant épousé une Faylie à la répudier, moyennant une récompense financière, sachant qu’elle serait ensuite déportée en Iran.
On peut aussi évoquer les multiples directives hautement confidentielles d’Ali Hassan al-Majid, soucieux d’encadrer strictement la mise en œuvre du génocide dès 1987. Comme lorsqu’il précise dans les articles 4 et 5 du décret 4008 :
« Les commandants de Corps procèderont à des attaques spéciales avec l’artillerie, des hélicoptères et des avions, à toute heure du jour et de la nuit, afin de tuer le maximum de personnes présentes dans ces zones interdites, et nous tiendront informés du résultat. »
Par « attaques spéciales », il faut comprendre attaques chimiques, terme qui était banni même dans les échanges Top secret entre le secrétaire général de la région Nord et le chef du renseignement militaire.
Le décret 4008 pose le cadre de « la solution finale à la question kurde »
Pourtant, les Kurdes ne s’inquiètent guère lorsque les routes menant aux villages interdits sont bloquées par des monticules de terre au début de l’été 1987.
Ils ne réagissent pas davantage lorsqu’un affidé du régime martèle cette phrase à la radio :
« Ceux qui passent du côté du gouvernement seront considérés comme notre peuple. Les autres seront considérés comme des Iraniens. »
Qu’à cela ne tienne, le 6 septembre 1987, Ali Hassan al-Majid écrit dans une nouvelle directive qu’il réclame aussi « la déportation des familles dans les zones où vivent les parents des saboteurs, sauf pour les hommes de 12 à 50 ans qui doivent être gardés ». Résistant ou non, on sait quel destin leur est réservé avec le décret 4008.
L’armée dispose dès lors de cinq mois pour se préparer. Pendant ce temps, les bulldozers continuent de raser les villages des déportés.
Le 31 décembre 1987, plus de 700 villages ont été rayés de la carte en un an, dira le gouvernement régional du Kurdistan quelques années plus tard : 219 dans la région d’Erbil, 122 dans la région de Garmian, au sud-est de Kirkouk, 320 dans la région de Souleimaniye et les autres dans la région de Bahdinan, plus difficile d’accès en raison de son relief montagneux.
Pas de quoi troubler le sommeil de ceux qui participent activement au génocide. Ils se sentent protégés juridiquement, dans une organisation parfaitement orchestrée. Les territoires visés sont clairement délimités.
Entre le 23 février et le 6 septembre 1988, ils sont méthodiquement « nettoyés » les uns après les autres. Comme les Kurdes poussés dans des fosses communes préalablement creusées dans le désert. Ceux-là sont mitraillés de nuit, par groupes de cinquante.
Un trou après l’autre, expliquera plus tard le seul survivant de ces crimes, un jeune Kurde parvenu à s’extirper du charnier avec trois balles dans le corps tandis que les deux soldats qui avaient exécuté sa mère, ses sœurs et ses tantes sous ses yeux continuaient à mitrailler les trous suivants.
Ce jeune homme sera sauvé par des Bédouins arabes qui le cacheront pendant plus de deux ans jusqu’à ce qu’ils trouvent le moyen de le rendre à des proches au Kurdistan. Preuve en tout cas que le racisme et ses dérives ne sont pas consubstantiels des Arabes, mais bien liés à l’idéologie de gens qui se croient supérieurs aux autres.
Six pays seulement ont reconnu le génocide kurde
Pour avoir méthodiquement organisé l’épuration ethnique sur les huit secteurs prédéfinis du Kurdistan irakien, Ali Hassan-al Majid a été condamné à mort une première fois pour génocide le 24 juin 2007.
Peine à laquelle s’est ajoutée une condamnation spécifique en janvier 2010 pour le gazage de 5000 Kurdes à Halabja le 16 mars 1988. Le 1er mars 2010, 33 jours après son exécution, la Haute Cour de justice irakienne a reconnu que le massacre d’Halabja constituait également un génocide, comme si chaque horreur commise sous l’égide du Parti Baas constituait un génocide à part entière, à l’instar du génocide des Faylis reconnu en 2011 par le Parlement irakien.
Je considère pour ma part que les Kurdes d’Irak ont été victimes d’un seul génocide dont la mise en œuvre s’est étalée sur vingt ans, de l’arrivée au pouvoir du parti Baas en 1968 à la « solution finale » orchestrée par Ali le chimique. C’est du moins la thèse que je développe dans mon livre, « Un génocide oublié, la voix brisée du peuple kurde », publié aux éditions SPM, chez L’Harmattan.
Quoi qu’il en soit, une question se pose : pourquoi seulement six pays, dont l’Irak, ont reconnu le génocide kurde à ce jour ? I
ls n’étaient même que cinq lorsque d’anciens officiers baasistes ont repris du service avec Daesh pour imposer aux Kurdes yézidis le 74e génocide de leur histoire, leur infligeant en 2014 des méthodes génocidaires déjà éprouvées lors de l’Opération Anfal en 1988.
Omettre de nommer l’horreur, c’est nous condamner à la revivre, tels des témoins impuissants face à l’innommable. Reconnaître le génocide kurde pour ce qu’il est réellement, c’est au contraire poser des interdits pour les générations futures. Cela suppose également d’apprendre à reconnaître les signes avant-coureurs qui permettront d’intervenir plus tôt à l’avenir, si le pire devait se reproduire. Enfin, c’est offrir aux rescapés une opportunité de se reconstruire psychologiquement.
Ce que nous lisons sur wikipédia :
La France se contenta d’un bref communiqué condamnant « l’usage d’armes chimiques où que ce soit ». Le rapport de l’ONU, réalisé par un colonel de l’armée espagnole, notait seulement que « des armes chimiques ont de nouveau été employées tant en Irak qu’en Iran » et que « le nombre de victimes civiles augmente ».
Le secrétaire général de l’ONU affirma que les nationalités « sont difficiles à déterminer, tant pour les armes que pour les utilisateurs de celles-ci ».
La sous-Commission des droits de l’homme des Nations unies estima, par onze voix contre huit, qu’il n’y avait pas lieu de condamner le régime de Saddam Hussein pour violation des droits de l’homme.
Le président américain George H. W. Bush s’opposa à des sanctions contre l’Irak et lui accorda au contraire un prêt de un milliard de dollars.
« Un génocide oublié, la voix brisée du peuple kurde » : 10 ans d’enquête
C’est en tant que journaliste à La Dépêche du Midi que Béatrice Dillies a fait la connaissance des Kurdes, dans les années 90. Ses premiers articles concernent des familles réfugiées dans la région Midi-Pyrénées.
En 2013, elle a l’occasion de prendre 6 mois de congés pour un projet humanitaire en Amérique Latine. Zoubeyr Mahy, le président de l’association franco-kurde d’Occitanie, parvient à la convaincre que sa présence sera plus utile au Kurdistan irakien. L’exécution précipitée de Saddam Hussein, le 30 décembre 2006, n’a pas permis aux Kurdes de voir le dictateur déchu s’expliquer devant le tribunal spécial irakien sur le génocide dont ils ont été victimes pendant vingt ans. Un génocide toujours pas reconnu officiellement par la France.
Pour faire connaître l’histoire de ce peuple martyr, elle décide donc d’aller sur place pendant quatre mois, puis à chaque nouvelle période de vacances. Elle a déjà interviewé près d’une centaine de rescapés des années Saddam, avec l’aide de Kurdes francophones, quand Daesh attaque Mossoul puis Shingal en 2014.
D’anciens officiers baasistes reconvertis en jihadistes s’en prennent bientôt aux Yézidis, selon des méthodes déjà éprouvées 26 ans plus tôt. Si bien que le syndrome de stress post traumatique se réveille presqu’aussitôt pour de nombreuses victimes de l’opération Anfal qui a fait 182.000 morts en 1988.
Résultat, un livre qui raconte finalement 50 ans d’histoire, de 1968 à 2018, au Kurdistan irakien et dans les territoires disputés avec Bagdad. Un livre qui établit surtout formellement que les Kurdes ont bel et bien été victimes d’un génocide au regard du droit pénal international, comme le découvre Snur, fil rouge de cette enquête, dont la voix a été brisée par les bombes chimiques de Saddam.
DILLIES Béatrice, « Un génocide oublié, la voix brisée du peuple kurde », Paris, juin 2023, SPM, collection Kronos, groupe L’Harmattan. 314 p. 25€.
L’Irak a reconnu officiellement le génocide kurde, l’Angleterre, la Norvège, la Suède, la Corée du Sud et l’Autriche aussi.
La France ?
La France a mis 85 ans à reconnaître le génocide des Arméniens… L’objectif de ce livre est donc de documenter le génocide kurde mais également de lancer et d’alimenter le débat sur la reconnaissance officielle du génocide kurde par la France. Il a été envoyé à tous les parlementaires.
Écartelés entre quatre pays, 40 millions de Kurdes dépendent de pouvoirs arabes, perse ou turc. En Irak et en Syrie, ils ont été en première ligne contre Daech avant d’être lâchés par leurs alliés.
Les vainqueurs de 14-18, la France et l’Angleterre, avaient promis aux Kurdes un Etat avec le traité de Sèvres. Ils ont ensuite trahi leur promesse avec le traité de Lausanne. Depuis, les Kurdes ont été victimes d’à peu près tout le monde.
Aujourd’hui encore, les Kurdes reçoivent épisodiquement sur la tête des bombes turques, et les Kurdes restent le plus grand peuple du monde sans Etat…
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