Secrets révélés

Klu Klux Klan, Nation Aryenne et Grand Complot

Dans cette article nous analysons l’histoire du Klu Klux Klan et de ses membres, en effleurant le concept de « Nation Aryenne » et en mettant un accent particulier sur la « théorie du complot » qui essaie d’orienter l’opinion face à une partie de la vérité, vers une cible choisie…., créant ainsi tous les paramètres pour édifier une Société de la haine, sur les ruines de la Démocratie.

Leur action vise à tromper les chercheurs de vérité et plusieurs sites internet se rendent complices sans le savoir d’une volonté de pensée unique qui s’oppose à la véritable divulgation.

Leur but est simple : dégoûter le simple lecteur de la recherche d’information véritable…


En infiltrant l’information alternative, ils réussissent, une fois de plus, à détourner la vérité…

Le Ku Klux Klan : mouvement terroriste ou simple mascarade extrémiste?

1. Les origines du Klan

Avant de traiter de la menace que peut représenter un groupe extrémiste comme celui du Ku Klux Klan, il est primordial de procéder à son historique. En d’autres mots, il importe avant toute chose de faire un court voyage dans le temps afin, d’une part, d’en apprendre davantage sur l’existence et la formation du Ku Klux Klan (KKK) et, d’autre part, de mieux comprendre la dynamique actuelle du mouvement.

C’est ce que tente de faire cette section consacrée à l’historique du mouvement. C’est ainsi que le texte sera subdivisé en quatre parties distinctes qui, une fois réunies, dresseront l’historique de ce mouvement raciste américain. Il sera d’abord question du Klan original, celui de la période de la Reconstruction qui a suivi la guerre civile américaine (1861-1865). Nous y traiterons de sa création, des actions perpétrées ainsi que des raisons qui ont conduit à sa disparition quelques années plus tard. Par la suite, le texte enchaînera sur le «réveil» du Klan par l’entremise de Simmons. On y apprendra que le Klan était perçu d’un bon oeil par la société et qu’il ne soulevait pas l’indignation collective. En fait, comme on le verra, ce second Klan répondait en tous points à un sentiment généralisé d’«américanisme». La troisième section portera sur les actions du Klan des années cinquante aux années quatre-vingt. On y décrira le changement dans les façons de faire du Klan et les actions que le gouvernement orchestrera afin de limiter l’influence du Klan tout en gardant une surveillance constante sur ses activités. Finalement, la dernière partie sera consacrée au Klan moderne, c’est-à-dire celui des années quatre-vingt-dix.

1.1 Le premier Klan

Le 9 avril 1865 à Appomattox, après environ cinq années de guerre civile, le Général confédéré Lee capitulait, donnant automatiquement la victoire aux forces de l’Union dirigées par le Général Grant. La guerre de Sécession a non seulement opposé deux manières de vivre, mais également deux philosophies en regard de l’esclavage.


Après la guerre, des milliers de noirs affluent vers le Sud et retournent dans les anciennes plantations pour y trouver du travail. On évalue alors à plus de quatre millions le nombre de noirs qui habitent le Sud. Trois composantes socio-politiques vont servir de terreau fertile à la création d’un des mouvements racistes les plus fréquemment cités: le Ku Klux Klan.

L’humiliation de la défaite face aux nordistes, l’imposition des Black Codes (13e, 14e et 15e amendements qui mettent fin à l’esclavage et donnent la citoyenneté et le droit de vote aux noirs, droits bientôt restreints par les nouvelles assemblées des États sudistes) et l’occupation du Sud par les troupes fédérales créent une frustration intense.

Comme le rapporte fidèlement Portes, cela était perçu comme la «vilénie des vainqueurs imposant au Sud, par la force, l’irruption des noirs dans la vie publique» (Portes, 1991: p. 89).

Non seulement ces amendements ne seront pas appliqués dans le Sud, mais ils provoqueront une réaction généralisée de racisme partout au pays. La mentalité collective voyait la vraie nation américaine comme WASP (white anglo-saxon protestant).

L’apparition de la formation politique des Know-Nothing en fait foi, «mais c’est sans doute la réapparition du Ku Klux Klan qui exprima le plus clairement le sentiment populaire selon lequel l’américanisme n’était plus comme du temps de Jefferson ou Lincoln, un évangile pour toutes les nations, mais un secret national qui ne pouvait être partagé avec ceux qui n’étaient pas du même sang» (Vincent, 2001: p. 186).

Comme le souligne Maurois, «lorsqu’un peuple ou un groupe se voit privé de tous moyens légaux de défense, ils perdent confiance dans les lois et cherchent à se protéger eux-mêmes» (Maurois, 1948: p. 400).

C’est donc dans cet esprit revanchard que six vétérans confédérés fondent une association de frères d’armes, le jour de Noël 1865 à Pulaski au Tennessee avec le projet d’en faire un groupe de résistance. Ce regroupement se présente comme un «moyen d’action utile» pour défendre la suprématie blanche dans le Sud, que les noirs menacent par leur trop grand appétit sexuel, leur présence dans les milices locales et leur participation de plus en plus grandissante à la vie publique.

Le KKK (Ku Klux Klan) se présentait donc comme un regroupement de sudistes contre les noirs, contre l’envahisseur nordiste, contre les carpetbaggers (nordistes venus s’installer dans le Sud afin de «profiter» de la Reconstruction pour trouver du travail) et contre les scalawags (sudistes sympathiques à la cause de l’Union). Les premiers sont appelés ainsi en raison de leurs sacs de voyage en tapisserie à la mode yankee, alors que les autres sont vus comme de véritables traîtres et seront traités comme tels.

Selon les vues de plusieurs blancs, les noirs, nouvellement dotés des droits civiques, deviennent arrogants et c’est pour cette raison que  :

«les blancs, privés de moyens de protection légaux, organisent des associations secrètes dans le dessein de tenir les nègres en respect et de les écarter des affaires publiques au moyen de menaces secrètes et de violences» (Janssens, 1956: p. 176).

Comme l’ajoute Robin :

«le Ku Klux Klan naissant constituait, pour certains sudistes, depuis les gentlemen bien élevés des plantations et les ex-officiers confédérés jusqu’à la pauvre racaille comptant pour peu de chose, un instrument de libération du nouveau despotisme en vue» (Robin, 1998: p. 12). C’est d’ailleurs à cela que l’on attribue le succès de cette organisation.

Les six membres co-fondateurs (Calvin Jones, Frank McCord, Richard Reed, John Kennedy, Cpt John Lester et James Crowe) ont décidé que cette fraternité se nommera Ku Klux Klan (prononcer «Cou-Cloux-Clanne»), appellation directement issue du mot grec kyklos (cercle) associé au latin «lux» (lumière).

Crowe sépare le mot en deux et change la fin, ce qui donne Ku Klux. Comme les fondateurs ont des ancêtres écossais , Lester propose de rajouter le mot clan à la fin, en remplaçant le C par un K, de manière à uniformiser la première lettre des trois mots. Le Ku Klux Klan est né que l’on appelle également «Invisible empire du Sud».

Ils dotèrent leur association raciste d’un schéma militaire et mystique enrobé d’une cosmogonie étrange.

Selon leur vision, le Sud serait fragmenté en royaumes, dominions, provinces et tanières chapeautés par des Cyclopes, des Géants, des Titans, des Dragons, des Génies et des Hydres. Munis de hautes cagoules et de longues robes blanches, se déplaçant à cheval, leur objectif initial était d’effrayer les noirs en se faisant passer pour les esprits des soldats confédérés morts sur le champ de bataille.

Comme le souligne Janssens, «l’étrangeté de son cérémonial vise à frapper l’imagination des noirs superstitieux et à les effrayer» (Janssens, 1956: p. 177). Les cavaliers-fantômes veulent effrayer les populations noires, accusées d’être responsables de la défaite comme de la crise économique. Comme le souligne Morrison et Commager, le KKK se définissait comme une «institution of chivalry, humanity, mercy and patriotism» (Morisson et Commager, 1962: p. 46).

C’est en 1866, au cours de leur première convention, que le KKK se dote d’une «Charte» et plus globalement, d’une structure définissant les buts et le mode de fonctionnement du Klan.

Chaque État est dirigé par un «grand dragon», chaque district par un «grand titan» et chaque province par un «grand géant».

Un langage secret soude les initiés. Les jours et les mois sont rebaptisés «mortel», «ténébreux», «terrible», «sanglant», «effrayant» et ainsi de suite. Les klansmen se rassemblent dans des Klavernes, où ils préparent leurs équipées sanglantes.

Après le désistement du Général Robert E. Lee pour des raisons de santé, c’est le Général Nathan Bedford Forrest qui fut élu Grand Sorcier du Klan (titre le plus haut) pendant ce que l’on désigne aujourd’hui comme la première ère du Klan (1866-1874). Il sillonnera le pays pour y tenir des réunions, prônant les valeurs blanches et protestantes tout en proposant l’idée de «dépouiller le nègre de ses droits et de regagner une partie perdue» (Nye et Morpurgo, 1961: p. 434).

Les efforts de Forrest ne seront pas vains puisqu’il réussira à «enrôler» plus d’un demi-million de membres, tous fervents partisans de la bannière étoilée (drapeau sudiste) et attirés par cette organisation occulte, d’apparence fantomatique. Toutes les classes sociales étaient représentées au sein du Klan. Cela permettait aux sudistes frustrés de reconstruire le Sud à leur manière.

L’objectif principal du Klan était de s’attaquer aux noirs affranchis qui manifestaient de l’indépendance, et de les «tenir en respect». Qu’il s’agisse de les éloigner des bureaux de vote, des milices ou des charges publiques, tous les moyens étaient bons pour y parvenir. D’abord et avant tout, les membres tentaient d’effrayer les noirs, souvent peu instruits et très superstitieux, en agitant des ossements sous leurs longues robes blanches, en s’asseyant sur des tombes ou en promenant des esclaves au bout de perches.

Ainsi que l’explique Maurois, la terreur suffisait en général à les écarter du bureau de vote :«quand u n fantôme frappait à la porte d’un nègre, lui demandait à boire, engloutissait trois seaux d’eau (ce qui se faisait en les versant dans un sac de cuir dissimulé sous la robe), murmurait: «il fait si chaud en Enfer» puis ordonnait aux nègres de jurer qu’ils ne retourneraient plus à l’Union League, il était obéi» (Maurois, 1948: p. 401).

Lorsque le message ne passait pas et qu’ils résistaient, les klaners (membres du Ku Klux Klan) n’avaient aucun scrupule à exécuter des actes d’une violence inouïe : enlèvements, assassinats, viols collectifs, pillages, noyades, intimidations, mutilations, bûcher sur la place publique, églises, écoles et maisons mises à feu, etc. Cependant, l’action «fétiche» du KKK qui a marqué le plus les esprits est le lynchage de noirs et de leurs alliés. Ainsi, on rapporte plus de trois mille pendaisons de noirs de la création du Klan à 1900, souvent sans même que les auteurs soient identifiés.

«Les premières atteintes physiques commencent contre des Noirs qui s’instruisent auprès d’instituteurs blancs. La persécution des Noirs se poursuivra durant de nombreuses années et deviendra même une des priorités de l’organisation: en effet, si les Noirs parviennent à s’instruire, cela les met sur un pied d’égalité avec les Blancs, ce qui est intolérable pour les membres du Klan car cela contredit leur doctrine de la suprématie de la race blanche» (Wikipédia) .

De nombreuses «chasses aux nègres» sont organisées ainsi que des émeutes qui se soldent plus souvent qu’autrement par un affrontement meurtrier entre le Klan et la milice locale, essentiellement composée de noirs. Bénéficiant de la clémence du système judiciaire à leur endroit (le premier noir à avoir été reconnu non coupable du meurtre d’un blanc fut un certain Caldwell en 1868), les klaners usent de stratégie pour arriver à leurs fins.

On rapporte des histoires sordides à ce sujet : un blanc n’aime pas un noir, la femme du blanc va se plaindre aux autorités d’avoir été violée par le noir en question. Lors du procès, un attroupement va se créer ce qui entraîne l’arrivée de la milice et puis une émeute générale au cours de laquelle plusieurs noirs sont pendus sans qu’un seul coupable soit identifié. Des membres du Klan ont même été jusqu’à assassiner en plein tribunal le sénateur républicain John Stephens. Ceci démontre le fanatisme que la cause créait chez certains.

Pendant plusieurs années, le mouvement a joui d’une popularité et d’un accord tacite des autorités sans précédent pour un groupe raciste entraînant un réel mutisme solidaire entre blancs ainsi que la «clémence» du Président de l’époque Andrew Johnson qui voyait bien que le problème ne résidait pas dans le nombre de klaners , mais plutôt dans le nombre de ses sympathisants anti-nordistes.

Après avoir rejoint plus d’un demi-million d’adeptes, le mouvement du KKK commença à décliner à partir de 1868.

Plusieurs raisons expliquent l’affaiblissement de l’organisation. D’abord, comme le soulève Portes, «le Klan n’est pas structuré solidement, de nombreux groupes autonomes s’en réclament» (Portes, 1991: p.99).

Cela fait en sorte que certains «extrémistes» pénètrent dans le Klan et en salissent la «réputation». Les abus prendront tellement d’ampleur que cela poussera plusieurs États à adopter des lois/mesures de maintien de l’ordre public dès 1868 tels le Texas et l’Arkansas (qui décréteront de la loi martiale).

Suite à des pressions, le Grand Sorcier dissoudra le Klan officiellement en 1869 ce qui amena certains historiens à en déduire qu’il s’agissait là d’une méthode pour rendre le Klan encore plus secret. Preuve de la nouvelle orientation prise par le mouvement: l’obligation à partir de 1870 pour tous les klaners de se munir d’une arme à feu.

Les excès de certains membres jumelés à l’arrivée d’un nouveau Président (l’ancien Général nordiste Ulysses Grant) a beaucoup contribué au déclin du KKK. Alors que Johnson et Lincoln avaient fait preuve de modération, de compréhension et de tolérance envers le racisme exacerbé du Sud, Grant désirait être «maître chez lui»! Le Président a donc fait voter en 1871, avec l’appui du Congrès, le Force Act (interdiction d’empêcher un autre citoyen de voter) et le Ku Klux Act (autorisant l’armée à réprimer ceux qui ne respectent pas le Force Act ). Cette dernière mesure choque le Sud qui se révolte et cela donne l’opportunité au Président d’asseoir son autorité en suspendant l’ habeas corpus et en imposant la loi martiale, ce qui conduit à plusieurs milliers d’arrestations.

Mais ce qui va surtout affaiblir considérablement le Klan, c’est que malgré toutes les tentatives présidentielles, non seulement le système de plantation a repris sous une forme quasi-identique, mais en plus la lutte des sudistes a triomphé: les noirs ne votent plus ! Cependant, voyant mourir le KKK à petit feu, bon nombre d’anciens klaners commencent à créer d’autres organisations racistes plus marginales.

Malgré la courte existence du Klan et le contexte de sa disparition, ce regroupement raciste joua un rôle significatif dans la mentalité collective américaine. Il servit d’une part de tremplin à de nombreuses autres organisations du même type telles Les Chevaliers du Camélia blanc , Les Chevaliers du Soleil Levant , La Société de la Rose blanche , Les Chevaliers de la Croix Noire ou La Fraternité Blanche , etc., mais «l’activité du Klan a contribué à annihiler les effets de la Reconstruction» (Casalis et Dufourq, 1976: p. 139) repoussant à une date ultérieure l’intégration des noirs dans la société américaine.

Le logo de l’organisation rappelle les priorités du mouvement: il s’agit d’une croix de Saint-André (rappelant l’Angleterre, la mère patrie) aux couleurs inversées (donc croix blanche sur drapeau rouge plutôt que croix rouge sur drapeau blanc) et d’une goutte de sang référence à la «pureté» du sang et de la race des membres entourée de quatre «K» pour Knights of the Ku Klux Klan. Y est inscrit également en dessous le moto « God, Race and Nation », ce sur quoi reposent leurs actions.

1.2 Le second Klan

Après une mort prématurée, principalement en raison d’un certain mécontentement grandissant à l’égard des excès de violence du Klan et de la ségrégation qui réapparaît dans le Sud, il était bien évident que cette absence ne serait que provisoire. C’est en effet une quarantaine d’années plus tard que le second Klan fait son apparition.

Cependant, la nouvelle version n’a vraiment plus rien à voir avec l’ancienne. En fait, la seule chose qu’elles ont en commun est leur appellation.

Encore une fois, la résurrection du Ku Klux Klan fut l’ouvre d’un cumul de facteurs disparates qui allaient favoriser un mouvement réactionnaire peu commun à la veille du déclenchement du premier conflit mondial.

Bien que cette nouvelle super-puissance désirait demeurer dans l’isolationnisme qui lui était propre, cela devenait plus difficile car le monde avait désormais conscience de la puissance des États-Unis et enviait le mode de vie américain. Jumelé à des politiques généreuses (don d’une terre à qui le voulait), ceci provoqua une immigration massive qu’aucun autre pays n’a connue.

En guise d’illustration, on estime à quatre millions et demi le nombre d’immigrants qui fouleront le sol américain entre 1911 et 1915 (Portes, 1991: p.171). Ces vagues successives d’immigrants seront principalement constituées d’européens catholiques irlandais, polonais et italiens. Cette population qui s’installera principalement dans les villes chamboulera la vie des américains à plusieurs niveaux.

Alors déferle un sentiment d’intolérance généralisée qui affecte tout ce qui n’est pas américain de souche.

Comme le souligne Boortin : «à un moment ou à un autre de l’histoire Américaine, toutes les populations non anglaises ont été plus ou moins victimes de cette tendance qu’ont eu les américains issus de Grande-Bretagne de se considérer comme les représentants d’une civilisation supérieure» (Boortin, 1981: p.528).

Voyant la «menace» arriver en grand nombre, les vieilles mentalités refont surface, ce qui entraîne l’élection successive de trois Présidents républicains (Harding, 1921-1925, Coolidge, 1925-1929 et Hoover, 1929-1933) qui réduisent tour-à-tour le flot d’immigration et instaurent des lois restrictives visant directement les immigrants (ainsi la prohibition votée en réaction aux Italiens et aux Irlandais qui buvaient dans les rues).

De manière générale, on prône le retour de l’américanisme (on parlait de l’ American Way of Life ) en protestant contre les croyances, les coutumes et les idéaux étrangers. À titre d’exemple : les villes de St-Louis (1917), Washington (1919), Chicago, New York, Omaha, etc., vivent de violentes émeutes raciales en réaction à la demande d’anciens soldats noirs de la Première Guerre mondiale de reconnaître leurs droits. De ces émeutes, plusieurs n’en sortiront pas vivants.

L’événement qui marquera la collectivité est la parution au cinéma en 1915 du premier film «moderne»: The Birth of a Nation de David Wark Griffith qui évoque la légitimité de la naissance du KKK au lendemain de la Guerre Civile américaine.

Ce film s’inspire de la trilogie de livres portant sur la Reconstruction écrite par Thomas Dixon et éditée en 1905, en particulier le premier ouvrage intitulé «The Clansman». Dans le film, on dépeint les noirs comme arrogants et agressifs ce qui pousse les blancs à s’unir pour se protéger contre cette violence. Griffith y glorifie le KKK. Ce film, outre ses qualités techniques aura un effet important sur les mentalités collectives et ravivera la flamme et le bien-fondé du Ku Klux Klan.

Un ancien prédicateur laïc, William J. Simmons, fils d’un membre du premier Klan, profite de cette prise de conscience pour ressusciter ce mouvement «à la sauce moderne» à Stone Mountain en Georgie, non loin d’Atlanta. Simmons reprend exactement les vocables magiques imaginés par les six membres fondateurs, ajoutant le poste de Sorcier Impérial qu’il se réserve. De plus, afin de gagner en popularité, Simmons veut rendre l’organisation légale, ce qu’il réussit à faire avec l’accord tacite des gouvernements. Cependant, la ferveur d’antan n’y est pas. C’est lorsqu’il fera appel à Edward Clarke et à Elizabeth Tyler, deux lobbyistes professionnels en relations publiques, que le mouvement prendra une ampleur inimaginable.

On évalue la popularité du second Ku Klux Klan à 100 000 membres en 1920 et à plus ou moins cinq millions en 1925 qui se répartissent principalement dans le sud, mais également dans le Midwest américain.

Chaque membre devait payer une accréditation de 10 $ (de cette somme, une partie allait au recruteur et le solde allait au responsable de la province). Cette expansion formidable est d’abord due à un bouche à oreille intense, une publicité dans les journaux, à des activités de porte-à-porte, mais également à ce retour à la conformité et à l’intolérance envers ce qui est non-conforme qui traverse le pays.

Un autre aspect qui peut motiver les masses concerne les nombreuses nouveautés instaurées par Simmons, telles l’invention du Kloran qui édicte les règles à suivre pour tous les rituels klaniques , mais surtout l’introduction de la croix enflammée.

Ce rituel, qui reste dans les mémoires collectives comme étant associé au Klan, visait à réveiller l’empire «de son sommeil d’un demi-siècle afin qu’il entreprenne une nouvelle tâche et assume une nouvelle mission pour le bien de l’humanité» (Robin, 1998: p. 15).

Cela aurait comme objectif de rappeler les Écossais qui allumaient des chandelles sur la côte afin d’avertir les bateaux du danger imminent, mais c’est surtout à titre intimidant qu’il agira. Somme toute, le mouvement de Ku Klux Klan ressemble étroitement aux différents mouvements fascistes qui font rage au même moment en Europe. Pour Morrison et Commager, «the most notorious chapter in the history of intolerance was written by the KKK» (Morisson et Commager, 1962: p. 661).

Cependant, contrairement à la version précédente du KKK, celle de Simmons se désigne comme fer de lance de la supériorité aryenne et en lutte contre tout ce qui n’est pas «américain», donc les catholiques, juifs, homosexuels, communistes, alcooliques, «femmes immorales», immigrants, noirs, etc.

En fait, le Ku Klux Klan s’en prend à tous ceux qui ne partagent pas ses idées et sa religion, et n’ont pas la «bonne» couleur de peau. C’est l’époque du fondamentalisme protestant qui rejette les apports de la science. Le Klan appuie également des élus ou groupes politiques s’opposant à la vente libre d’alcool, favorisant l’école publique et non paroissiale, et se dresse contre le pacifisme, pour le contrôle des naissances, contre l’internationalisation, contre le darwinisme, etc.

Malgré des critères d’admissibilité assez stricts (admission limitée aux hommes blancs de plus de 18 ans et ayant des racines américaines antérieures à la guerre d’indépendance), le Klan réussit à recruter, grâce à des stratégies de publicité éprouvées , bon nombre de gens en accord avec une ou plusieurs positions/valeurs énumérées plus haut. C’est surtout au sein de la population rurale ou dans les petites villes que le Klan recrute.

La «clientèle cible» du Klan est la petite bourgeoisie qui ne profite pas de la prospérité des années 20 et qui est attirée par un rituel plus ou moins magique et mystérieux favorisant des amitiés viriles teintées de sadisme. Le Klan leur apporte l’anonymat nécessaire pour qu’ils se libèrent de leurs peurs, angoisses et frustrations par la violence. Cette ouverture à plusieurs enjeux nationaux explique en grande partie la popularité du mouvement.

Moins radical que la première version du KKK, il fut toutefois plus rassembleur. À ce sujet, il a été prouvé que plusieurs personnalités publiques de l’époque ont été membres du KKK dont les Présidents Wilson, Harding, Coolidge, Hoover, Truman et même le «libéral» Roosevelt (Franklin).

Truman «courtise les voix des groupes d’influence et il va jusqu’à s’inscrire au Ku Klux Klan pour gagner son appui dans sa première bataille électorale». En d’autres mots, tout comme Roosevelt, Truman s’est inscrit au KKK plus par calcul politique que par idéologie puisqu’il quitte le mouvement rapidement après son élection parce que les origines (juive et catholique) de ses meilleurs amis sont en directe opposition avec le Klan. C’est donc dire à quel point le mouvement était important !

Cette intolérance massive aux États-Unis, principalement dirigée contre les noirs et les communistes favorise grandement le Klan qui peut reprendre tranquillement ses activités avec la complicité tacite du gouvernement.

Succédant à Simmons à la tête du Klan, le docteur Samuel Green est nommé nouveau Sorcier Impérial des chevaliers du Ku Klux Klan alors que Simmons se voit conférer le titre fraîchement inventé, d’Empereur.

Green doit faire face à de nombreux scandales tant financiers que juridiques (c’est durant son règne que le premier membre du Klan est reconnu coupable et emprisonné), et à la grande dépression qui portent un dur coup au recrutement. Voyant que cette situation ne se règle pas, Green délaisse le «trône» qui est repris par Hiram W. Evans .

Le nouveau Sorcier Impérial n’est d’aucun secours et les gens continuent à délaisser le Klan. Evans sera plus tard emprisonné pour le meurtre d’un jeune noir. Malgré les pétitions et les demandes de libération, il demeurera détenu plusieurs années. C’est un certain Stepenson qui prendra la relève, mais encore une fois, il sera reconnu coupable pour le meurtre d’un noir en Indiana et condamné à vingt-quatre ans de prison. Après sa mort, le Klan va disparaître.

Les actions entreprises par la deuxième version du KKK ne diffèrent guère de la première à l’exception de trois changements dignes de mention. D’abord, les enjeux étant plus «nationaux», les exactions ne sont donc pas uniquement faites contre les noirs.

Ensuite, le KKK profite de l’appui d’une bonne partie de la population américaine. Et finalement, fort de cinq millions de membres, le Klan a ses entrées un peu partout dans la société (assemblées législatives, exécutives, juridiques; politiciens; juges) ce qui rend sa tâche plus facile.

Sinon, les exactions coutumières continuaient de s’exercer contre les noirs (l’ennemi principal) par la terreur: brûler des croix de bois devant la maison des indésirables, marquer au fer rouge les lettres «KKK» sur le corps des noirs, les badigeonner de goudron bouillant puis les enduire de plumes.

Bien que personne ne le rapporte officiellement, il semble que le nombre de meurtres ait chuté drastiquement, est-ce un signe de l’édulcoration de la seconde version du Klan ? Un fait surprenant est à souligner : le Ku Klux Klan et le représentant de la National Association for the Advancement of Colored People (NAACP), l’extrémiste noir Marcus Garvey, se sont mis d’accord pour financer le retour des noirs en Afrique.

Bien que les historiens divergent sur la date d’arrêt des activités du second Klan (certains parlent de la fin des années vingt alors que d’autres vont jusqu’aux années quarante), plusieurs raisons peuvent expliquer la disparition de la seconde version du Klan.

De façon générale, cette chute précipitée serait due à deux éléments principaux. Les tensions internes furent le premier facteur qui poussa à la disparition du Klan. À ce sujet, d’abord certaines exactions ont tôt fait de perdre l’appui de l’opinion publique et, indirectement, celui des klansmen «mous» (ceux qui y demeuraient uniquement par solidarité envers des amis, sans en endosser nécessairement les valeurs), mais de plus, la structure indéfinie du Klan qui poussait des individus à s’auto-proclamer Grand Dragon de telle ou telle Kaverne rendit le mouvement un peu ridicule.

L’enrichissement des leaders fut également un point critiqué. Enfin, l’entrée en guerre des États-Unis aux côtés des forces de la coalition fragmenta les croyances de plusieurs. Très favorables aux méthodes employées par les nazis, ceux-ci étaient désormais les ennemis de la nation et pire, ils avaient créé une alliance avec des «jaunes» (les Japonais) ! Il est faux de croire que la guerre contre un ennemi commun a rapproché les blancs et les noirs puisque même au combat, les officiers noirs ne pouvaient accéder aux Mess des officiers blancs, ni même donner un ordre à des blancs.

Des pressions externes seront également mises de l’avant par les historiens pour expliquer la disparition du mouvement. D’abord, la résistance des noirs, de plusieurs journalistes et de l’opinion publique, de plus en plus sensibles aux exactions (commises par certains extrémistes à l’égard des minorités), favorisera un combat idéologique intense contre l’organisation.

C’est désormais l’heure du libéralisme, de la tolérance et de la justice aux États-Unis. Dans la même veine, les politiciens et pasteurs qui soutenaient l’organisation, devant ce changement de cap, ont tôt fait de se détourner du Klan et d’emboîter le pas à la croisade anti-Klan. Par ses frasques, le Klan a terni la réputation de la politique si bien que la majorité prend ses distances. Même dans le Sud, le Klan commence à être contesté parce que ses attaques n’ont plus tellement de fondement et on se rend compte que ses actions n’ont presque plus d’impact.

Pour enfoncer le clou, en 1944, le Klan qui est désormais une organisation légale selon les désirs de Simmons se fait réclamer par le service des contributions directes 685 000 $ de comptes impayés depuis 1920. Ne possédant pas cette somme, le Klan décide de se dissoudre de nouveau. Cette nouvelle donne brouilla les cartes et mit un terme quasi-définitif à l’âge d’or du Ku Klux Klan puisque jamais, il ne retrouvera la gloire des années vingt. En effet, alors que l’on compte encore 9 000 adhérents en 1930, leur nombre baisse considérablement par la suite.

Avant la deuxième guerre mondiale, le Klan n’est plus qu’un groupe d’amis faisant les manchettes des faits divers.

En résumé, le déclin du Klan est attribuable essentiellement à des scandales financiers et à la résistance de nombreux groupes de pression. En regard de ce déclin, Kaspi souligne que «le Klan décline, non pas parce que sa défense de l’américanisme semble creuse et dangereuse, mais parce qu’il s’apparente à un business exagérément prospère et malhonnêtement géré» (Kaspi, 1998: p. 283).

1.3 Les résurgences du Klan

Comme il en a été question plus tôt, le IKA (Imperial Klan of America) répertorie six versions du Klan depuis sa fondation. Nous venons de voir les deux premières. Mais selon le IKA, la troisième version s’étendrait de la fin des années vingt jusqu’au milieu des années trente (avec Samuel Green à sa tête), alors que la quatrième se prolongerait jusqu’à la fin de la guerre (sous l’égide de Hiram Evans).

Les historiens ne faisant pas cette distinction, c’est donc dire que ce texte a déjà couvert les troisième et quatrième périodes. Les années d’après-guerre ne seront guère plus reposantes pour le Klan.

En 1947 et ce, malgré la faible popularité du Klan, le Président américain Harry Truman (ex-membre) fait dresser une liste d’organisations fascistes, totalitaires et communistes subversives à mieux encadrer et contrôler. Le nom du Ku Klux Klan y sera apposé au milieu des années cinquante parmi bien d’autres groupes (c’est l’époque du maccarthisme). C’est également durant cette époque que le Klan redirige sa rage contre les communistes qu’il veut chasser du sol américain.

Bien que très politisée, cette version du Klan était très mal organisée favorisant les dérapages de violence. Les années cinquante sont également reliées au courant qui va causer la fin de la ségrégation raciale aux États-Unis. La déségrégation raciale et l’avènement des droits civiques aux noirs serviront de canalisateur et de catalyseur au Klan.

Les discours mobilisateurs de Martin Luther King, mais surtout l’invalidation de la ségrégation (en 1954) et la déségrégation dans les écoles (en 1955) pousseront Eldon Edwards à faire renaître le Klan.

Comme le rappelle Chalmers: «It was the Supreme Court decision against public school segregation on May 17, 1954 , that gave the Invisible Empire a new impetus and the environment for action. Most of the South was outraged of this decision and the Klan saw its opportunity. New members joined and the thirst for blood was great»« C’est la décision de la Cour suprême contre la ségrégation dans les écoles publiques, le 17 mai 1954, qui a donné à l’Empire invisible un nouvel élan et l’environnement nécessaire pour agir. La plupart des pays du Sud ont été scandalisés par cette décision et le Klan a saisi l’occasion qui s’offrait à lui. De nouveaux membres se sont joints et la soif de sang était grande ». – (Chalmers, 1988: p. 343).

Edwards, ouvrier sur une ligne de montage, est un partisan de la ligne dure. Selon sa philosophie, il faut s’inspirer du Klan original et prendre les armes. Afin de promouvoir son «programme», il conviera plus de trois mille personnes à Stone Mountain (Géorgie), là même où Simmons avait parlé, une cinquantaine d’années plus tôt. Edwards, qui mourra en 1960, a tout de même réussi à porter à quinze mille le nombre de klaners. Il sera remplacé par d’autres chefs encore plus charismatiques comme Robert William. Cette méthode ralliera moins de membres, mais ceux-ci seront d’une violence inouïe quoique toujours incomparable à celle de 1865.

De 1956 à 1966, Tucker rapporte plus de mille cas d’attaques racistes (le KKK fait exploser 70 bombes en Géorgie et en Alabama et 30 dans le Mississippi) (Tucker, 1991: p. 187). À peine «naissant», le Klan livre des déclarations spectaculaires mais sans réel impact, ainsi, le boycott des autobus de Montgomery (Alabama) en 1956. La déségrégation dans les écoles et la promulgation des droits civiques relancent le Klan qui ont des appuis locaux principalement dans les États du Sud (shérifs, politique municipale, magistrature, etc.). Ces États sudistes n’aident pas directement le Klan, mais instaurent en toute connaissance de cause un climat de résistance aux jugements de la Cour Suprême selon cette vieille mentalité de protection de la race. Cette nouvelle orientation amène pourtant plusieurs personnes à se joindre au Klan puisqu’en 1965, on compte entre trente-cinq et cinquante mille membres.

Pendant la fin des années cinquante et le début des années soixante, on dénombre plusieurs noirs assassinés, blessés, attaqués ou battus et des maisons et des églises brûlées, détruites et victimes d’attaques au fusil. La pose de bombes est monnaie courante.

À cette époque, le Ku Klux Klan cible principalement les noirs et les juifs, mais également les «traîtres», c’est-à-dire les blancs favorables aux noirs.

Tucker explique que «this new one-track, paranoid-racist became the terrorist guerrilla wing of the South’s massive resistance to a new age of civil rights for blacks»« cette nouvelle paranoïa raciste à une voie est devenu la guérilla terroriste de la résistance massive du Sud à une nouvelle ère de droits civils pour les Noirs » -(Tucker, 1991: p. 185).

Comme je l’ai mentionné plus tôt, les membres du Klan bénéficiaient d’une certaine sympathie de la part des autorités locales. Le meurtre étant un crime d’État, les cours de justice étatiques, qui devaient juger les agressions contre les noirs et les jurys, très souvent composés uniquement de blancs, hésitent à punir trop sévèrement des blancs.

À plusieurs occasions, des membres clairement associés au Ku Klux Klan sont déclarés non-coupables à la suite de meurtres ou de tentatives de meurtre. Citons le cas d’un attentat dans une église en Alabama qui tua quatre fillettes noires et se solda par la libération des accusés qui ont pourtant applaudi le crime en pleine salle d’audience.

Le vent tourne en 1964 avec l’événement qui a contribué à la production du film hollywoodien «Mississippi’s burning» qui relate l’histoire de l’assassinat de trois promoteurs des droits civiques (un noir et deux blancs). Dans ce cas, craignant de voir encore une fois les accusés s’en sortir, le gouvernement fédéral décide d’accuser les suspects sous des motifs fédéraux ce qui conduit à l’emprisonnement des accusés et du shérif local portant un coup dur au Klan.

Ainsi, à mesure que le courant pour les droits civiques prend de l’ampleur, la popularité du Klan baisse tranquillement, n’ayant plus vraiment de raison d’être. Face à tout cela, l’opinion publique commence à réagir et en 1966, alors que le Ku Klux Klan compte encore près de 60 000 membres, il est à nouveau déclaré illégal. Les mentalités évoluaient et les gens, du Nord et du Sud, commençaient à en avoir assez des violences et de la récupération arbitraire de causes socio-politiques, d’où la disparition progressive du Klan pour une autre hibernation.

Après plusieurs tentatives de reprise, ce n’est qu’au cours des années soixante-dix que le Klan reprend forme.

Ce que les principaux concernés considèrent comme la cinquième ère du Klan débute avec David Duke comme Grand Sorcier du mouvement Knights of the Ku Klux Klan.

Duke, raciste convaincu, désire rendre le Klan plus médiatisé et «médiatisable». Pour ce faire, il troque la toge pour le veston-cravate c’est plus politiquement correct. Ce style ne fait pas l’unanimité et le mouvement perd des membres. Cependant, la visibilité que lui procure les médias lui amène de nouveaux membres. Les «années Duke» furent principalement marquées par l’acharnement du gouvernement à faire cesser tout acte raciste sur le territoire, comme en témoigne la mise sur pied du « Klanwatch project » dont la mission est d’épier les faits et gestes du Klan pour les rapporter ensuite aux autorités.

Le Klan connaît une fulgurante montée en puissance qui va ensuite se poursuivre par une nouvelle diminution tout aussi drastique du nombre de klaners . Si l’on regarde l’évolution du Klan au cours des années, on se rend bien compte qu’il fluctue de manière irrégulière en fonction du charisme des chefs, mais surtout en fonction de l’actualité. Cette vague fluctue en fonction du climat social et juridique des États-Unis.

Alors que l’on comptait 42 000 membres en 1965, le nombre baisse à 1 500 en 1974 pour ensuite remonter à 10 000 en 1978 et 11 000 en 1981. En 1984, le département de la Justice américain édicte une loi qui rend responsable le Ku Klux Klan pour toutes les infractions commises par ses membres. Cette loi fut dévastatrice pour l’aile guerrière du Klan, non seulement le Klan fut systématiquement trouvé coupable dans les cas d’attaques, mais en plus, les familles des victimes purent poursuivre le Klan au civil (sept millions de dollars versés en une seule cause). Cette mesure fit chuter la popularité du Klan puisqu’en 1988, il ne comptait plus que 5 000 membres officiels (Tucker, 1991: p. 185).

C’est justement en 1988 que Duke délaissera le Klan pour la politique active en se faisant élire député Républicain en Louisiane.

En 1990, tout ce qu’il reste, c’est «the nucleus of a paranoid fringe of American society, self-destructing through the crime and violence of its own rank-and-file» – « le noyau d’une frange paranoïaque de la société américaine, qui s’autodétruit par le crime et la violence de sa propre base »(Tucker, 1991: p. 194).

On a dénombré pas moins de trois mille attentats, menaces ou meurtres entre 1980 et 1986. Son implantation est limitée à quelques régions des États du Sud, si bien qu’il ne menace pas l’ordre social aux États-Unis. Il bénéficie néanmoins de gros moyens financiers qui lui permettent d’acheter de l’armement sophistiqué. Selon Tucker, onze pour cent de la population américaine totale se reconnaît dans ces idéaux racistes.

C’est donc dans ce contexte que disparaît officiellement le Klan jusqu’en 1996. Bien évidemment, il ne disparaît pas complètement du pays, pas plus qu’aux autres périodes creuses, d’ailleurs. Le Klan a toujours survécu contre vents et marées puisqu’un bastion demeure toujours présent dans le Sud, mais disons simplement que les membres ne sont pas toujours au rendez-vous.

Ce qu’il faut retenir des activités du Klan durant les années soixante-dix et quatre-vingt c’est que le Ku Klux Klan (ou plutôt son appellation moderne « United Klan of America »), sert en quelque sorte de parapluie pour de nombreuses organisations racistes.

En effet, il existe plus d’une centaine de factions toujours actives aux États-Unis, réparties dans divers états ou répondant à des doctrines particulières. De plus, étonnamment, à mesure que le temps passe et que la surveillance du Klan s’intensifie, une aile guerrière extrêmement violente se forme. Celle-ci entretient des liens étroits avec des militaires et des marchands d’armes qui lui donnent une grande aptitude au combat.

1.4 Situation contemporaine

C’est en 1996 que le Klan entame sa sixième phase, sous l’égide de Ronald Edwards qui revendique le titre de Sorcier Impérial de l’IKA (Imperial Klans of America). L’IKA se veut un Klan traditionnel tourné vers le 21 e siècle. Cette organisation regroupe une trentaine de realms (états membres). Il s’agit de la plus grande organisation du Klan aux États-Unis de nos jours et elle regroupe également des membres au Canada, en Europe, en Australie et en Afrique du Sud. Il s’agit d’une organisation privée chrétienne qui milite en faveur du Président américain et contre le recours à la violence (officiellement du moins). On la retrouve essentiellement dans les petites villes américaines.

Bien qu’il dispose d’une adresse fixe (au Kentucky), d’une ligne d’écoute vingt-quatre heures par jour (hotline) et d’un site internet, le groupe demeure très secret. Il compterait quinze mille membres à ce jour et serait organisé en groupuscules paramilitaires.

Synonyme d’un passé entaché, la cagoule a été rangée au profit d’armes perfectionnées. Les membres s’entraînent dans des camps militaires et préparent des attentats. Leur doctrine stipule grosso modo que la race blanche est supérieure à toutes les autres. Ils continuent évidemment à terroriser leurs cibles de prédilection (juifs et noirs), mais s’en prennent désormais à Hollywood et à leur propre gouvernement qu’ils accusent de favoriser les noirs et les juifs.

Sur leur site web, l’IKA se définit comme un regroupement d’hommes (et de femmes) chrétiens et blancs qui se réunissent parce qu’ils ont une croyance commune en la pureté de la race et la défense de la civilisation occidentale.

Ils s’affirment comme le plus vaste et le plus vieux (et donc le plus professionnel) des groupes d’extrême droite dans le monde. Très politiquement correct (on ne retrouve aucun terme disgracieux comme «nègre»), on se rend vite compte que cela n’a plus rien à voir avec la version originale.

Le site réserve également une place à l’agenda politique du Klan:

  • 1- l’Amérique est la priorité (retirer toute aide financière aux autres pays, se concentrer sur l’Amérique),
  • 2- pour le testage des bénéficiaires d’aide sociale aux drogues (s’ils ont assez d’argent pour la drogue, ils en ont assez pour vivre),
  • 3- l’Amérique aux Américains (les grandes entreprises ne devraient pas appartenir aux étrangers),
  • 4- abandonner la discrimination positive (les avantages doivent aller à ceux qui le méritent),
  • 5- protéger les emplois américains (stopper le déménagement des entreprises dans des pays du tiers monde pour payer les travailleurs moins cher),
  • 6- fermer les frontières (si les États-Unis placent des milliers et de soldats aux frontières de la Corée et de l’Arabie Saoudite, pourquoi ne pas le faire ici?) et
  • 7- interdire l’homosexualité et les mariages interraciaux (depuis l’abolition des lois anti-sodomie, le SIDA fait rage).

Finalement, le site internet du Klan tente de rectifier des croyances populaires largement répandues. Selon eux, le Klan ne serait pas contre les noirs, il prétend uniquement que la race blanche est supérieure aux autres. De plus, les catholiques ne font plus partie des cibles du Klan. Finalement, il serait faux de croire que toute personne désireuse de se joindre au Klan doit enfreindre la loi en commettant un crime contre un noir. Cela serait en fait une fausse croyance répandue pour limiter le nombre d’adhésions au Klan.

Même si cela semble bien respectueux, il apparaît évident que le Klan s’est transformé en une organisation secrète contrôlée par des lois et des codes stricts. Leur site apparaît le plus neutre possible pour éviter des embûches. La grande majorité des activités entreprises par le Klan moderne concerne des rassemblements, des protestations, les marches, etc. La religion est toujours très présente au sein du Klan et ceci est prouvé par le nombre de sections dirigées par des pasteurs ou des révérends.

Afin de justifier leur présence, ils s’inspirent du haut taux de crime de la population noire et de tous les problèmes de la société d’aujourd’hui. Tournant le dos à leurs anciennes coutumes, ils condamnent désormais les croix enflammées (qu’ils jugent raciste !?!).

Le Klan a tout de même gardé certaines traditions ancestrales et certaines idées, mais il s’est très bien adapté au monde d’aujourd’hui en emboîtant le pas au mouvement «politiquement correct» afin d’éveiller moins de soupçons. Il n’en demeure pas moins que le Klan passe très rarement à l’acte car on ne lui attribue guère de crimes. Il semble adopter une approche plus pacifique que précédemment. De nos jours, il existe une multitude de regroupements s’apparentant de près ou de loin au Ku Klux Klan. Bien que les principales racines soient dans le Sud, on en trouve plusieurs dans le Midwest et l’ouest.

LA « NATION ARYENNE» S’INTERNATIONALISE SUR LE NET ET S’INFILTRE DANS DES ORGANISATIONS PLUS « CONVENABLES »

Après la seconde guerre mondiale, le KKK est devenu un défenseur de la race Aryenne prônée par Adolf Hitler sans savoir que les nazis reprenaient une appellation pour bâtir une entreprise idéologique et raciste à partir d’hypothèses.

La première avait été avancée par le comte Joseph Arthur de Gobineau qui théorisait qu’un peuple dit Aryens aurait constitué une race présumée biologiquement pure ayant vécu en Asie. Une autre hypothèse, formulée par Ludwig Geiger en 1871 et par Karl Penka entre 1883 et 1891, situait l’origine de ce peuple en Allemagne. En fait, six millions de juifs auraient été exterminés sur des hypothèses ?

Le Klu Klux Klan n’était pas un gang, mais une organisation politique secrète qui s’est largement étendue aujourd’hui

Celui qui pense aujourd’hui que le KKK est mort, se trompe énormément, cette lettre K est un symbole très fort de cette élite fasciste/nazi à l’origine de tous les mensonges et de toutes les manipulations.

Au XXIe siècle, elle est aussi et surtout une nébuleuse d’organisations plus ou moins légales ou clandestines.  Le lien avec ce qui est appelé le Nouvel Ordre Mondial et la Théorie du complot est indéniable. Il existe un mouvement qui tue la recherche de la vérité, et leur façon d’opérer est l’infiltration.

La théorie du complot qui a largement investi les groupes de « chercheurs de vérité », ainsi que le courant « new âge », agit tout simplement en instillant un mouvement de peur et une propension à la haine, qui vont à l’opposé du mouvement de divulgation et de la demande de vérité…

Il existe une tendance à systématiquement dévoiler une partie de la vérité et l’orienter vers la signalisation d’un éventuel coupable…

Un complot démantelé

La théorie du Nouvel Ordre Mondial (et des Illuminati) se répand depuis déjà plusieurs années sur le net.

Tous les sites, bien que s’adressant à des cibles de sensibilité différente, présentent les mêmes caractéristiques : un style calomnieux visant à la diabolisation systématique de responsables (les juifs, le capital, l’Etat, les communistes, les francs-maçons, le Vatican et bien d’autres groupes identifiés au gré des besoins…), et de leurs « complices » ( l’élite, les intellectuels, les chercheurs, les journalistes et les associations/ONG…).

Tous offrent une lecture exclusivement conspirationniste de l’histoire qui ne serait qu’une succession de complots imbriqués les uns dans les autres, opérés par un gouvernement caché.

Le grand complot est donc la pierre angulaire de l’édifice, avec une exploitation à outrance du concept de « Vérité » et le recours à une terminologie commune, presque sectaire.

Autre leitmotiv récurrent : la description d’un monde exclusivement fait de manipulateurs et de corrompus, dans lequel tout est mauvais et mensonger. Les sites en cause ne font que relater des séries de catastrophes, d’attentats, de complots et de faits tels que les contaminations par virus, les maladies, la destruction de la planète, ou encore la pédophilie.

Le but n’est pas tant d’inciter les personnes à se mobiliser dans la société civile pour imaginer des solutions alternatives ou exiger des réformes, mais plutôt de les désinvestir, les désunir et les inhiber en instaurant un décorum ultra angoissant, digne de l’univers orwelien.

On notera aussi, notamment à l’écoute de Dieudonné et de Soral, une nette propension paranoïaque à s’ériger en victimes d’un « système totalitaire » qui, pourtant, ne les a pas encore fait incarcérer, ni torturer, ni disparaître. Il s’agit bien sûr d’amenuiser la réalité des vraies dictatures passées et actuelles, en présentant les démocraties libérales (aussi imparfaites qu’elles soient) comme des dictatures et les régimes autoritaires de Poutine, iranien, nord-coréen ou syrien, pour de la résistance.

Les théoriciens

Aux Etats-Unis, par exemple, des sites comme Infowar, ou Three world war, surfent sur la vague 11 septembre, CIA et sionisme, en faisant une exploitation systématique des conflits dans le monde qui ne seraient que le fruit de complots organisés par un super-gouvernement, avec la complicité de l’Establishment américain, des sionistes et du grand capital. Les thématiques sont actuelles, branchées et greenwashées (nombreuses références à la nature, l’environnement et la santé).

S’agissant des personnalités notoires se faisant les porte-paroles de la théorie, on retrouve Alex Jones et Glenn Lee Beck (polémistes Fox News proches de la John Birch Society), des essayistes comme Edward Griffin, mais aussi des paléo-conservateurs ou libertariens représentés au sein du mouvement Tea Party comme Ron et Rand Paul, Pat Buchanan, ainsi que des membres de la John Birch Society (William F. Jasper, notamment). Les liens entre le mouvement Tea Party et la John Birch Society sont d’ailleurs connus. Sans oublier Benjamin Fullford qui, chaque mois, honore la presse alternative de ses « secrets fumeux » aux couleurs antisémites.

Il convient de préciser que la John Birch Society (JBS), dont les idées sont souvent rapprochées de celles du Ku Klux Klan, fait depuis très longtemps partie du paysage de l’extrême-droite américaine, celle-ci étant notamment à l’origine de la chasse aux sorcières contre les communistes, durant la guerre froide.

Rappelons également que cette organisation qui se définit comme anti-communiste, est à l’origine de la vaste campagne menée dans les années 60 en défaveur du Civil Right Act (loi fondamentale protégeant le droit des minorités et les libertés civiles), au prétexte que la loi de l’Etat fédéral était une conspiration communiste, voire judéo-maçonnique, via l’ONU.

C’est également au sein de cette organisation, que le complot du nouvel ordre mondial a été colporté, dès la fin des années 50, mais également celui de l’industrie pharmaceutique qui œuvrerait, en plus de toutes les dérives qui l’on peut légitimement soulever, pour le Nouvel Ordre Mondial.

Sur ce dernier point, on peut rappeler le scandale de la Laétrile (vitamine B17), une substance toxique présentée comme un médicament pour le cancer par des membres de la JBS et interdite par le gouvernement américain.

C’est à partir de ces faits, dans les années 60, que les ragots sur le grand complot de l’industrie pharmaceutique ont commencé à être colportés, l’interdiction liée à la Laétrile profitant à l’industrie pharmaceutique, selon la JBS.

Aujourd’hui, les paléo-conservateurs et libertariens du Tea Party et de la JBS axent leur théorie sur le 11 septembre. Ils militent pour la réouverture de l’enquête et contestent la version officielle en s’appuyant sur les failles contenues dans les différents rapports de l’administration. Ils rejettent également les lois sécuritaires qui ont succédé aux attentats du 11 septembre, lesquelles seraient, selon certains, l’enjeu-même du complot, outre l’invasion programmée du Moyen-Orient…

Au regard du désastre lié à la gestion des attentats par l’administration Bush et des interventions militaires en Afghanistan, puis en Irak, ayant donné lieu à de nombreuses atteintes et dérives sécuritaires sur le plan des libertés civiles, ils passeraient presque pour des héros. Presque ! Le réel motif qui conduit les birchers et membres du Tea Party à dénoncer les lois sécuritaires en évoquant le nouvel ordre mondial, n’est pas la défense des libertés.

Ces lois émanent d’un gouvernement fédéral qu’ils haïssent depuis des générations, depuis l’indépendance des Etats-Unis marquée par les débats opposant Jefferson et Hamilton sur le fédéralisme, depuis la création de la banque fédérale américaine et de l’impôt. Un gouvernement qui, dans la conception hamiltonienne, protège la population des tyrans et les empêche d’être souverains dans leurs fiefs. C’est la raison pour laquelle les ultras conservateurs que l’on retrouve au sein du Tea Party et de la JBS ont toujours critiqué le collectivisme, l’étatisme et le supranationalisme en militant pour un non-interventionnisme politique et une déréglementation économique. Ils prônent d’ailleurs un néo-darwinisme social total.

Le but des birchers, paléo-conservateurs et libertariens est de porter atteinte à l’idée-même d’un Etat fédéral et d’une structure supranationale comme l’ONU par tous les moyens, c’est-à-dire par le biais du jeu démocratique, au sein de partis politiques, mais également via la désinformation, la diabolisation de leurs « ennemis » et la théorie du grand complot, relayées sur leurs sites de propagande.

En France, la situation n’est guère plus reluisante.

La théorie est colportée sur les sites du Collectif de la contre-révolution et de Démocratie royale, dont la ligne éditoriale est clairement orientée droite radicale catholique et contre-révolutionnaire. Il s’agit de l’extrême-droite traditionnelle française, celle des ultras de la Restauration, qui est à l’origine de la diffusion de la thèse Illuminati, dès le XVIIIème siècle (Mémoires pour servir à l’histoire du Jacobinisme, Augustin Barruel).

D’autres organisations comme Egalités et réconciliation, Riposte Laïque, le site du Parti Anti Sioniste (PAS), Le citoyen engagé, Le réseau Voltaire, etc., dénoncent, à l’instar de la version américaine, le grand complot du Nouvel Ordre Mondial à travers le 11 septembre, le sionisme et les conflits dans le monde.

Derrière ces sites, on retrouve notamment Chantal Dupille allias Eva et ses blogs (proche UPR), Kemis Seba et Dieudonné (proches du FN, législatives 2012 sur la liste « antisioniste »), Alain Soral (proche du FN, créateur d’Egalité et Réconciliation, législatives 2012 sur la liste « antisioniste »), Salim Laïbi (se définissant comme « le libre-penseur », législatives de 2012 sous le nom LLP), Thierry Meyssan (proche d’anciens du GUD, des milieux chiites radicaux, ami de Soral et de Dieudonné), Pierre Hillard (royaliste et révisionniste).

Leurs pamphlets sont ensuite relayés sur les blogs et sites d’Alter Info, Atlantico, Agora vox, Le grand soir, Kontre Kulture, etc. D’autres personnalités de la complot-sphère comme Frédéric Chatillon (proche FN) éditent également des sites de propagande du régime syrien tels qu’InfoSyrie.

L’idéologie

La clé de voûte de toute idéologie fasciste que l’on retrouve dans la théorie du grand complot (notamment à travers son aspect naturaliste et anti-modernité) est le conservatisme et la perpétration des valeurs traditionalistes.

C’est pour cela que bon nombre de courants et régimes fascistes se sont appuyés (et s’appuient encore) sur le dogme clérical, lequel favorise le bon ordre et la soumission auprès d’une autorité apparaissant comme légitime.

La famille au sens patriarcal également. Les valeurs traditionalistes sont transmises par la femme qui joue un rôle « spécial » dans la reproduction du schéma autoritaire. Le thème de la femme est donc très présent dans toute idéologie fasciste.

Les dernières manifestations de haine concernant le mariage pour tous en sont l’une des représentations, les manifestants dénonçant une atteinte à la famille « naturelle » et « légitime » reposant sur le concept de la femme mariée, hétéro, dévouée à sa famille et à sa communauté.

Le mariage pour tous a d’ailleurs fait l’objet de virulentes critiques sur tous les sites prônant la théorie du Nouvel Ordre Mondial. Dieudonné a même parlé de complot sioniste…

Leur conservatisme conduit également les idéologues à viser le Vatican comme faisant partie du grand complot mondial. L’explication est très simple, certains chrétiens n’ont jamais accepté Vatican II qui est, pour eux, une tentative de destruction de l’Eglise, une atteinte aux valeurs chrétiennes et à la loi naturelle. Les ultra-catholiques s’attaquent ainsi aux branches les plus « modérées » de l’Eglise romaine, dont l’Opus Dei qui a le défaut de respecter, d’une certaine manière, le jeu démocratique en exerçant son lobbying auprès de l’élite économique et politique.

Le grand complot du Vatican pour le Nouvel Ordre Mondial est également mis en avant sur nombreux sites arabes teintés d’extrémisme religieux.

Le complot est également la pierre angulaire du fascisme : celui de l’Etat et du capital contre des citoyens abandonnés par une élite corrompue qui ne les protège pas parce qu’elle se fiche de l’intérêt général.

On peut édulcorer la chansonnette en impliquant, en plus, des minorités ethniques, religieuses et sexuelles ou des acteurs de la société civile. Tous les régimes fascistes, qu’il s’agisse des fascismes européens, du nazisme, du stalinisme, des dictatures en Asie, en Amérique latine, en Afrique mais aussi au Moyen-Orient, se sont servis du complot pour assoir leur pouvoir et, ensuite, priver les peuples de leurs libertés fondamentales (liberté d’aller et venir, liberté d’expression, liberté d’association, pluralisme politique…).

Tous, sans aucune exception. Même des régimes qui ne sont pas des dictatures ont également eu recours au complot pour imposer des lois liberticides : G.W. Bush avait, par exemple, multiplié les amalgames pour dénoncer une conspiration des musulmans contre les démocraties libérales, ce qui lui a permis d’obtenir nombreuses prérogatives auprès du Congrès.

On se souviendra d’ailleurs de sa vision « axe du bien vs/ axe du mal », lecture manichéenne du monde propre à la pensée fasciste, qui, en s’appuyant sur le complot, permet de cultiver la paranoïa et, ainsi, de préparer les gens à une forme d’autoritarisme, une vérité unique dictée par un « sauveur ».

Autre aspect commun à toute idéologie fasciste, lié au complot : La manipulation des masses, notamment par l’entretien de leur paranoïa.

Qu’il s’agisse d’une secte religieuse, d’un courant politique ou d’un régime d’Etat, le fascisme reprend toujours le même processus nihiliste: cultiver l’angoisse des gens et les culpabiliser dans le but de les inhiber et de permettre ainsi au discours autoritaire d’exercer une emprise sur leur pensée : si tu ne penses pas « juste », si tu t’affranchis de ma « vérité » en allant à l’encontre de l’ordre « naturel », celui voulu par l’autorité « légitime », ce sera la fin.

On retrouve le même mécanisme dans la généalogie de la morale de Nietzche mais aussi dans la conception freudienne de la névrose : un surmoi trop autoritaire qui annihile les pulsions de vie à coup d’angoisse et de culpabilité, un surmoi tyrannique qui inhibe et fait refouler. Il y a donc une dimension psychologique, voir anthropologique, dans la pensée fasciste : un désir de conservation (conservatisme ?), un désir de contrôle à travers des règles rigoureuses pour palier une angoisse ancestrale.

Ce phénomène est également présent dans la théorie du Nouvel Ordre Mondial, les sites qui la diffusent ne font d’ailleurs qu’énumérer des séries de catastrophes à coups de titres racoleurs et de vocabulaire alarmiste. Nombreux sites surfent également sur l’apocalypse/fin du monde/destruction de la planète et de l’homme (angoisse de punition et du néant).

En outre, les manipulateurs ont souvent pour habitude de mêler le vrai dans le faux pour convaincre leurs proies.

En parcourant les sites anti-Nouvel Ordre Mondial, on se rend compte que les idéologues de la théorie maîtrisent parfaitement cette technique : les complots des démocraties libérales pendant la guerre froide, les dérives des gouvernements en matière sécuritaire, les stratégies militaires secrètes, toujours présentés comme un « scoop » sur les sites en cause (on a parfois envie de rire), servent à attester et rendre véridique l’histoire du grand complot relatée en toile de fond.

L’idée qu’il s’agit d’une manipulation prend tout son sens lorsque l’on constate que les lecteurs sont noyés dans un raz-de-marée d’informations techniques et que, si des « responsables » sont identifiés, au jour le jour, au gré des humeurs, l’ennemi (le gouvernement invisible) ne l’est jamais… et pour cause!

Il s’agit de perdre sa proie dans un dédale intellectuel et, ainsi, de prendre l’ascendant en ayant toujours raison.

Pour finir, les partisans de la théorie du grand complot ont tendance à croire qu’ils sont les seuls à se préoccuper des complots et que dans le fond, c’est ce qui dérange leurs opposants. Pourtant, quotidiennement, des scandales, des secrets sont dévoilés grâce, notamment, à des journalistes, universitaires, associations/ONG qui exercent leur activité tant bien que mal, en s’appuyant sur une méthode sérieuse et intellectuellement rigoureuse.

Bien que ces travaux et recherches soient exploités par les théoriciens du grand complot pour les besoins de leur idéologie, les journalistes, universitaires et ONG sont sans cesse apparentés à des menteurs corrompus sur les sites « alter » de la droite radicale, comme si le corps universitaire, journalistique ou associatif formait un tout homogène et indivisible.

Outre cette fâcheuse tendance à envisager les entités et groupes humains de façon globale, en mettant toute le monde dans le même panier sans aucune nuance, sans tenir compte du fait que toute structure est composée de forces antagonistes, on retrouve un autre point central de l’idéologie fasciste : le dénigrement permanent des intellectuels et des militants, ce qui témoigne d’un rejet du pluralisme et, donc, des valeurs démocratiques. Ceux-ci contribuent, en effet, au bon fonctionnement du jeu démocratique (tout aussi imparfait mais perfectible qu’il soit) et garantissent un certain pluralisme des idées.

Or, les idéologues du grand complot s’accordent tous sur le rejet du vivre ensemble.

L’aversion historique des fascistes pour la franc-maçonnerie ne surprend donc pas, étant donnée sa fonction de laboratoire d’idées et sa contribution dans l’édification des principes démocratiques et des grandes lois républicaines (liberté de la presse, laïcité, droit de vote des femmes, droit à l’avortement, abolition de la peine de mort…).

Les francs-maçons, mais aussi les intellectuels, chercheurs et ONG ont en commun de tenter, à tort ou à raison, parfois en commettant des erreurs, mais toujours sur la base de la science, des connaissances et du débat d’idées, d’apporter des améliorations dans une société plurielle.

Ces différents aspects que l’on retrouve dans la théorie du Nouvel Ordre Mondial, et qui sont propres à l’idéologie fasciste, permettent de faire le lien entre un besoin d’autoritarisme, un conservatisme rigide et, son corollaire, un rejet du pluralisme.

Ces mécanismes anciens, inscrits dans la pensée, ont permis à des régimes autoritaires de prospérer avec la collaboration de leurs citoyens…


Que pensez-vous de cet article ? Partagez autant que possible. L'info doit circuler.



Aidez Elishean à survivre. Merci


ELISHEAN 777 Communauté pour un Nouveau Monde

(Vu 102 fois, 1 visites aujourd'hui)

Laisser un commentaire

Bouton retour en haut de la page